D’ABRAHAM A J É S U S

thoraUn parcours d’initiation qui nous conduit en dix étapes d’Abraham jusqu’à Jésus. Bien sûr, cela ne peut être qu’un rapide survol de la Bible et des siècles. Mais ce dossier pourra aider un groupe qui commence à placer quelques points de repère dans cette longue histoire du peuple de Dieu.
Sans entrer ici dans les questions de dates – que l’on peut trouver à la fin de sa Bible dans le tableau chronologique – ces textes nous invitent à découvrir les grandes étapes de la révélation de Dieu et à suivre la marche du peuple d’Israël.

Le parcours commence avec Abraham : l’appel de Dieu et la réponse de l’homme, qui devient par son attitude et sa disponibilité le “père des croyants”. Telle sera notre première étape.
Alors que le peuple est esclave en Egypte, Dieu appelle Moïse; il se révèle à lui et l’envoie libérer ses frères. Cette deuxième étape prendra toute sa signification quand le Seigneur fera alliance avec le peuple libéré au mont Sinaï. (troisième étape)
Entré dans la Terre de la promesse, Israël va atteindre son sommet avec David. Nous consacrerons une étape au choix de David par le Seigneur et une autre à la promesse que Natân lui fait au nom de Dieu, promesse qui se trouve à la source de l’espérance messianique. (étape 4 et 5)

Dans cette révélation de Dieu, les prophètes jouent un rôle important. Dans la sixième étape nous ferons connaissance avec Isaïe : dans une situation critique de l’histoire du peuple, le prophète rappelle et actualise la promesse faite jadis à David. (étape 6)
Un siècle et demi plus tard, alors que tout semble perdu par la ruine de Jérusalem et du Temple, Jérémie annonce que la fidélité de Dieu est plus forte que le péché de l’homme; au-delà de la catastrophe qui frappe le peuple, Dieu annonce qu’il fera un jour une alliance nouvelle. (étape 7)

C’est avec Jésus que cette promesse de Jérémie trouvera sa réalisation et que la révélation de Dieu atteint sa plénitude. Nous lirons trois textes tirés des trois évangiles synoptiques. Le premier, dans l’évangile de Marc, nous parlera du début du ministère de Jésus (étape 8); le deuxième, tiré de saint Matthieu, nous conduira à la reconnaissance de Jésus comme Messie (étape 9); enfin dans l’évangile selon saint Luc, nous nous laisserons rencontrer par le Ressuscité qui chemine avec les deux hommes sur la route d’Emmaüs. (étape 10).

Puissions-nous à notre tour faire l’expérience qui a marqué les deux hommes sur la route d’Emmaüs : entendre Jésus nous parler de lui et nous introduire dans son mystère en parcourant tout l’Ancien Testament. Nous pourrons alors le reconnaître sur nos routes d’aujourd’hui.

La démarche proposée

Ce dossier est conçu avant tout pour un travail en groupe. Il comprend deux sortes de fiches :

– celles pour les participants donnant la référence des textes à étudier et quelques réflexions pour guider la lecture.

– celles pour l’animateur qui indiquent quelques pistes possibles, mais nullement limitatives. Elles voudraient aider les animateurs à tirer profit des explications données dans les notes de leur Bible (BJ et/ou TOB).

Il est peut-être bon de rappeler ici que le travail biblique est plus large que la démarche proposée dans ces fiches. Il comprend normalement trois temps successifs :

1) l’approche subjective du texte : même si ce n’est pas la première fois que l’on lit ce texte, il faudrait l’aborder avec un regard neuf, se laisser surprendre par le texte. Crayon en main, on pourrait noter ce qui me frappe, ce qui me heurte, ce qui me plaît dans ce passage de la Bible. Relever également ce qui fait difficulté (ce que je ne comprends pas) et ce que je découvre.

Il est bon de fixer par écrit ces premières réactions pour pouvoir y revenir éventuellement après avoir écouté le texte.

2) l’étude du texte : se mettre vraiment en situation de dialogue avec le texte, c’est-à-dire rechercher ce que ce texte dit, le message que l’auteur a voulu exprimer et qu’il a dit dans le langage de son époque.

Les questions proposées ne voudraient que conduire au texte et faire découvrir au lecteur (et au groupe) le message de ce passage biblique. Il est bien évident que la richesse d’un texte n’est pas épuisée par les quelques questions données et par les pistes suggérées ici à l’animateur. Mais peut-être permettront-elles d’amorcer la réflexion. Tel est en tout cas leur objectif.

3) L’appropriation : le texte qui a été écouté, étudié est la Parole de Dieu. Aussi après avoir cherché à comprendre ce que le texte dit, faut-il se demander ce que ce texte me (nous) dit ou, en d’autres mots, s’interroger sur le message que Dieu veut m’adresser aujourd’hui à travers ce texte.

Pour ce faire, il peut être utile de chercher à formuler avec nos mots, dans notre situation d’aujourd’hui, personnelle ou ecclésiale, la Parole que cette lecture et le partage avec le groupe nous a fait découvrir.
L’appropriation devrait conduire naturellement à la prière et à l’action.

1. – Gn 12, 1-9 : L’appel d’Abraham

A l’origine du peuple de Dieu, la Bible nous présente Abraham, cet homme que Dieu appelle et qui répond; cet homme qui engage sa vie sur la parole de Dieu et qui se met en route vers l’inconnu.
“Père des croyants”, Abraham est pour nous le modèle de l’homme qui écoute la Parole et la fait passer dans sa vie.

Le travail pourrait commencer par un échange sur Abraham (qui est cet homme ? que savons-nous de lui ? ) et sur sa foi (qu’est-ce que croire ? quelle différence faites-vous entre savoir et croire ? etc.)

1) Dans Gn 12, 1-5 qu’est-ce que le Seigneur demande à Abraham ? Pourquoi ? Quelle est la
réponse d’Abraham ?
2) Qu’est-ce qui est nouveau dans les versets 8-9 ?
3) Qu’est-ce que ce texte m’apprend sur Dieu ? Et sur l’attitude de l’homme face à Dieu et à sa
Parole ?

Question 1

 Dieu demande à Abraham de partir, de se mettre en route vers un pays inconnu (le pays que je te montrerai).
 Abraham doit se séparer de son clan, de ses sécurités humaines.
 le pourquoi de l’ordre de Dieu est donné dans les v. 2-3 : Dieu a un projet pour Abraham et, à travers lui, pour tous les clans de la terre.
 Abraham ne discute pas; il ne pose aucune question : il obéit à l’ordre de Dieu (v. 4).

Question 2

 Dans les v. 1-5 Dieu parlait à Abraham; maintenant il se fait voir (v. 7).
 Au v. 1 Dieu lui demandait de partir pour un pays inconnu; ici il désigne le pays (v.7) et le promet à sa postérité.
 Noter la réponse d’Abraham à la promesse de la terre : il bâtit un autel (v. 7-8) et ainsi il consacre une partie de cette terre au Seigneur.

Question 3

 Dieu parle; il apparaît, c-à-d. il entre en relation avec le patriarche; il se révèle à lui.
 Dieu promet (v. 2-3. 7) : remarquer l’emploi du futur dans ces verbes.
 En Abraham, nous trouvons l’attitude de l’homme qui accueille la Parole, qui obéit à cette Parole; qui accepte de se laisser déranger et mettre en marche.

Vers le Nouveau Testament

Lire Lc 1, 26-38 : comment la vocation de Marie et sa réponse complètent-elles ce que le “oui” d’Abraham avait permis de commencer ?

2. – Ex 3, 1-15 : L’appel de Moïse

“Abraham, notre père”, “Moïse, notre maître” disent les Juifs. Comme Abraham, Moïse est un personnage-clé de l’Ancien Testament. Son nom est lié à la sortie d’Egypte, élément fondateur d’Israël et de sa foi au Dieu qui se révèle dans l’histoire des hommes. La scène du Buisson est un des grands textes de la Bible.

1) Comment Dieu nous est-il présenté dans ces versets ? Relevez quelques traits qui vous paraissent
significatifs.
2) Qu’est-ce que ce passage nous apprend de Moïse : qui est-il ? Que fait-il ?
3) Quelle est la mission que Dieu donne ici à Moïse ? Quelle garantie lui promet-il pour cette
mission ?

Question 1

 Dieu a l’initiative; il intervient au milieu de l’activité de Moïse. Il voit la réaction de Moïse et la connaît (v. 3) comme il le connaît par son nom (v. 4).
 Le symbole du feu révèle l’aspect mystérieux de Dieu : attirant et insaisissable; de plus, c’est un feu qui brûle sans consumer le buisson (v. 2).
 Ce n’est pas un Dieu “nouveau” qui se révèle à lui : Ex 3, 6. 13. 15. 16.
 C’est un Dieu vivant qui voit, entend, connaît… (Ex 3, 7ss).
 C’est un Dieu qui est présent à la misère des opprimés : il prend fait et cause pour eux : “mon peuple” (v. 7).
 C’est un Dieu qui veut avoir besoin des hommes (v. 10).

Question 2

 Sur Moïse, voir le contexte immédiat : Ex 2
 Moïse est berger; devant la manifestation de la sainteté de Dieu (cf les notes de BJ et TOB sur Ex 3, 6); il est attiré et il a peur.
 Il ôte ses sandales et se voile la face (v. 5-6); cf. Jos 5, 15, cité en marge.
 Comme d’autres appelés de Dieu, Moïse se sent dépassé par la mission que Dieu lui confie et il voudrait se dérober : Ex 3, 13; cf. 4, 10; voir encore Jg 6, 15.

Question 3

 La mission de Moïse est de délivrer le peuple de la servitude pour l’amener au service de Dieu (v. 10. 12).
 Remarquer que cette mission reprend (en partie) ce que Moïse voulait faire en Ex 2, 11-15. Moïse, qui a fait l’expérience de son impuissance à libérer ses frères par sa seule force; désormais, c’est avec le Seigneur et en son nom qu’il accomplira cette mission.
 La garantie que Dieu lui donne : Je SUIS (SERAI) avec toi (v. 12); comparer ce passage avec Jg 6, 12-16; Jr 1, 8; Lc 1, 28. Dieu s’engage toujours avec celui qu’il appelle.

Vers le Nouveau Testament

Comparer cette vocation de Moïse avec Mt 4, 18-22 : pouvez-vous découvrir certaines constantes de l’action de Dieu ?

3. – Ex 19, 1-9 : Le Seigneur propose une alliance

“Lorsque tu auras fait sortir le peuple d’Egypte, vous servirez Dieu sur cette montagne” avait dit Dieu à Moïse (Ex 3, 12). Libéré de l’esclavage, le peuple est maintenant invité à entrer dans l’alliance que le Seigneur lui offre.

1) Qu’est-ce qu’une alliance pour vous ? Et pour la Bible ?
2) Qui sont les personnages qui interviennent dans ce récit ? Que font-ils ?
3) Expliquer plus particulièrement les v. 4-6 de ce passage.

Question 1

 Commencer par un échange sur la signification que nous donnons au mot “alliance” dans notre expérience quotidienne. Donner des exemples où ce mot est utilisé aujourd’hui et chercher à préciser ce qui est en jeu (partenaires, durée, but, etc.) quand nous parlons d’alliance.
 Pour les groupes nomades – auxquels appartenaient les ancêtres d’Israël – l’alliance est une réalité importante, vitale même. Faire alliance, c’est un moyen “artificiel” de créer entre deux groupes un type de relation que donne naturellement le fait d’avoir un même sang. En faisant alliance, des hommes deviennent “frères” et s’engagent à se traiter comme tels. Ces alliances étaient scellées par des rites (rite de sang, repas, échanges de cadeaux, etc.). La Bible nous donne plusieurs exemples de ces alliances entre hommes : Gn 21, 27; 26, 26; 1 S 18, 3…
 Pour l’alliance entre Dieu et les hommes : Ex 19, 1 et note de BJ; voir aussi la note de la TOB sur Ex 19, 5.

Question 2

 Moïse qui monte vers Dieu (v. 3. 8. 9), qui transmet au peuple les paroles de Dieu (v. 7); cf. Ex 19, 9 et 20, 18-21.
 Dieu (YHWH) appelle Moïse, le charge de proposer au peuple l’alliance; il s’est manifesté dans le passé (v.4) et il est présent dans la nuée (v. 9); cf. Ex 13, 22 +.
 Le peuple (maison de Jacob / enfants d’Israël ): le texte souligne l’unanimité du peuple dans sa réponse : le peuple tout entier… d’un commun accord… tout ce que le Seigneur a dit…

Question 3

 On pourrait commenter ces versets : vous avez vu ce que j’ai fait, maintenant si vous faites… , je ferai (encore bien plus).
 Ce que j’ai fait : la différence de traitement entre les Israélites et les Égyptiens : v. 4 ; cf. Ex 8, 19; 9, 6-7. 25-26; 10, 22-23… et surtout Ex 14, 13ss.
 Si vous faites : si vous écoutez ma voix (obéir à la Parole); c’est la condition de l’alliance, de l’amitié avec le Seigneur.
 Je ferai (encore beaucoup plus) : v. 5-6. Israël est choisi parmi tous les peuples qui appartiennent à Dieu; il est sa part de choix (Ex 19, 6 et les notes BJ et TOB).

Vers le Nouveau Testament

Lire Jn 15, 9-17 et comparer cette parole de Jésus avec le texte étudié.

4. – 1 S 16, 1-13 : Le choix de David

Israël est maintenant installé dans la terre de Canaan. Mais l’unité entre les tribus reste faible et les Philistins menacent l’indépendance des nouveaux arrivés. Après l’expérience malheureuse de Saül, le Seigneur choisit lui-même un roi pour son peuple.

1) Comment ce récit met-il en évidence que c’est Dieu qui a choisi David pour lui donner la
royauté ?
2) Quels sont les critères de ce choix de Dieu ? Que nous apprennent-ils ?
3) Comment comprenez-vous le don de l’Esprit ?

Question 1

 Relever tous les verbes dont Dieu (YHWH) est le sujet : c’est lui qui a rejeté Saül (v. 1) , qui a choisi un autre et qui envoie Samuel pour donner l’onction (v. 2), qui guide la démarche du prophète (v. 2ss) et qui lui désigne celui qu’il a choisi (v. 6ss).
 Noter comment ce récit met en évidence le choix de David, en faisant défiler avant lui tous les autres fils de Jessé; lui-même est absent (v. 11); enfin il est oint au milieu de ses frères (v. 12).

Question 2

 Noter l’opposition entre les v. 6 et 7.
 Comparer avec 1 S 9, 2 et 10, 23 (cités en marge par BJ) : pour le choix de Saül, la grandeur et la force semblaient être des éléments décisifs; cf. aussi la note de TOB sur le v. 6.
 Voir encore Jr 11, 20 + (cité en marge) et lire les références que la BJ donne sur ce texte de Jérémie.
 Sur l’expression “les reins et les coeurs”, cf. Gn 8, 21 + ou en TOB la note sur 1 S 16, 7.
 Remarquer que Dieu choisit le plus jeune : thème du cadet; cf. Gn 4, 5 +. Quelle signification voyez-vous en cela ?

Question 3

 Pour la notion de l’Esprit, voir Ez 36, 27 et la note de BJ sur ce verset.
 Suivez la référence à Jg 3, 10 +; ainsi David est relié aux “Juges”, les sauveurs que Dieu avaient choisis pour son peuple.
 Comparer avec 1 S 10, 6 (cité en marge) qui parle du don de l’Esprit à Saül. Ici David le reçoit immédiatement et de façon durable “à partir de ce jour-là et pour la suite”.

Vers le Nouveau Testament

Lire 1 Co 1, 26-30 : le cas de David n’est pas unique. Les choix du Seigneur sont souvent déroutants pour la raison humaine.

5. – 2 S 7, 1-17 : La promesse de Dieu à David

David se trouve au sommet de sa gloire : vainqueur des Philistins, reconnu comme roi par les tribus du Sud et par celles du Nord, il s’est emparé de Jérusalem et en a fait sa capitale politique. Il y a même introduit l’arche du Seigneur. Et pourtant le Seigneur lui promet encore davantage.

1) Quelle est l’intention de David ? Qu’en pense Natân ? Et le Seigneur ?
2) Comment comprendre le refus du Seigneur au projet de David ?
3) Quelle est l’importance de ce texte pour David et pour sa descendance ?

Question 1

 Sur l’intention de David (cf. v. 2) ; construire un temple fait partie des devoirs du roi; c’est aussi une manière de s’assurer de la présence (bénéfique) de la divinité à ses côtés.
 Sur la pensée de Natân : comparer les v. 3 et 5ss.
 Relever dans les v. 6-16 tout ce que Dieu a fait pour son peuple; c’est lui qui a eu – et qui a encore l’initiative : j’ai fait monter Israël… j’ai institué les juges… je t’ai pris…

Question 2

 Ce n’est pas David qui fera une maison (un Temple) pour Dieu; c’est Dieu qui fera une maison (une dynastie) pour David : cf la note de BJ ou celle de la TOB sur 2 S 7, 1 (sur le titre).
 Le Dieu d’Israël est le Dieu de l’Exode (v. 6-7; cf. Ex 40, 34-38, cité en marge); il n’est pas lié à un lieu.
 Sur l’existence d’un courant de pensée opposé au Temple, voir la note de BJ sur 2 S 7, 7 + ainsi que les textes cités dans cette note.

Question 3

 2 S 7 se trouve au centre du récit de l’histoire de David : la promesse que Dieu lui fait marque le sommet de son ascension. Contrairement à Saül élu (1 S 9-10), puis rejeté (1 S 15, 10ss), David voit son élection affermie (v. 9-11) et étendue à sa descendance (v. 12ss).
 Placé avant l’histoire de la succession (2 S 9 – 1 R 2) qui sera marquée par la faute et les faiblesses de David, l’oracle de Natân signifie l’engagement sans repentir de Dieu (v. 15-16).
 Ce texte a été relu au cours des siècles et il est devenu la base de l’espérance messianique (cf la note BJ sur 2 S 7, 1 + : voir spécialement la fin de cette note).
 Voir aussi 2 S 7, 14 et les notes de BJ et de TOB.

Vers le Nouveau Testament

Lire Mt 1, 1 et Jn 1, 14 : en partant de ces textes, réfléchir à la manière dont le Nouveau Testament voit la réalisation de la promesse faite par Dieu à David.

6. – Is 7, 10-17 : Le Seigneur donne un signe

Au temps du prophète Isaïe, devant le danger que représente la montée de l’Assyrie, les royaumes de Damas et d’Israël veulent faire front commun et ils voudraient entraîner Juda dans leur coalition (cf. Is 7, 1-2 et les notes de BJ et TOB). Au contraire, le prophète Isaïe demande au roi Achaz de se confier entièrement au Seigneur et il lui offre un gage de cette protection divine.

1) Comment comprendre le refus d’Achaz à ce que lui propose Isaïe ?
2) Quel est le signe que donnera le Seigneur ? Que signifie le nom de l’enfant dont la naissance est
annoncée ici ?
3) Qui est cet enfant ? Qui est sa mère ?

Question 1

 Mettre Dieu à l’épreuve (le tenter), notamment en exigeant de lui un miracle est une faute : Dt 6, 16 (cité en marge); voir aussi Ac 15, 10 et la note BJ.
 Mais ici, c’est Dieu qui invitait Achaz à lui demander un signe; Achaz refuse parce qu’il ne veut pas se confier entièrement au Seigneur, comme le lui demande le prophète : cf. la note TOB sur le v. 12.
 Noter le changement des possessifs : au v. 11 : “ton Dieu ”, mais – au v. 13 – après le refus du roi : “fatiguer mon Dieu “.

Question 2

 Dieu annonce la naissance d’un fils, qui sera l’héritier royal; voir les notes de BJ et TOB.
 Emmanuel = Dieu avec nous : cf. la note de BJ sur le v. 14.
 C’est un nom prophétique, cf. Is 1, 16 +, qui souligne la présence protectrice de Dieu pour le roi et pour le peuple.
 Ce nom donné à l’enfant n’est pas simplement une indication; c’est déjà le début de la réalisation de ce que le Seigneur fera malgré tout pour son peuple.

Question 3

 Pour la mère, voir la note BJ sur le v. 14; le mot hébreu signifie aussi bien “jeune femme” que “jeune fille”.
 La LXX a traduit ce mot hébreu par “parthenos” ( = vierge); ceci nous indique comment on comprenait ce passage d’Isaïe dans certains milieux juifs à l’époque de la traduction (3-2ème s. avant J-C).
 Les évangélistes continuent dans cette ligne et voient dans la naissance virginale de Jésus l’accomplissement de cet oracle.
 Pour l’enfant : voir la note sur le v. 14 ; Isaïe annonçait au roi la naissance d’un héritier; dans la situation critique où il se trouvait, c’était un gage de la protection divine pour la dynastie de David. Mais la promesse dépasse Ezéchias et Jésus la réalisera pleinement, lui qui sera le véritable “Dieu-avec-nous” : cf. Mt 1, 23.

Vers le Nouveau Testament

Relire Mt 1, 18-25 : Dieu réalise sa promesse bien au-delà de l’espérance des hommes; Cf. aussi Mt 28, 20.

7. – Jr 31, 31-34 : Une nouvelle alliance

“Si vous écoutez ma voix… je serai votre Dieu et vous serez mon peuple “ avait dit Dieu au Sinaï. Plus que personne Jérémie a pris conscience de l’impossibilité pour Israël de persévérer dans cette fidélité à Dieu. Mais au lieu de désespérer, confiant dans la fidélité de Dieu, il annonce pour l’avenir, une alliance nouvelle.

1) Que signifie “nouvelle alliance “ pour Jérémie ?
2) Qu’est-ce qui est véritablement nouveau dans l’alliance annoncée ?
3) Pourquoi Jérémie annonce-t-il une alliance nouvelle ?

Question 1

 Ce n’est plus un renouvellement d’alliance, comme l’avait fait le roi Josias au début du ministère de Jérémie : cf. 2 R 23, 3.
 Mais il s’agit bien toujours d’une alliance, c’est-à-dire du projet de Dieu de faire d’Israël son peuple.
 Mais c’est aussi une alliance nouvelle, différente de celle du Sinaï que le peuple a rompue à de nombreuses reprises par son infidélité.

Question 2

 Voir la note de BJ sur Jr 31, 31 +; lire en particulier ce qui est dit sur les trois points qui caractérisent la nouveauté de cette alliance.
 La première alliance était la révélation du Dieu qui libère son peuple de l’oppression; dans celle que Jérémie annonce, c’est Dieu qui pardonne à son peuple et lui permet ainsi de vivre l’alliance (v. 34).
 L’alliance du Sinaï engageait le peuple entier (cf. Jr 31, 29 +); la nouvelle alliance s’adresse à chacun personnellement; et elle est désormais ouverte à tous les hommes et non plus seulement à Israël.
 Au Sinaï, la Loi – indiquant la volonté de Dieu – était placée devant l’homme (sur les tables de pierre); désormais elle est inscrite dans le coeur de chacun et c’est l’Esprit de Dieu qui permet à l’homme de vivre l’alliance.

Question 3

 Jérémie a constaté l’échec de l’alliance du Sinaï (v. 32) et celle du renouvellement opéré par Josias (cf. Jr 31, 31 : début de la note BJ).
 Il a conscience qu’une réforme des structures ne suffit pas (cf. Jr 13, 23); il faut un changement du “coeur” de l’homme, ce que Dieu seul peut faire.
 Malgré son analyse lucide – et pessimiste – de la situation, Jérémie affirme sa confiance dans le dessein de Dieu : dans l’avenir (voici venir des jours…), Dieu fera du nouveau.

Vers le Nouveau Testament

La Nouvelle Alliance dont parlait Jérémie est accomplie en Jésus; nous y avons part si nous sommes “en Christ “comme le dit S. Paul. Lire 2 Co 5, 17-21.

8. – Mc 1, 1-15 : Le commencement de la Bonne Nouvelle

L’attente des prophètes touche à sa fin : avec la venue de Jean-Baptiste et surtout avec celle de Jésus, “le temps est accompli ! ”. Aussi Marc peut-il proclamer le “commencement de la Bonne Nouvelle “.

1) Comment ce texte nous parle-t-il de Jean-Baptiste ?
2) Qu’est-ce qui nous est dit de Jésus : aux v. 9-11 ? et aux v. 12-13 ?
3) Comment Jean-Baptiste est-il situé par rapport à Jésus ? Pourquoi ?

Question 1

 Jean-Baptiste est présenté par une citation de l’Ancien Testament (sur cette citation, voir la note TOB); il est le messager qui prépare le chemin du Seigneur.
 Jean est un baptiseur (voir la note TOB sur la fin du v. 4; en BJ la note se trouve sur Mt 3, 6 +).
 Jean nous est présenté en rapport avec Elie, la grande figure prophétique de l’Ancien Testament (cf. les notes de TOB et celles de BJ qui renvoie à Mt 3, 4 et aux références marginales sur ce texte).

Question 2

 Noter l’importance du v. 1 (cf. les notes BJ et TOB); sur la signification des titres donnés ici à Jésus (Christ et Fils de Dieu), voir les notes de la TOB.
 Sur les v. 9-11 : remarquer le contexte : Jésus de Nazareth, baptisé par Jean dans le Jourdain, proclamé par Dieu “Fils bien-aimé”. Sur toute cette scène, voir les notes de TOB, ainsi que les références marginales données en BJ.
 Sur la tentation : voir les notes de BJ et TOB sur le v. 12. Voir également la note de BJ sur Mt 4, 1 +. Comme Israël autrefois, Jésus fait l’expérience du désert, mais il demeure dans une totale fidélité à Dieu.

Question 3

 Jean-Baptiste précède chronologiquement Jésus, mais il reconnaît que “celui qui vient après lui “ est plus fort que lui : v. 7 et la note TOB.
 Jean baptise dans l’eau; Jésus baptisera dans l’Esprit Saint : v. 8 et note TOB.
 Jean proclame un baptême de repentir (v. 4); Jésus proclame l’Evangile de Dieu (v. 14-15 et les notes TOB sur ces versets).
 Avec Jésus “le temps est accompli “ : v. 15 et note BJ.

Aujourd’hui…

Comment entrons-nous dans la joie de Marc et dans celle des chrétiens pour qui cette page a d’abord été écrite ? Est-elle encore pour nous une Bonne Nouvelle ?

9. – Mt 16, 13-20 : “Pour vous, qui suis-je ? “

Cette question que Jésus pose au Douze qui l’ont suivi et la réponse donnée par Pierre en leur nom, forment la conclusion de la première partie de l’Evangile. Désormais Jésus peut commencer à révéler quel Messie il doit être pour accomplir le dessein de Dieu.

1) Comment comprendre les deux questions que pose Jésus (v. 13 et 15) ? Et les deux réponses
données ?
2) Comparer ce passage de Mt avec le parallèle de Mc : que constatez-vous ? Relevez dans ce texte
ce qui est commun à Mt et à Mc et ce qui est propre à Mt.
3) Expliquez les trois paroles de la réponse de Jésus en Mt (v. 17-18-19).

Question 1

 Les deux questions ne sont pas sur le même plan : ce que les gens pensent de Jésus (v. 13) et ce que les Douze ont découvert de lui, ce qu’il est pour eux (v. 15).
 Sur le “Fils de l’Homme “, voir la note en BJ et TOB sur Mt 8, 20.
 Sur l’opinion que les gens se font de Jésus (v. 14), voir les notes de BJ et TOB.
 A la deuxième question, Pierre répond au nom des Douze – comparer avec Mt 14, 28 + (cité en marge de BJ); sur la réponse (v. 16), voir les notes BJ et TOB.

Question 2

 Ce qui est commun à Mc et Mt : même lieu (Césarée), même double question de Jésus; la réponse des disciples à la première et de Pierre à la seconde; consigne du silence.
 Chez Mt comme chez Mc, la première annonce de la Passion suit cet épisode.
 Mais chez Mt, dans sa réponse (v. 16) Pierre ajoute “Fils du Dieu vivant “: voir les notes de BJ et TOB sur ce passage.
 Mt ajoute encore la déclaration de Jésus à Pierre (v. 17-19) ; noter le parallélisme : “Tu est le Christ… tu es Pierre…”

Question 3

 La première parole de Jésus est une béatitude : heureux… car… ; ce que Pierre vient de dire ne peut venir de lui seul; cela lui est donné : cf. les notes de BJ et TOB. Voir aussi Mt 11, 25-27.
 Au v. 18, Jésus donne à Pierre un nom nouveau (cf. notes) et par là, il lui confie une mission dans la communauté qu’il va fonder : voir les notes de BJ et TOB sur le mot “église” et la place de Pierre.
 Jésus, le Fils du Dieu vivant assure l’Église de sa victoire sur la mort, l’Hadès (voir notes dur ce mot).
 Le pouvoir des clés (v. 19) : cf. aussi Mt 18, 18. Voir la note de BJ sur Mt 16, 19; lire aussi Is 22, 22 et Ap 3, 7 (donnés en marge par BJ).

Aujourd’hui…

Et pour nous, qui est Jésus ? Quelle est notre réponse personnelle ? Pouvons-nous la partager avec d’autres ?

10. – Lc 24, 13-35 : Rencontrer aujourd’hui le Ressuscité.

Le merveilleux récit d’Emmaüs est bien davantage qu’une belle anecdote. Ce texte de Luc nous fait découvrir ce qui a permis aux premiers chrétiens de dépasser le scandale de la mort de Jésus. Il nous montre aussi comment nous pouvons aujourd’hui, sur nos chemins, rencontrer le Christ Ressuscité.

1) Quelle est la situation des deux disciples au début du récit ? Et à la fin ?
2) Comment le changement s’est-il produit ?
3) Qu’est-ce que ce texte nous apprend sur Jésus ? Comment pouvons-nous le rencontrer
aujourd’hui ?

Question 1

 Au début : deux hommes en marche vers Emmaüs, tournant le dos à Jérusalem (et à tout ce qui vient de s’y dérouler); ils parlent de leur expérience (14. 18ss); ils sont sombres (v. 17), déçus (v. 21).
 A la fin : les deux hommes de retour à Jérusalem, ouverts au message pascal (33-34) et partageant leur propre découverte.
 Les v. 13-24 donnent les événements de Pâques vus par un sympathisant; à partir du v. 25, ce sont les mêmes faits, mais éclairés par l’Ecriture et la parole de Jésus : voir la note TOB sur le v. 13.

Question 2

 Le changement se fait par la présence de Jésus (v. 15), par ses questions (v. 17 et 19) qui permettent aux disciples d’exprimer leur déception.
 Par la “leçon” donnée par Jésus (v. 25; cf. v. 32) : “il fallait…” : sur ce point, voir la note TOB sur le v. 27; voir aussi en BJ Lc 18, 31 + (cité en marge).
 Sur l’invitation à entrer et la “fraction du pain “ (v. 30; cf. v. 35) : voir la note TOB sur le v. 30 et celle de BJ sur le v. 35.
 Noter que le coeur qui devient brûlant (cf. v. 32) et les yeux qui s’ouvrent (v. 31 à comparer avec le v. 16).

Question 3

 Jésus de Nazareth, prophète puissant en oeuvres et en paroles – cf. Mt 16, 14 + – et le renvoi à Dt 18, 15. 18.
 Jésus livré, condamné à mort, crucifié (v. 20); noter qu’ils connaissent déjà tous les événements de Pâques (v. 22-23) mais sans y adhérer encore.
 Jésus, le Messie souffrant : cf. Lc 9, 22 + et 18, 31 +.
 Jésus qui rompt le pain : v. 30 et Lc 24, 35 +.
 C’est par l’écoute de la Parole (AT et NT) que les événements de Jésus prennent leur signification. Moïse et les prophètes et la parole de Jésus s’éclairent réciproquement.

Aujourd’hui…

La liturgie nous offre régulièrement ce contact avec l’AT et le NT : avons compris que seule une écoute attentive et persévérante de la Parole peut nous ouvrir les yeux sur le mystère de Jésus ?

D’ABRAHAM à JESUS II

thoraComme le premier parcours, d’Abraham à Jésus, celui-ci ne peut être qu’un survol rapide qui nous fait découvrir quelques étapes importantes de la révélation de Dieu qui culmine en Jésus.

Trois étapes sont consacrées aux grandes figures qui marquent l’histoire d’Israël : Abraham, le croyant (1), Moïse, le libérateur (2), David, confronté à la Parole de Dieu (3).

Trois autres études nous feront découvrir les Prophètes : Isaïe et l’espérance qu’il plaçait en Ezéchias (4), Jérémie et son destin douloureux (5), Ezéchiel et la promesse de l’Esprit (6).

Les quatre dernières étapes nous emmèneront dans les Évangiles : un petit récit de Mc, comparé avec ceux de Lc et de Mt (7), un passage du Sermon sur la montagne où Jésus révèle la justice nouvelle (8), un texte bien connu de Lc, mais toujours à redécouvrir (9) et enfin la première page de l’Evangile selon s. Jean (10).

Dix textes qui peuvent nous faire pressentir la richesse et la diversité de la Bible, mais également l’unité qui la traverse et qui nous conduit à Jésus.

1. – Gn 22, 1-19 : “Espérant contre toute espérance”

Après des années d’attente, Dieu a enfin donné à Abraham un fils de sa femme Sara (Gn 21,1-7). Or c’est ce fils, sur qui repose la promesse (Gn 17,19; 21,12), qu’il lui demande maintenant de sacrifier. Dieu semble vouloir ruiner toute possibilité d’accomplir ce qu’il a promis. Abraham n’est pas seulement atteint dans sa chair, mais dans sa foi : Dieu lui demande de s’en remettre totalement à sa Parole.

1) A votre avis, qui sont les deux personnages principaux de ce récit ?
2) Comparer Gn 22, 1-3 avec Gn 12, 1-4 : quelles constatations faites-vous ?
3) Quelle est la signification de ce récit ? Êtes-vous d’accord avec le titre que
lui donne la BJ ?

Question 1

• Les deux protagonistes sont Dieu et Abraham. Même si Dieu n’intervient qu’au début (v. 1-2) et à la fin de ce récit (v. 11ss), il est présent à tout le déroulement.
• C’est l’attitude d’Abraham à son égard qui est en jeu, à travers Isaac, le fils de la promesse que Dieu demande de sacrifier.

Question 2

• Noter le parallélisme entre les deux scènes : Dieu intervient sans prévenir; il donne un ordre sans explication, il exige un départ vers un lieu “que je t’indiquerai”. Dans les deux cas, Abraham obéit sans poser de question.
• Il est possible que l’auteur biblique ait recherché ce parallélisme pour faire de cette scène un nouveau départ dans la vie d’Abraham, la “vocation renouvelée” cf. Jr 15, 10-12. De fait, Gn 22 se terminera par le renouvellement de la promesse (Gn 22, 15-18).

Question 3

• Comme dans le livre de Job, le lecteur est averti dès le début qu’il s’agit d’une épreuve (v.1) pour voir ce qu’Abraham a dans son coeur (cf. Dt 8,2); elle se terminera à son avantage (v. 12); Abraham a la crainte de Dieu (au sens biblique du terme, non pas la peur de Dieu, mais la crainte de lui déplaire, de ne pas “être ajusté” à sa volonté.
• Le coeur du récit se trouve dans la réponse d’Abraham à son fils (v. 8) : Abraham accepte de s’en remettre totalement à Dieu.
• Ce texte ne cherche pas à nous faire entrer dans la psychologie d’Abraham; seuls les traits importants du récit sont appuyés : Abraham fait confiance à Dieu, même quand celui-ci semble se contredire. En comparant avec l’histoire de Jephté (Jg 11, 29-39), on remarquera aisément combien Gn 22 est centré sur la foi d’Abraham et non sur ses sentiments de père.
• Dans cette épreuve, Abraham découvre qu’il a su aimer Dieu jusqu’à lui sacrifier ce qu’il a de plus cher et, en même temps, il n’a jamais autant aimé son fils. En redescendant de la montagne, Abraham est devenu davantage père d’Isaac et père des croyants, de tous les hommes qui accepteront de miser entièrement leur existence sur la parole de Dieu.
• Comparer les différents titres de vos Bibles : comment les comprendre ?

2. – Ex 14, 5 – 31 : Le miracle de la Mer

Ce texte n’est pas un “reportage” de ce qui se serait passé : c’est un récit épique qui veut faire communier les générations postérieures à un événement important de l’histoire du peuple et à la foi qui a pris naissance dans cet événement. Le passage de la Mer est devenu pour Israël le fait qui condense toute l’histoire de la sortie d’Egypte, la révélation du Dieu Sauveur. Comme le dit le rituel juif de la Pâque : “En toute génération, chacun doit se considérer comme lui-même sorti d’Egypte .”

1) Quels faits indiquent dans ce récit que la situation d’Israël est désespérée ?
Comment s’exprime ici le désespoir du peuple ?
2) Quel est le rôle de Moïse ? Que dit-il ?
3) Pourquoi le peuple est-il sauvé à travers la Mer ? Que signifiait la mer pour
les Hébreux (voir Ap 21, 1 +) ?

Question 1

• Suivre le chemin du peuple en Ex 13, 17-18. 20, puis en 14, 1-3 : Israël se trouve dans le désert et en face de la mer.
• Lire Ex 14, 5-12 qui évoque la puissance de l’armée du Pharaon lancée à la poursuite d’Israël et qui le prend ainsi “en tenailles” : le peuple se trouve entre l’armée de Pharaon et la mer !
• Pour la réaction du peuple : voir 14, 10-12; c’est la peur et les murmures, cf les références marginales sur le v. 11.

Question 2

• Moïse guide le peuple; il obéit aux ordres de Dieu (14,1).
• Il invite et exhorte le peuple à croire dans le Seigneur (14, 13-14).
• Noter cependant le v. 15 ! Ce texte n’est pas d’une seule main : voir la note sur Ex 14,15 + (titre).
• Selon un des récits, c’est Moïse – qui sur l’ordre de Dieu – ouvre, puis ferme la mer : cf. 14, 16.21 et 26-27; voir la note de BJ sur Ex 14, 15.
• Noter aussi la reconnaissance de Moïse par les Israélites en Ex 14, 31.

Question 3

• Dans la situation évoquée (cf. supra question 1), le salut arrive du côté où on l’attendrait le moins : à travers la mer !
• La mer est pour la Bible le symbole du mal et des puissances hostiles à Dieu (cf. Jb 7, 12 +).
• Lire la note de BJ sur Ap 21, 1 +; elle nous présente le salut définitif comme une victoire décisive sur la mer (“et de mer, il n’y en a plus ”) ; c’est donc l’accomplissement total de la victoire de l’Exode.
• Dans notre récit, la victoire sur la mer exprime la puissance incomparable du Dieu d’Israël. Rien, pas même la Mer, n’a pu – et ne pourra – s’opposer à son dessein de salut : telle est la foi d’Israël.

3. – 2 S 12, 1-15 : David, un pécheur pardonné.

L’histoire de la succession de David (2 S 9 – 1 R 2) est un récit composé très peu après les événements; il veut montrer comment Salomon est l’héritier légitime de David, le porteur de la promesse (voir BJ et TOB sur 2 S 9, 1 +).
David, l’élu de Dieu, l’ancêtre du Messie reste néanmoins un pécheur. La faute de David, relatée en 2 S 11-12 devient ainsi l’occasion de souligner la fidélité de Dieu qui maintient son dessein de salut malgré la faiblesse et l’ingratitude des hommes; elle nous offre également en David l’exemple d’un homme confronté à la Parole de Dieu qui le juge et le sauve.

1) Que pensez-vous de l’intervention de Natân ? Quel est son but ? L’obtient-il ?
2) En 2 S 12, 7-10 relever tout ce que Dieu a fait pour David ; quelle est la faute de David ?
3) Qu’apporte à David le pardon de Dieu ? Que contient le jugement ? Pourquoi
la mort de l’enfant ?

Question 1

• Natân se sert d’une parabole; il veut amener David à juger objectivement le cas qu’il lui soumet : cf. des exemples analogues en 2 S 14, 4-17 (cité en marge) et Is 5, 1ss.
• David répond à son attente et condamne l’injustice faite au pauvre du récit, sans savoir encore que ce jugement retombe sur lui.

Question 2

• Je t’ai oint… je t’ai sauvé, je t’ai livré la maison de ton maître…
• Tu as méprisé le Seigneur… frappé par l’épée … pris sa femme…
• La faute de David est d’abord un mépris du Seigneur (v. 9-10) qui l’a élu; c’est ensuite une faute (injustice) à l’égard de Urie, à qui il a pris la vie et la femme .

Question 3

• A cause de l’aveu de sa faute, David ne mourra pas (v. 5 . 7 et 13).
• Mais la loi du talion : tu as frappé par l’épée… l’épée ne se détournera pas de ta maison; tu as pris la femme d’Urie… je prendrai tes femmes sous tes yeux. Comparer avec la suite de l’histoire de David : mort de ses fils, révolte d’Absalom…
• La mort de l’enfant (v.14) n’est pas la punition d’un innocent, mais celle de David : l’enfant qui t’est né mourra; cf. aussi v. 22; on trouverait un exemple comparable en 1 R 14, 1-18.

Vers le Nouveau Testament

Lire Rm 5, 6-11 et redécouvrir la grandeur du pardon qui nous est révélé par Jésus en le comparant avec celui de l’histoire de David.

4. – Is 9, 1-6“ : Un enfant nous est né ”

Refusant de se confier en Dieu, le roi Achaz a fait appel à l’Assyrie (cf. 2 R 16, 7-9), qui intervient, occupe la partie nord du royaume d’Israël (2 R 15,29) et soumet Samarie ( 2 R 17,3). Mais cette politique rend Achaz impopulaire et il doit associer au trône son fils Ezéchias : telle est probablement l’occasion de l’oracle d’Is 9, 1-6. Le prophète report sur l’enfant son espérance concernant la dynastie de David et il espère la libération des territoires d’Israël qui ont passé sous le joug assyrien (cf. Is 8,23 et notes de BJ et TOB).

1) Relever les différentes images qui expriment la délivrance attendue.
2) Quelle est la véritable cause de la joie dans cet oracle d’Isaïe ?
3) Comment comprendre les noms qui sont donnés ici à cet enfant ?

Question 1

• La lumière dans les ténèbres : v. 1 (cf. en BJ la note sur Jn 8, 12 +, spécialement le 2e. ; en TOB, la note sur v. 1). La moisson et la victoire (partage du butin) : v. 2.
• Le joug et le bâton brisés : v. 3; pour le “jour de Madian”, cf. Jg 7, 1 + ; cette victoire avait alors permis à Israël l’implantation dans le nord – les territoires maintenant occupés par les Assyriens; voir aussi la note TOB sur le mot “Madian”.
• L’équipement guerrier est détruit : v. 4 et notes de BJ et TOB.
• La “naissance” d’un enfant : v. 5.

Question 2

• Noter la progression de l’oracle : les deux premiers “car” introduisent une certaine joie (v. 3-4), mais la cause profonde de la joie est indiquée par le troisième “car” (v. 5) : l’enfant donné par le Seigneur.
• Plutôt que de naissance, il s’agit ici de l’accession au trône : cf. note TOB sur Is 9,5; cf. aussi 2 S 7, 12-16, cité en marge : l’avènement de ce roi est un accomplissement de la promesse faite autrefois (cf. 2 S 7) à David.

Question 3

• Ce sont les noms données lors de l’intronisation; ils sont le gage d’un destin glorieux : cf Ps 2, 7 où le roi est proclamé “fils de Dieu”; voir les cinq notes de TOB sur Is 9,5.
• Le pouvoir sur ses épaules… : allusion au manteau royal, symbole de pouvoir.
• Ce que l’on attend d’un roi idéal : la sagesse dans le gouvernement, la force-audace à la guerre; qu’il soit un père pour son peuple (cf. 2 S 24, 17), à qui il assure la “paix”, c-à-d. tout ce qui permet une vie heureuse et libre.
• Voir les notes TOB sur ces différents titres donnés à l’enfant.

Vers le Nouveau Testament

Lire Mt 4, 13-16 : pour l’évangéliste, ce temps de “paix” est inauguré par la prédication de Jésus, que Dieu vient de proclamer “son Fils” (Mt 3,17).

5. – Jr 20, 7 – 18 : “Je me suis laissé séduire… “

Il n’a jamais été facile d’être prophète, mais cette mission fut particulièrement difficile pour Jérémie en raison de son tempérament et des circonstances historiques dans lesquelles elle s’est déroulée.
Son ministère ne lui rapporte que mépris, quand ce ne sont pas des coups (cf. Jr 20, 1-2). Jérémie est accablé; il voudrait renoncer. Mais il a été séduit par Dieu et il comprend qu’il ne pourra lui résister.

1) Quels sont les reproches que Jérémie adresse à Dieu (v. 7-9) ?
2) Quel “visage” de Dieu découvrons-nous dans ce texte de Jérémie ?
3) Que penser de l’attitude de Jérémie dans les v. 11-13 ? et dans les v. 14-18 ?

Question 1

• Dieu l’a séduit, maîtrisé; il s’est montré le plus fort : 20, 7 et la note.
• La Parole de Dieu est devenue pour lui source de moquerie, d’opprobre : comparer avec Jr 15,16 et expliquer.
• La Parole de Dieu le brûle comme un feu; il doit parler malgré lui : cf. Am 3,8.

Question 2

• Relever toutes les expressions qui se rapportent à Dieu et chercher à les classer.
• Le Seigneur a été plus fort que Jérémie (v.7), mais il est aussi plus fort que ses adversaires (v.11). Jérémie ressent l’exigence de Dieu, mais il est sûr également que le Seigneur lui rendra justice.

Question 3

• Noter les sentiments de Jérémie : sa confiance totale en Dieu (v. 11-13), mais aussi les moments où il n’en peut plus (v. 14-18)
• Quel éclairage apporte ici Jr 11,20 + (cité en marge) ? Cf. aussi les citations marginales sur Jr 11, 20, et en particulier Jr 17, 10 et Sg 1, 6 +.
• Voir encore Ps 7, 10 (lire la note sur le titre du Ps ).
• Le sentiment de vengeance doit se comprendre dans la situation de Jérémie – à son époque, il n’y a pas encore d’espérance de résurrection – . Pour lui, la justice de Dieu doit se manifester durant sa vie, ou alors, elle n’existe pas !
• Lire la note de BJ sur Jr 20, 13 +.
• Sur les v. 14-18, voir la note BJ sur le v. 14.

Vers le Nouveau Testament

Lire Mt 10, 17-22 : être témoin de la Parole n’était pas facile au temps de Jérémie, ni au temps de Matthieu : qu’en est-il aujourd’hui ?

6. – Ez 36, 16-38 : “… je mettrai en vous un esprit nouveau…”

On situe généralement cette page d’Ezéchiel après 587 : le malheur s’est abattu sur Jérusalem, le peuple est en exil à Babylone. Pourtant le prophète est sûr : Dieu n’a pas dit son dernier mot. Malgré le péché d’Israël, le Seigneur reste fidèle et il va encore prendre soin de son peuple.

1) Lire Ez 36, 16-38 et suivre le développement de la pensée du prophète.
2) Travailler sur les v. 22-32 : pourquoi le Seigneur va-t-il agir ? Que va-t-il faire ?
3) Que nous apportent en plus les v. 25-27 ? Y voyez-vous une progression ?

Question 1

• En Ez 36, 16-21, Dieu s’adresse au prophète; il parle du péché d’Israël (v. 17) et de ses conséquences pour le peuple (v. 18-19), mais aussi pour son “saint Nom” (v. 20-21). En Ez 36, 22-38, par trois fois la formule “ainsi parle le Seigneur “ (v. 22. 33. 37) introduit un oracle.
• Noter la longueur du premier oracle (v. 22-32) et l’inclusion (v. 22 et 32).
• Les deux derniers oracles complètent les promesses de renouveau : lire notes TOB sur les versets 35 et 38.

Question 2

• Dieu agit à cause de la sainteté de son Nom (voir en BJ la note sur 1 R 8, 16; en TOB, cf. Am 2, 7). Réfléchir sur l’expression sanctifier / profaner le Nom . Qui est le sujet de ces verbes ?
• Comment comprendre le v. 23b (cf. aussi v. 36). Voir la note TOB sur 36, 20. Comparer avec Ex 14, 4. 18.
• L’exil et la dispersion d’Israël “profanent” le Nom du Seigneur; au contraire, le retour, le rassemblement sur la terre (v. 24), et la prospérité du peuple (v. 28-30; cf. note TOB sur le v. 29), témoigneront de la sainteté du Nom du Seigneur.

Question 3

• La profanation du Nom du Seigneur est la conséquence du péché du peuple (v. 17-18); le rétablissement de sa sainteté ne peut se faire que par le retour d’Israël dans sa terre (v. 24). Mais il faut aussi que Dieu purifie son peuple (v. 25); dans les rites de purification, l’eau joue un rôle important (la TOB donne en marge les références à Ez 47, 1 et à Nb 19, 9).
• Cependant pour Ezéchiel, il faut plus qu’un rite extérieur (eau); il faut un changement “radical” : Dieu doit re-faire l’homme (cf. Ez 11, 19 et les références données en marge; cf. aussi Jr 4, 4 +); c’est d’une re-création qu’il s’agit.
• “coeur nouveau “, “esprit nouveau “: ici les deux mots sont utilisés dans un parallélisme pour signifier l’homme renouvelé intérieurement.
• Ez 36, 27 apporte un élément supplémentaire : mon Esprit : voir la note de BJ et plus spécialement la deuxième partie de cette note.

Vers le Nouveau Testament : Lire Rm 8, 14-16. C’est dans le Christ que la promesse d’Ezéchiel trouvera son accomplissement.

7. – Mc 1, 29 – 31 et // : La guérison de la belle-mère de Simon

Ce n’est sûrement pas le miracle de Jésus le plus sensationnel. La tradition évangélique l’a pourtant retenu. Et ce petit récit est un merveilleux exemple de la richesse d’une lecture synoptique des Évangiles..

1) Lire le texte de Mc et le situer dans son contexte. Qu’est-ce que ce texte peut nous apprendre sur
Jésus ?
2) Comparer le texte de Mc avec celui de Lc : quelles ressemblances et quelles différences pouvez-
vous relever ?
3) Lire le texte de Mt : quelle image de Jésus Mt nous donne-t-il ?

Question 1

• Ce récit fait partie de la “journée de Capharnaüm” (cf. la note TOB sur Mc 1, 40) où Mc présente une journée-type du ministère de Jésus.
• Le lecteur de Mc ne sait encore que peu de choses sur Jésus : baptisé par Jean-Baptiste (Mc 1, 9 et note TOB), Jésus a passé 40 jours au désert (v. 12-13), puis a commencé son ministère (v. 14-15). Au bord de la mer, il a appelé quatre pêcheurs (1, 16-20). Avec eux, il est entré à Capharnaüm où il a enseigné et chassé un démon.
• Sortant de la synagogue, il va chez Simon et guérit sa belle-mère (v. 29-31).
• Le soir venu, autres guérisons (v. 32 et note TOB), puis le matin, Jésus prie seul à l’écart (v. 33) avant de continuer sa mission (v. 38-39).
• Jésus – entouré de ses 4 compagnons – nous apparaît comme quelqu’un qui enseigne avec autorité (v. 27), qui a pouvoir de guérir. Mais qui est-il ?

Question 2

• Le contexte est le même que chez Mc : Lc 1, 31 – 44), mais chez Lc Jésus est seul : cf. la note TOB sur Lc 5, 1 (titre).
• Chez Lc, la femme est en proie à la fièvre; Jésus ne touche pas la malade, mais il menace la fièvre (v. 39 et note TOB) et la femme délivrée se met à les (?) servir.
• Lc nous présente Jésus comme celui qui vient libérer l’homme (cf. Ac 10, 38), le Sauveur, que les anges avaient annoncé aux bergers (2, 11 et note TOB).

Question 3

• Le texte de Mt est beaucoup plus court que ceux de Mc et Lc; le regard de l’évangéliste se concentre sur Jésus, tout le reste disparaît. Noter aussi le contexte différent : un groupement de miracles : Mt 8 -9.
• Jésus est à l’intérieur de la maison de Pierre : sans l’intervention de personne, il voit, il touche la femme malade; elle se lève et elle le sert : lire la note de TOB sur v. 15.
• Mt donne une image hiératique de Jésus (cf. une icone : les yeux ouverts, la main qui bénit); personne n’intervient auprès de lui; c’est lui qui a l’initiative.
• La BJ nous donne en marge Mt 9, 25 : pourquoi ce renvoi ? Reprendre la fin de la note TOB sur Mt 8, 15. Dans cette perspective, “servir Jésus” (Mt 8, 15) pourrait signifier autre chose que dans les récits parallèles de Mc et Lc !

8. – Mt 5, 38 – 48 : … et moi, je vous dis…

L’Evangile de Mt suit le même déroulement que de celui de Mc : le baptême de Jean-Baptiste, le ministère en Galilée, la montée vers Jérusalem et la passion. Mais l’Evangéliste entrecoupe son récit par cinq grands discours de Jésus.

1) Situer notre passage dans l’Evangile de Mt. Que contient ce texte ?
2) Travailler sur les v. 38-42; puis sur les v. 43-48.
3) Quelle image de Jésus l’Evangéliste veut-il nous donner ?

Question 1

• Notre texte fait partie du premier grand discours, le Sermon sur la montagne (Mt 5 – 7) : voir les notes de BJ et TOB sur Mt 5, 1.
• Plus précisément, ces versets appartiennent à l’ensemble des 6 antithèses qui forment le premier des grands développements sur la justice nouvelle qu’annonce Jésus : Mt 5, 17-48 et la note BJ sur 5, 17.
• Les 6 antithèses (Mt 5, 21-48) sont construites de la même manière : vous avez appris qu’il a été dit aux anciens… moi, je vous dis… ; ces formules sont suivies de quelques exemples (habituellement en “tu”).
• Jésus vient “accomplir” la Loi, c’est-à-dire lui conférer sa perfection.
• Les versets étudiés donnent la 5e (v. 38-42) et la 6e (v. 43-44) antithèses, ainsi que la conclusion de l’ensemble des antithèses (v. 45-48).

Question 2

• Dans la 5e antithèse, Jésus “accomplit” la toi du talion; sur cette loi du talion, lire la note BJ en Ex 21, 24 +; comparer avec le chant de Lamek en Gn 4, 23-24. Cf. encore la question 3 dans l’étude sur 2 S 12, 1-15 (supra p. 3).
• Sur ce que demande ici Jésus, lire les notes BJ et TOB sur v. 39.
• Pour les exemples proposés, cf. les notes BJ et TOB.
• La 6e antithèse traite de l’amour de l’ennemi; sur le v. 43, voir les notes de BJ et TOB.
• Pour éclairer ce que propose Jésus, voir les références marginales qui renvoient à Lc 23, 34 et à Rm 12, 20.

Question 3

• En présentant Jésus sur la montagne, assis, enseignant les disciples (Mt 5, 1-2), Mt nous montre Jésus comme un nouveau Moïse, comme celui qui vient donner l’interprétation définitive de la Loi.
• Dans les antithèses, Mt oppose l’interprétation juive traditionnelle (cf. 5, 21 et notes BJ et TOB) à l’interprétation renouvelée par la parole et l’exemple de Jésus.
• Les v. 45-48 expriment la motivation profonde de ce changement : il s’agit d’imiter Dieu, comme un fils imite son père.
• Pour la perfection dont parle Mt 5, 48 : voir la note TOB; cf. aussi en BJ la référence marginale à Lv 19, 2 + – qui nous renvoie encore à Lv 11, 44-45 et aux textes cités en marge de ce dernier texte.

9. – Lc 10, 25 – 42 : “Va et, toi aussi, fais de même !”

Dans son Évangile Lc donne une place très importante à “la montée vers Jérusalem”. Suivre Jésus sur ce chemin devient pour lui comme une définition de la vie du chrétien. C’est sur ce chemin que Jésus forme ses disciples.

1) Situer ce texte de Lc. Que contient notre passage ?
2) Quelle est la question du légiste ? Comment Jésus lui répond-il ? Sur quoi insiste-t-il ?
3) Dans les v. 29-37 que demande le légiste ? Que répond Jésus ? Quel enseignement donne-t-il ?
Qu’apportent en plus les v. 38-42 ?

Question 1

• C’est “la montée vers Jérusalem” : lire les notes de BJ et TOB sur Lc 9, 51.
• Après la mission des 72 disciples (Lc 10, 1-24), notre passage forme une autre unité, introduite par la question du légiste (10, 25-28); cf. note TOB sur le titre.
• La parabole du Samaritain (v. 29-37) et l’épisode de Marthe et Marie (v. 38-42) complètent le développement. Avec Lc 11, 1ss., commence un autre enseignement de Jésus (sur la prière).
• De ce passage de Lc, seuls les versets 25-28 trouvent un parallèle en Mt et Mc; tout le reste est propre à Lc.

Question 2

• Comparer la question du légiste en Lc avec celle posée en Mc 12, 28; la tradition juive parlait de 613 commandements contenus dans la Loi, d’où la question, en Mc-Mt, sur ce qui peut être prioritaire. Pour le sens de la question posée par le légiste en Lc, voir la note TOB sur la fin du v. 25.
• Noter qu’en Lc, Jésus répond à la question du légiste par une autre question (cf. note TOB sur v. 26).
• Le légiste, dans sa réponse, réunit deux passages différents de la Loi (Dt 6, 5 et Lv 19, 19); cf. notes TOB sur le v. 27, spécialement la fin de la seconde note; cf. aussi TOB sur Mt 22, 35.
• Remarquer l’insistance sur le “faire” et “avoir la vie” : v. 25 et 28.

Question 3

• Pour la question du légiste, lire note TOB sur v. 29 : il demande à Jésus s’il doit élargir sa solidarité au-delà de son peuple. Comme précédemment, Jésus va renvoyer la question. Mais d’abord, par la parabole (v. 30-35), il fait sortir son interlocuteur de son problème immédiat.
• Devant cet homme à moitié mort, il y a 2 attitudes possibles : voir et passer outre (v. 31 et 32) ou alors, voir, être pris de pitié et s’approcher (v. 33-35).
• A la lumière de la parabole, Jésus peut maintenant retourner la question (v. 36); mais noter la différence entre la question du v. 29 et celle de Jésus : v. 36 et note TOB.
• Noter encore ici la même insistance sur le “faire” : v. 37 et note TOB.
• La parabole du Samaritain illustre la deuxième partie de Lc 10, 27; l’épisode de Marthe et Marie nous dit comment donner à Dieu la place qui lui revient : cf. 10, 27a; voir sur ce point la note TOB sur 10, 38 (titre)

10. – Jn 1, 19 – 2, 12 : “… au milieu de vous … celui que vous ne connaissez pas.”

Lire le Quatrième Évangile, c’est entrer dans un monde différent de celui des Synoptiques. Malgré un langage simple, pauvre même, l’Evangéliste nous fait pénétrer dans le mystère de Jésus qu’il a longuement médité.

1) Comment cette page de l’Evangile est-elle construite ? Que contient-elle ?
2) Qu’est-ce que les v. 19-51 nous apprennent sur Jean-Baptiste, sur Jésus et sur
ses premiers disciples ?
3) Que signifie l’épisode de Cana ?

Question 1

• Faisant suite au prologue (Jn 1, 1-18), cette page est le commencement de l’Evangile qui s’ouvre – comme chez Mc – par le baptême de Jean.
• Nous trouvons d’abord le témoignage de Jean-Baptiste sur lui-même (v. 19-28), puis celui sur Jésus qui passe (v. 29-34); vient ensuite la rencontre des premiers disciples avec Jésus (v. 35-51) et enfin l’épisode de Cana (2, 1-12)
• Noter la répétition : “le lendemain” qui donne ainsi 4 journées (v. 19-28; 29-34; 35-42; 43-51) suivies de Jn 2, 1 “le troisième jour”. Cf.les notes BJ et TOB sur 2, 1.
• L’ensemble de la “semaine” atteint son sommet en Jn 2, 11 : le commencement des “signes”, la manifestation de la gloire de Jésus et la foi des disciples.

Question 2

• Jn ne parle pas de Jean-Baptiste, mais seulement de Jean, qui est présenté uniquement en relation à Jésus, à qui il rend témoignage : cf. Jn 1, 15 et note TOB.
• Le témoignage de Jean sur lui-même est double : ce qu’il n’est pas (v. 19-21 et notes sur ces versets) et ce qu’il est : la voix dans le désert; quelqu’un qui baptise dans l’eau (v. 23-27); il annonce un autre plus grand que lui (v. 27).
• Jésus est celui qui enlève le péché du monde (voir les notes), sur qui Jean a vu l’Esprit descendre et demeurer ; celui qui baptisera dans l’Esprit Saint. Noter encore le titre Fils de l’Homme, : v. 51 et notes TOB et BJ.
• Les premiers disciples viennent vers Jésus sur la parole de Jean, mais la rencontre avec Jésus est décisive (venir voir, demeurer : v. 39); ils reconnaissent en lui le Messie (v. 41), celui dont il est écrit dans la Loi et les Prophètes (v. 45), le Fils de Dieu, le roi d’Israël (v. 49).
• Noter l’importance des relations humaines : son frère (v. 40-41), quelqu’un de son village (v. 42-43).

Question 3

• L’épisode de Cana conclut la première “semaine” (Jn 2, 1 et notes BJ et TOB); on trouvera une autre “semaine” à la fin du ministère de Jésus : Jn 12, 1 et note BJ.
• Jn nous montre Jésus à une noce : sur ce thème, cf. Jn 3, 29 et notes BJ et TOB.
• Noter la place donnée à la “mère de Jésus” (v. 1. 3. 5. 12); cf. la note BJ sur 2, 1; elle n’apparaît qu’ici et en Jn 19, 25. Cf. encore l’ “l’Heure”: 2, 4 et notes BJ et TOB.
• Remarquer le v. 3 : “ils n’ont pas de vin”: c’est avec Jésus que le vin de la joie messianique est donné et, en abondance! Cana est ainsi le commencement des “signes” (2, 11 et notes BJ et TOB) et de la foi des disciples.

LES ANCETRES DE JÉSUS I

suite

Pour le bon usage de ces fiches

Leur but : Lors des sessions, il est possible de réunir les animateurs de groupes avant chacune des étapes et de leur donner de vive voix un certain nombre de renseignements, de répondre aux questions qu’ils se sont posées, de suggérer des manière de travail le texte.

Le but de ces fiches est de remplacer, au mieux, ce temps de préparation. Elles voudraient aider ceux et celles qui sont familiarisées avec la méthode que nous utilisons, mais qui ne disposent bien souvent que d’un temps limité pour préparer les étapes du travail de groupe, et qui pour cette raison ne se sentent pas assez sûrs pour le faire sans une aide extérieure.

Mais il reste bien entendu que seule la lecture du texte, des introductions et des notes, permettra de guider efficacement un groupe. Ces fiches visent à faciliter le travail personnel, non à le remplacer.

Leur emploi : Telles qu’elles ont été pensées, ces fiches devraient servir avant tout à l’animateur du groupe. Il me semble préférable de demander aux autres participants du travail de groupe de se restreindre à lire le texte prévu pour l’étape et d’y réfléchir en s’aidant du questionnaire.
Le contenu de ces fiches, – au moins avant le travail de groupe – risquerait d’empêcher les participants de lire le texte et d’orienter trop directement leurs réponses, rendant ainsi le travail en groupe plus ou moins inutile, et en tout cas moins riche.

Le cheminement indiqué pour chaque étape est une possibilité : aussi l’animateur veillera à ne pas écarter les autres pistes intéressantes que les participants apporteront – même lorsqu’elles s’écartent notablement de celles proposées ici – pourvu qu’elles puissent se justifier à partir du texte.

Selon notre méthode, nous essayons d’utiliser pour la lecture des textes uniquement une bonne édition de la Bible, avec des introductions et des notes, comme la BJ ou la TOB. On remarquera que ces éditions ne s’accordent pas toujours entre elles : rappel utile du caractère encore incomplet de la recherche, qui nous invite à faire preuve de sens critique et de nuances.
Dans ces fiches, nous utilisons le signe + à la suite d’une citation d’un verset, comme le fait la BJ pour signaler la présence d’une note intéressante sur ce passage; nous le faisons même quelques fois lorsqu’il ne s’agit pas de note-clé, au sens où l’entend la BJ.

Pour la prière, nous présentons simplement quelques suggestions. Ici plus encore que pour la recherche biblique, c’est au groupe qu’il appartient de trouver la manière dont il prolongera dans la prière l’étude du texte biblique. Nous pensons pourtant qu’il faut veiller à tirer , si possible, cette prière du texte qui vient d’être étudié et partagé ensemble par le groupe.

CE DOSSIER COMPREND :

– une série de fiches à l’usage de l’animateur du groupe (marquées : Animateur);
– des feuilles ne contenant que la liste des étapes avec une brève introduction et les questions pour les participants; il serait utile d’en polycopier un exemplaire pour chaque participant.

INTRODUCTION

L’Ancien Testament est l’histoire de Dieu à la recherche de l’homme; il est aussi le témoignage de la recherche de Dieu par les hommes, plus exactement par le peuple d’Israël, élu providentiellement parmi les autres peuples pour préparer cette rencontre inouïe qui se réalisera un jour en Jésus de Nazareth.

Lire l’Ancien Testament, le méditer, c’est découvrir comment au cours des siècles, Dieu s’est progressivement révélé aux hommes. C’est se laisser émerveiller par cette lente pédagogie divine, qui partant des hommes tels qu’ils sont, avec leurs qualités et leurs limites, les appelle peu à peu à le connaître et à la rencontrer d’une manière de plus en plus personnelle. C’est admire la longue patience de Dieu, prenant du temps – des siècles – pour préparer ce peuple qui sera le porteur de son Fils.

Lire l’Ancien Testament, c’est aussi faire connaissance avec des hommes qui ont découvert dans leur vie le visage de ce Dieu qui les interpellait et qui lui ont donné une réponse; c’est faire connaissance avec ces grandes figures qui jalonnent l’histoire de Dieu avec les hommes et qui conservent pour nous le souvenir des principales étapes de ce chemin.

Avec Jésus, les deux démarches pourront enfin se rejoindre. En lui, les deux trouvent leur aboutissement et leur unification. Car, d’une part, en Jésus, Dieu nous a manifesté toute l’étendue de son amour pour nous; en lui il nous a tout donné et il a révélé toute la puissance de son salut. Mais d’autre part, en Jésus nous reconnaissons le parfait modèle de l’homme devant Dieu, dans l’obéissance parfaite à sa volonté et la réponse totale à son amour.

Les grands personnages de l’Ancien Testament que nous nous proposons d’étudier sont les ancêtres de Jésus et ils sont pour nous des exemples et des leçons. Comme l’a écrit H. DUESBERG, “ils sont des ébauches; leur perfection ne consiste pas à reproduire le modèle, mais à le faire pressentir”.

En étudiant les textes de la Bible qui nous parlent d’Abraham, de Moïse, de David et des autres grandes figures de l’Ancienne Alliance, nous pressentons dans leur comportement certains traits qui ébauchent déjà pour nous le portrait de Jésus.

LES ANCETRES DE JÉSUS

A B R A H A M

Pour la Bible, c’est avec Abraham que le dialogue s’est ouvert ; c’est avec lui que l’histoire de Dieu avec les hommes a commencé ce long chemin qui mènera un jour jusqu’à Jésus (cf. Mt 1,1).

Un berger parmi tant d’autres, appartenant à un clan entre tant d’autres, a été choisi par le Seigneur pour accueillir la bénédiction divine, pour être à l’origine de tous ceux qui croiront à ce Dieu qui vient jusqu’à l’homme.

On situe habituellement Abraham vers 1800 avant Jésus-Christ, mais il serait bien hasardeux de vouloir reconstituer l’histoire de cet homme et de sa vocation. Les indications que la Bible nous donne n’ont été mises par écrit que bien des siècles après les événements et les préoccupations des auteurs bibliques étaient, sans doute, assez éloignées de celles d’un historien moderne.

Ce qui ne signifie nullement qu’Abraham nous apparaisse comme un personnage de légende : son nom, ses moeurs sont ceux d’un homme du deuxième millénaire avec notre ère. Son départ de Mésopotamie et sa migration vers le pays qui deviendra bien plus tard la Palestine pourraient s’insérer dans les important mouvements de populations que le Proche-Orient a connus à cette époque.

Mais la Bible, Parole inspirée par Dieu, ne se contente pas de ce regard de l’historien. Elle nous invite à découvrir dans ces événements la présence de Dieu à la recherche de l’homme; elle nous présente Abraham comme le “Père des croyants”, le modèle de tout homme qui s’ouvre à la Parole de Dieu et se met en route.

Nous lirons d’abord trois textes de la Genèse qui nous présentent Abraham comme un modèle de foi : nous partirons pour cela de la note de BJ sur Gn 12,1 +.
Nous prendrons ensuite trois autres textes où la Bible nous fait découvrir le patriarche dans ses rapports avec d’autres hommes.

1 La vocation d’Abraham : Gn 12, 1 – 9
2 La foi à l’épreuve du temps : Gn 15, 1-18
3. “Espérant contre toute espérance” : Gn 22, 1-19
4. La magnanimité d’Abraham : Gn 13, 1-18
5. L’hospitalité d’Abraham : Gn 18, 1-15
6. L’intercession d’Abraham : Gn 18, 16-31

1.- La vocation d’Abraham : Gn 12, 1-9

La foi ne peut être qu’une réponse de la part de l’homme; celui qui a l’initiative, c’est Dieu. Croire, c’est accepter de se laisser déranger, de se laisser arracher à ses enracinements naturels pour se mettre en route vers l’inattendu, vers l’inconnu, sous le regard de Dieu.
Telle est l’expérience d’Abraham que la Bible nous présente comme le “Père des croyants”, le modèle de tout d’homme qui s’ouvre à la Parole de Dieu, qui l’écoute et qui lui obéit.

1) Dans ce petit récit, le Seigneur est sujet de deux verbes : y voyez-vous une progression ?
Où sont situées ces interventions de Dieu ?
2) Comment Abraham répond-il à ces interventions du Seigneur ?
3) Comment est exprimée ici l’exigence de l’appel ?

Question 1

En Gn 12,1 : le Seigneur parle à Abraham (cf 12,4); en 12,7 : le Seigneur se fait voir, cf. : “au Seigneur qui lui était apparu”).
Dieu se fait connaître davantage à Abraham qui lui a obéi et qui s’est mis en route.
Dieu parle à Abraham à Harran (cf. Gn 11,22); il lui apparaît en Canaan, dans le pays qui est celui de la promesse et qui sera celui de l’Incarnation.

Question 2

La sobriété du texte souligne l’obéissance d’Abraham; il ne pose pas de question : Dieu dit (12,1) … Abraham partit comme le Seigneur lui avait dit , (12,4).
Au Dieu qui lui promet cette terre pour sa descendance (12,7), le patriarche répond en bâtissant un autel : par ce rite, Abraham commence à faire de ce pays la Terre sainte.

Question 3

Le premier mot de Dieu à Abraham est celui d’une rupture radicale (cf. BJ 12, 1 + : “rompant toutes attaches terrestres, Abraham part pour un pays inconnu…”.
Pour créer avec un homme quelque chose de nouveau, Dieu a besoin d’un homme qui est prêt à laisser son passé derrière lui.
La fidélité d’Abraham à l’exigence de Dieu est source de bénédiction pour lui, mais aussi pour“toutes les nations de la terre” (12,2-3) : par la réponse d’Abraham commence le rassemblement de tous les enfants de Dieu (cf. Jn 11,52).

Vers le Nouveau Testament

Lire Lc 1, 26-38 et chercher comment la vocation de Marie et sa réponse complètent ce que le “oui” d’Abraham avait permis de commencer;
Ou bien lire Mt 19,29 et appliquer cette parole de Jésus au patriarche; même démarche à partir de Jn 15, 14-16

Prière : Ps 119 (118) 33-48 : prier ce passage du Ps en reprenant spécialement ce qui peut
s’appliquer à ce texte sur Abraham.

2.- La foi à l’épreuve du temps : Gn 15, 1-18

Dieu avait demandé à Abraham de partir, de quitter tout ce qu’il avait en lui promettant beaucoup plus (Gn 12,1-3). Mais le temps passe et Abraham continue sa vie de nomade et surtout, il est toujours seul, sans enfant. Aussi quand Dieu lui promet une grande récompense (ou mieux : un salaire – traduction liturgique; en TOB : ta solde), Abraham, pour la première fois (cf. Gn 15,2 +) prend la parole et pose à Dieu deux questions (Gn 15, 3 et 8). La première concerne sa descendance (15, 1-6); la seconde, le don de la terre (15, 7-18). C’est par un serment que Dieu répond à cette double demande.

a) Gn 15, 1-6

1) Quel est le sens de l’objection d’Abraham dans ce texte ?
2) Comment Dieu répond-il à cette question du patriarche ?
3) En quoi Abraham est-il juste ?

Question 1

A Dieu qui lui promet une très grande récompense, Abraham – qui est très riche, cf. Gn 13,2 répond en substance, que cela est inutile puisqu’il n’a pas de fils à qui transmettre ses biens.
Voir aussi Gn 17, 15-21 et 18, 1-15 où le même thème revient ; ces deux passages soulignent l’âge avancé d’Abraham et de Sara, ce qui rend une naissance invraisemblable.

Question 2

Noter la solennité de la réponse de Dieu : “Cette parole du Seigneur fut adressée…” (v.4).
Le Seigneur refuse le réalisme d’Abraham (un de mes serviteurs sera mon héritier) et il renouvelle sa promesse (quelqu’un issu de ton sang !).
Le v. 5 rend encore plus incroyable ce que Dieu promet, mais le croyant doit savoir que “rien n’est impossible à Dieu “ : cf. Gn 18,14 et Lc 1,37.

Question 3

Sur la justice d’Abraham, voir BJ Gn 15, 6 +.
Pour la Bible, la justice est ce qui caractérise des rapports entre des personnes, conformes à ce qu’ils doivent être : en croyant, Abraham s’ajuste très exactement à la Parole de Dieu qui lui est adressée.

Vers le Nouveau Testament
Lire Rm 4, 18-21 où saint Paul a commenté cette foi d’Abraham. Cet épisode de la vie du patriarche nous rappelle une dimension importante de la foi, celle de la durée.

Prière : Lire le Ps 112 (111) et reprendre en “atelier de prière” un verset, par ex. « Heureux
l’homme qui craint le Seigneur… sa justice demeure à jamais ».

b) Gn 15, 7-18 : la foi à l’épreuve du temps, (suite)

1) La question d’Abraham marque-t-elle un doute de sa part ?
2) Dieu renouvelle ici la promesse de la terre : que trouvez-vous de nouveau dans ce texte
à ce sujet ?
3) Quelle est la signification du v. 17 ?

Question 1

La foi n’est pas une attitude passive de l’homme – sous prétexte de confiance – où celui-ci abandonnerait toute recherche de ce qu’il a à faire de sa vie.
Au contraire, le vrai croyant cherche à connaître toujours plus clairement la volonté de Dieu en vue de l’accomplir : voir Ex 3,13; Lc 1,34.
Dieu ne répond pas directement à la question d’Abraham; il lui demande de préparer le rite par lequel il va s’engager solennellement envers lui. Et Abraham obéit.

Question 2

Pour les autres textes sur la promesse de la terre, voir Gn 12,7 et les références données en marge sur ce passage.
Gn 15, 13-16 précise le temps où sera réalisé le don de la terre.
Gn 15, 18-19 donne les limites du pays (voir sur une carte); pour les populations qui sont mentionnées, voir Dt 7, 1 + et la note de BJ.
Comparer Gn 12,7 (je te donnerai) et Gn 15, 18 (je donne, ou même, j’ai donné) : par cet engagement solennel de Dieu, le don est déjà, en quelque sorte, une réalité.

Question 3

Ce v. 17 est explicité par le verset suivant : “ce jour-là, le Seigneur conclut une alliance avec Abraham”.
Sur le rite de conclusion de l’alliance, voir la note sur 15,17 en BJ ou 15,18 en TOB.

Vers le Nouveau Testament

Lire 1 Th 2,13 : Paul rend grâce pour la manière dont les chrétiens de Thessalonique ont accueilli la Parole. Comparer ce texte avec l’attitude d’Abraham en Gn 15.

Prière : Prier avec Abraham le Ps 92 (91) et remercier pour la fidélité de Dieu dont nos avons pu faire l’expérience.

3. – “Espérant contre toute espérance” : Gn 22, 1-19

Plus les années passent, plus Abraham ressent douloureusement l’absence d’une descendance que le Seigneur lui a promise.
Après avoir écarté le serviteur (Gn 15,3), puis le fils de la servante (Gn 17, 17-19), Dieu lui a enfin donné un fils de sa femme Sara (Gn 21,1-7) comme héritier de la promesse. Or c’est ce fils, sur qui repose la promesse (Gn 17,19; 21,12) que Dieu lui demande maintenant de sacrifier. Dieu semble vouloir détruire tout ce qu’il a réalisé, ruiner toute possibilité d’accomplir ce qu’il a promis. Abraham n’est simplement atteint dans sa chair, mais dans sa foi : Dieu lui demande, une fois de plus, de s’en remettre totalement à sa Parole.

1) A votre avis, qui sont les deux personnages principaux de ce récit ?
2) Comparer Gn 22, 1-3 avec Gn 12, 1-4 : quelles constatations faites-vous ?
3) Quelle est la signification de ce récit ? Etes-vous d’accord avec le titre que lui donne
le BJ ?

Question 1

Les deux protagonistes sont Dieu et Abraham. Même si Dieu n’intervient d’au début (v. 1-2) et à la fin (v. 11ss), il est présent à tout le déroulement. C’est l’attitude d’Abraham à son égard qui est en jeu, à travers Isaac, le fils de la promesse.

Question 2

Noter le parallélisme entre les deux scènes : Dieu intervient sans prévenir; il donne un ordre sans explication, il exige un départ vers un lieu “que je t’indiquerai”. Dans les deux cas, Abraham obéit sans poser de question.
Il est possible que l’auteur biblique est recherché ce parallélisme pour faire de cette scène un nouveau départ dans la vie d’Abraham, la “vocation renouvelée” cf. Jr 15, 10-12. De fait, Gn 22 se terminera par le renouvellement de la promesse (Gn 22, 15-18).

Question 3

Comme dans le livre de Job, le lecteur est averti dès le début qu’il s’agit d’une épreuve (v.1) pour voir ce qu’Abraham a dans son coeur (cf. Dt 8,2); elle se terminera à son avantage (v. 12); Abraham a la crainte de Dieu (au sens biblique du terme, non pas la peur de Dieu, mais la crainte de lui déplaire, de ne pas “être ajusté” à sa volonté.
Le coeur du récit se trouve dans la réponse d’Abraham à son fils (v. 8) : Abraham accepte de s’en remettre totalement à Dieu.
Ce texte ne cherche pas à nous faire entrer dans la psychologie d’Abraham; seuls les traits importants du récits sont appuyés : Abraham fait confiance à Dieu, même quand celui-ci semble se contredire. En lisant l’histoire de Jephté en Jg 11, 29-39, on remarquera sans peine combien Gn 22 est centré sur la foi d’Abraham et non sur ses sentiments de père.
Dans cette épreuve, Abraham découvre qu’il a su aimer Dieu jusqu’à lui sacrifier ce qu’il a de plus cher et, en même temps, il n’a jamais autant aimé son fils. En redescendant de la montagne, Abraham est devenu davantage père d’Isaac et père des croyants, de tous les hommes qui accepteront de miser entièrement leur existence sur Dieu.
La BJ appelle ce récit “le sacrifice d’Abraham”; dans la nouvelle édition “le sacrifice d’Isaac”. La TOB choisit : “Abraham sacrifiant” : tous ces titres peuvent convenir à condition que l’on comprenne bien que ce qu’Abraham sacrifie dépasse Isaac en tant que fils. C’est à la promesse de Dieu que le patriarche accepte de renoncer sur la Parole de Dieu et c’est cette promesse qui lui est rendue et confirmée au terme de l’épreuve.
Sur ce texte si riche, voir encore les notes de TOB sur Gn 22, 1 et 2.

Vers le Nouveau Testament

Lire He 11, 17-19 où l’auteur de la Lettre commente cette page de la Genèse; ou bien lire Jn 3, 14-17 : ce que Dieu n’a pas demandé à Abraham, il l’a fait lui-même pour nous.

Prière : lire lentement Rm 8,31-39, en coupant cette lecture par un refrain, par ex. “Je sais en qui j’ai mis mon espérance”.

Note sur Gn 22

La Bible connaît des sacrifices humains et elle les condamne (cf. par ex. 2 R 3,27; 17, 31; 23, 10…). Dans des circonstances particulièrement difficiles, des hommes pouvaient penser qu’un sacrifice humain pourrait leur obtenir la bienveillance de la divinité.

De même la Bible connaît la pratique des prémices : on doit offrir au Seigneur les premiers fruits de la terre et les premiers-nés du troupeau. Mais la Bible précise que les premiers-nés de l’homme doivent être rachetés (Ex 13,13) : il y a là une réaction contre les sacrifices d’enfants que les Cananéens ont connus à certaines époques, comme nous le montrent les fouilles archéologiques.

Gn 22 pourrait se comprendre dans un tel contexte. Certains commentateurs voudraient y voir une protestation contre de tels sacrifices : Abraham pense qu’il doit sacrifier son fils (son premier-né) au Seigneur, mais celui-ci refuse un tel sacrifice. Cependant une telle explication paraît insuffisante, car en Gn 22, c’est bien Dieu lui-même qui demande au patriarche de lui immoler son fils. Mais comme le dit explicitement le texte, il s’agit d’une mise à l’épreuve, pour voir jusqu’où Abraham est capable de s’en remettre à Dieu et à sa Parole.

Ainsi Gn 22 nous donne en Abraham l’exemple du croyant qui s’en remet à Dieu même lorsque ce qui lui est demandé et humainement incompréhensible, voire même absurde – puisque Abraham doit sacrifier le fils par lequel Dieu lui a promis une descendance -. Cette épreuve permet à l’homme de donner toute la mesure de sa foi et de son amour pour Dieu.

4.- La magnanimité d’Abraham : Gn 13, 1-18

Abraham a obéi à l’appel de Dieu; la bénédiction, que Dieu lui a promise commence à se réaliser : il est très riche, trop riche même pour pouvoir continuer à vivre avec son neveu Lot, qui l’accompagne (Gn 12,4; 13,5). Des conflits éclatent entre les bergers d’Abraham et ceux de Lot.
Gn 13 nous invite à faire plus ample connaissance avec Abraham : cet homme qui obéit si bien à Dieu, comment se comporte-t-il avec ses semblables ?

1) Dans ce texte, comment nous sont présentés respectivement Abraham et Lot ?
2) Quelles sont les qualités d’Abraham que le texte met particulièrement en lumière ?
3) Noter le moment où intervient dans ce récit la promesse de Dieu : y voyez-vous une
signification particulière ?

Question 1

Relever ce qui est dit de chacun : les deux sont riches (13, 2.5);
Abraham invoque le Nom du Seigneur (13,4, cf. 13,18); il est soucieux de la paix (13,8);
Bien qu’il soit l’ aîné et le porteur de la promesse, il laisse son neveu choisir le premier (v.9).
Lot choisit pour lui (v.11) ce qui lui paraît le meilleur, cf. BJ 13,13 +.

Question 2

La générosité, la magnanimité d’Abraham : Dieu lui a promis ce pays (Gn 12,7), mais il propose de partager et laisse Lot choisir le premier.
Son amour de la paix : noter le motif qu’il donne (13,8).
Son sens de Dieu : le récit encadre l’épisode par deux actes de culte : Abraham va de sanctuaire en sanctuaire; il reste sous le regard de Dieu.

Question 3

Remarquer en Gn 13,14 : “après que Lot se fut séparé de lui…” ; c’est quand Abraham a renoncé à faire usage de ses droits à l’égard de Lot, que Dieu lui renouvelle sa promesse.
Maintenant Dieu lui donne tout le pays (comparer avec Gn 12,7).
Il le donne à lui et à sa postérité, ce qui introduit dans le récit le deuxième élément de la promesse celui de la descendance : Gn 12,2; 13,16; 15,5; 17, 2-4; 22,17.

Vers le Nouveau Testament

Lire Mt 5,4 : Comment Abraham a-t-il vécu cette Béatitude ?
Lire 1 Jn 4,20 : Abraham, l’ami de Dieu est aussi l’ami des hommes avec qui il vit.

Prière : lire et méditer le Ps 34 (33) : Le Seigneur écoute les humble .

5. – L’hospitalité d’Abraham : Gn 18, 1-15

La tradition juive aime à souligner le lien entre Gn 17 et Gn 18 : en Gn 17, Abraham entre dans l’alliance, il est marqué du signe de cette appartenance à Dieu, la circoncision. En Gn 18, nous le trouvons assis à l’entrée de sa tente, prêt à accueillir le voyageur qui passera près de lui “comme si le premier devoir de l’homme qui a conclu alliance avec Dieu était de pratiquer l’hospitalité à l’égard de tous les hommes quelle que soit leur origine”. (Goldstain)
Ce texte est le seul de la Bible où il nous est dit que Dieu mange, ce qui est un indice de l’origine ancienne du récit. On pourrait se trouver en présence d’une ancienne légende évoquant la visite d’une divinité à un homme. Mais il faut remarquer la manière dont l’auteur biblique a su s’en servir, conservant le climat de familiarité tout en soulignant le côté mystérieux et transcendant de cette visite.

1) Relever dans ce texte ce qui met en valeur l’hospitalité d’Abraham.
2) Quels sont les éléments du récit qui permettent à Abraham de découvrir peu à peu
l’identité des visiteurs ?
3) La BJ donne en marge de 18,14 la référence de Lc 1,17 : comment cette référence
éclaire-t-elle notre texte ?

Question 1

Noter les termes qui indiquent la rapidité (v. 2.6.7.8.), la qualité de l’accueil (Abraham promet peu, mais donne beaucoup !).
Or Abraham est un vieillard (18,11) et c’est le moment le plus chaud de la journée (18,1).

Question 2

Voir les notes 18, 2 + et 18, 12 + en BJ.
En particulier l’annonce de la naissance d’un enfant : seul Dieu peut donner un fils à une femme stérile : cf. 1 S 2, 5-6.

Question 3

Sara et Elisabeth vont toutes deux enfanter malgré leur stérilité et leur âge avancé.
Au début de l’histoire du salut dans l’Ancien et le Nouveau Testament, la naissance d’un enfant malgré la stérilité de la mère et sa vieillesse est le signe de la bienveillance et de la puissance de Dieu.

Vers le Nouveau Testament

Lire Mt 25, 37-40 : Abraham a accueilli des étrangers et il découvre en eux la présence du Seigneur; Jésus nous avertit qu’il est présent dans le plus petit de nos frères.

Prière : Lire et méditer Rm 12, 9-13 ; terminer par une prière spontanée.

6. – L’intercession d’Abraham : Gn 18, 16-31

En reconduisant ses hôtes, Abraham donne à Dieu l’occasion de le mettre dans le secret de ses projets. Ainsi nous allons découvrir la générosité du patriarche qui ne s’exprime pas seulement dans l’hospitalité mais encore dans sa prière d’intercession en faveur e Sodome. Abraham est même le premier homme de la Bible qui prie pour les autres.

1) Où voyez-vous dans ce texte que Dieu aime pardonner ?
2) Quelles sont les qualités de l’intercession d’ Abraham ?
3) Abraham a-t-il eu tort de s’arrêter à dix ? Que dit la Bible sur ce point ?

Question 1

Dans le fait que Dieu parle avec Abraham du but de sa “descente” comme il le ferait avec un ami , cf. Jn 15,15 (cité en marge par BJ).
Dieu descend “pour voir” (v.21) : ce verset 21 est “une provocation ineffablement paternelle à la prière audacieuse qui va suivre”. (L. Bloy)
Au fait que Dieu accepte le ‘marchandage’ d’Abraham; à noter que c’est Abraham qui s’arrête, au v. 32, et non pas Dieu.

Question 2

Son amour pour les hommes de Sodome, qui lui sont étrangers et qui, en majorité, sont très différents de lui dans leur manière de vivre (voir la note TOB sur Gn 19, 1).
Son humilité : Abraham ne prétend pas imposer sa volonté à Dieu mais il s’appuie sur sa foi en la justice de Dieu ( cf. Gn 18,25 +).
La persévérance d’Abraham, etc.

Question 3

Voir Gn 18, 24 + où nous trouvons le renvoi à Jr 5,1 et Is 53.
Peut-être ce récit veut-il nous donner une leçon : nos prières restent parfois stériles parce que nous n’osons pas croire jusqu’au bout à la miséricorde insondable de Dieu.
Mais ce récit nous rappelle aussi que la Bible est une découverte progressive du visage de Dieu. Le mérite d’Abraham est d’avoir ouvert la voie à l’intercession de Moïse, de Jérémie, du Serviteur et finalement à celle de Jésus.

Vers le Nouveau Testament

Lire Mt 7, 7-11 et Lc 11, 9-13 : retrouvez-vous dans ces passages d’Evangile ce qui fait la valeur de la prière d’Abraham ? Qu’y a-t-il de nouveau (dans le texte de Lc) ?

Prière : Ps 103 (102) “DIEU EST AMOUR” . Ce qu’Abraham exprimait encore avec timi-
dité, le psalmiste le chante et nous nous unissons à sa prière.

LES ANCETRES DE JÉSUS

M O ï S E

Avec Abraham, nous nous trouvions au début du deuxième millénaire avant Jésus-Christ. Moïse et les événements qui sont liés à sa personne nous amènent au 13ème siècle avant Jésus.
En Gn 12, 1ss. le Seigneur promettait à Abraham de lui donner une descendance, une terre et une bénédiction. Mais l’époque des Patriarches se termine par la descente en Egypte : pour échapper à une famine, Jacob et ses fils cherchent refuge en Egypte et ils s’installent à l’est du delta du Nil.

Quelques siècles plus tard…

Au moment où le récit reprend dans le livre de l’Exode, les descendants des Patriarches sont encore en Egypte, mais leur situation s’est maintenant détériorée. Pourtant la promesse de Dieu a commencé a se réaliser : ils sont devenus très nombreux, trop nombreux même pour les Egyptiens, qui se sentent menacés et qui les soumettent à de durs travaux de corvée.
Bien plus, pour les empêcher de se multiplier encore davantage, Pharaon ordonne de tuer tous les garçons qui naîtront. C’est dans cette situation de détresse que Dieu vient “visiter” son peuple.

Le Livre de l’Exode

Le Livre de l’Exode nous raconte cette “visite” de Dieu en faveur de son peuple. Comme l’a bien exprimé Auzou, Dieu va conduire son peuple “de la servitude au Service”. Ces deux termes évoquent les deux grands thèmes du Livre, la délivrance de l’esclavage (Ex 1-15) et la révélation de Dieu aboutissant à la conclusion de l’Alliance (Ex 19-40). Moïse sera l’artisan choisi par Dieu pour libérer le peuple et le conduire à l’Alliance.

Notre étude

Nous lirons le Livre de l’Exode en suivant Moïse. C’est lui que le Seigneur prépare providentiellement pour être le libérateur de son peuple opprimé (1); c’est lui qui, découvrant l’injustice dont ses frères sont les victimes tente de les libérer (2). Son échec le conduit au désert; l’expérience religieuse qu’il y fera va marquer toute l’histoire : au désert, Moïse rencontre Dieu qui le renvoie vers ses frères (3).
Après bien des péripéties, Moïse réussit à libérer les Israélites et par l’Alliance, il fera de ces fugitifs un peuple, le peuple de Dieu (4-5).
Aussitôt conclue, l’alliance est rompue par le peuple : l’intercession de Moïse obtient le pardon de Dieu (7). La dernière scène que nous retiendrons nous montre Moïse, critiqué et attaqué par son frère et sa soeur, pour lesquels cependant il intercède (8).
Derrière plusieurs textes que nous étudierons, nous verrons déjà se profiler le portrait de celui qui sera un jour le véritable libérateur de ses frères, le médiateur de l’alliance nouvelle et l’intercesseur tout-puissant devant son Père.

1. – Moïse, le premier sauvé : Ex 2, 1-10

Le premier chapitre de l’Exode nous décrit la situation malheureuse du peuple en Egypte, les corvées, l’oppression dont il est l’objet.
En Ex 2 nous est présenté celui qui sera l’instrument de la libération : un nouveau-né. Les circonstances qui entourent cette naissance nous montrent que Dieu est l’oeuvre – même si son nom n’est pas prononcé par l’auteur biblique – .
On a rapproché le récit de la naissance et de l’enfance de Moïse de celle de Sargon d’Agadé (voir note de BJ ou de TOB sur Ex 2,10) : en présentant ainsi la naissance de Moïse, la tradition biblique voulait le situer parmi les grands personnages de l’histoire, ceux qui ont profondément marqué la vie des hommes.

1) Qu’est-ce que ce récit nous apprend sur Moïse ?
2) Comment est-il sauvé ? Par qui ?
3) Quelle est la signification de ce récit ?

Question 1

Moïse appartient au peuple d’Israël par son père et par sa mère (v.1; cf aussi v. 6).
Sa petite enfance se passe au milieu des siens (v.7-9).
Il est adopté et élevé par la fille du Pharaon (v.10).
Son nom est en rapport avec le “sauvetage” dont il a été l’objet : Ex 2,10 et notes BJ et TOB.

Question 2

Moïse est sauvé par sa mère (v.2-3), cf. He 11,23.
Il est sauvé par la file de Pharaon (v.6) : comparer avec l’ordre donné en Ex 1,22 !
Sauvé grâce à la ‘corbeille’ ou ‘caisse’ : le mot utilisé ne se lit dans la Bible qu’ici et en Gn 6, 14 pour l’arche de Noé (cf. note TOB sur Ex 2,3).

Question 3

Le but du récit est exprimé au v. 10 : le futur libérateur des Hébreux s’appellera Moïse parce que lui-même a été tiré des eaux, comme le sera plus tard son peuple (Ex 14, 21-31), note TOB sur Ex 2,10.
La ‘caisse’ de papyrus fait penser à l’arche de Noé : dans les deux cas, le salut du peuple, sa survie
Le fait que le futur libérateur soit sauvé par la fille du persécuteur et élevé par elle, ne manque pas d’humour et souligne que Dieu est à l’oeuvre dans tout cela, même si son nom n’est pas prononcé.

Vers le Nouveau Testament

Lire Mt 2,13-18 : Jésus échappe au massacre perpétré par Hérode, comme Moïse avait échappé à celui de Pharaon. Mais la libération que Jésus apportera aux hommes sera bien plus totale que celle accomplie par Moïse.

Prière : Le Ps 33 (32) nous invite à louer le Seigneur qui met sa puissance au service de son plan de salut. Nous pouvons le prier en pensant au salut de Moïse et à ce qu’il prépare.

2. – Moïse et ses frères : Ex 2, 11-25

Après le récit de la naissance et du “sauvetage” de Moïse (Ex 2, 1-10), la Bible nous parle immédiatement de sa vie d’adulte. Il est possible que Moïse ait reçu une éducation et une formation supérieure, probablement celle d’un scribe – dont l’administration égyptienne avait besoin pour ses rapports avec les peuples asiatiques.
Ainsi Moïse échappe aux corvées et aux sévices infligés à ses frères. Mais il va se trouver devant un choix redoutable : sa carrière ou la solidarité avec ses frères.

1) Quelle est la première action de Moïse que la Bible nous raconte ? Voyez-vous une
signification à cela ?
2) A quoi aboutit cette tentative de libération ? Est-ce un échec ?
3) Que signifie “Dieu se souvint” (v. 24) ?

Question 1

Le premier geste que la Bible retient de Moïse est un geste de solidarité : Moïse sortit vers ses frères (2,11; cf. aussi 2,13).
. Moïse vit leur situation d’oppression , mais surtout il voit un fait précis “un Égyptien frapper un Hébreu, un de ses frères” (2,11).
Moïse prend parti : son geste est une rupture avec son passé et il annonce sa mission future.

Question 2

Le geste de Moïse n’est pas compris par ses frères : voir le commentaire qu’en donne Ac 7,23-29.
Moïse doit fuir, rejeté par ses frères, poursuivi par Pharaon.
Malgré cet échec, Moïse reste un “libérateur” : 2, 17-19.
Cette fuite amène Moïse au désert où Dieu le rencontrera, car Moïse n’est pas le seul à voir l’oppression dont souffre le peuple : Dieu aussi est sensible aux cris qui montent vers lui (2,23-24).

Question 3

Pour la Bible, dire que Dieu se souvient, c’est dire qu’il va intervenir, qu’il est sur le point de faire quelque chose d’important.
Mais Dieu agit par des hommes et pour libérer le peuple, il a besoin d’un libérateur; il choisit
Moïse et va le charger de sa mission.
Ainsi ce que Moïse voulait, Dieu le veut aussi. Ce que Moïse n’a pas pu faire par ses seules forces, il le fera maintenant sur l’ordre de Dieu.

Vers le Nouveau Testament

Lire Ac 7, 35 et voir comment l’échec de Moïse est présenté comme l’annonce du rejet de Jésus par les Juifs ( cf. Ac 7,35 +). Comparer l’attitude de Moïse en cet épisode avec celle de Jésus en Lc 10,29-37.

Prière : Moïse a vu la souffrance de ses frères et il a répondu. Combien plus le Seigneur
entend et écoute le cri de ceux qui souffrent. Prions le Ps 86 (85).

3. – La rencontre avec Dieu : Ex 3, 1 – 15

Moïse a échoué dans sa tentative pour unir ses frères; il a dû prendre la fuite. Recueilli par une tribu nomade, il se fixe chez ses hôtes, se marie et devient berger.
Ce temps de recul, de méditation, comme aussi son métier de berger, sont une préparation providentielle pour la mission que Dieu va lui confier.
Après l’appel d’Abraham (Gn 12), ce chapitre 3 de l’Exode est un des plus importants textes de l’Ancien Testament : Dieu révèle à un homme son dessein de salut et l’invite à collaborer.

1) Qu’est-ce que ce texte nous apprend sur le Dieu qui apparaît à Moïse ?
2) Quelle est l’attitude de Moïse ? Comment la comprendre ?
3) Quelle mission reçoit Moïse ? Quelle garantie lui est donnée par Dieu ?

Question 1

Dieu a l’initiative; il intervient au milieu de l’activité de Moïse; il le connaît, l’appelle par
son nom; c’est appel personnel, comme un maître appelle son serviteur.
La grandeur de Dieu : cf. Ex 3,2.5 ; voir note TOB sur 3,2.
Le Dieu qui se révèle à Moïse n’est pas un Dieu “nouveau” : Ex 3, 6.13.15.16.
C’est un Dieu vivant, qui voit, entend, connaît… (Ex 3,7ss).
C’est un Dieu présent à la misère des opprimés, qui prend fait et cause pour eux : “mon peuple”.
C’est un Dieu qui veut avoir besoin de l’homme comme collaborateur : v. 10.

Question 2

Devant la sainteté de Dieu (Ex 3,6 et notes BJ et TOB), l’homme est à la fois attiré et il a peur, comme devant le feu.
Moïse ôte ses sandales et se voile la face (v. 5-6) : cf. Jos 5,15 (cité en marge par BJ).
La mission que Dieu donne à un homme est rarement à sa mesure : dans les récits de vocation, la première réaction de l’appelé est souvent une tentative de dérobade : Ex 4,10; Jg 6,15.

Question 3

La mission de Moïse est de délivrer le peuple de la servitude pour le mener au Service de Dieu (v. 10.12).
Moïse qui avait voulu lutter contre l’injustice et il a fait l’expérience de son impuissance; il
est maintenant mandaté par le Seigneur ; c’est en son nom qu’il accomplira cette mission.
La garantie que Dieu donne . Je suis (serai) avec toi (Ex 3,12); comparer avec Jg 6, 12-16; Jr 1,8; Lc 1,28… Par ces mots, Dieu promet son assistance infaillible et efficace.

Vers le Nouveau Testament

Comparer Ex 3,1 et Mt 4.18-19 ou encore Mt 28, 16-20 et Ex 3, 1-15 : relever certaines constantes de l’action de Dieu et préparer un partage de foi .

Prière : Seul le vrai Dieu voit les nécessités de son peuple et entend ses appels. Prions
avec le Ps 115 (113 B).

4. – Moïse, l’homme de l’Alliance : Ex 19, 1-9

“Quand tu auras fait sortir le peuple d’Egypte, vous servirez Dieu sur cette montagne” avait dit Dieu à Moïse (Ex 3,12)
Dans l’épisode des “plaies d’Egypte”, la demande revient plusieurs fois dans la bouche de Moïse (Ex 3,18; 5, 1-3; 7,16; 8,24; 10, 7-11 et 24-25) de laisser partir le peuple pour qu’il rende un culte au Seigneur. La résistance de Pharaon permet de bien souligner l’importance de ce point.
Après bien des péripéties, le Seigneur arrache son peuple à l’esclavage de Pharaon; il le sauve à travers la Mer et le conduit jusqu’à la montagne du Sinaï. C’est là qu’ Israël est invité à entrer dans l’alliance. Le rôle de Moïse est ici capital.

1) Qu’est-ce qu’une alliance pour vous ? Et pour la Bible ?
2) Qui sont les personnages qui interviennent dans ce récit ? Que font-ils ?
3) Expliquer plus spécialement Ex 19, 4-6.

Question 1

Commencer par un échange sur le mot “alliance” : ce qu’il signifie pour nous.
Pour les groupes nomades – auxquels appartenaient les ancêtres d’Israël – l’alliance est une réalité humaine importante, vitale même. Faire alliance, c’est par un moyen “artificiel” créer un type de relation que donne naturellement l’appartenance à un même sang et établir ainsi des rapports pacifiques entre des individus ou des groupes humains (cf. note TOB sur 19,5). Ces alliances étaient scellées par des rites (rite de sang, repas, échange de cadeaux, etc : cf. Gn 21,27; 26, 26; 1 S 18, 2-4…).
Pour les alliances entre Dieu et les hommes, voir note BJ sur Ex 19, 1 +.

Question 2

Moïse, qui monte vers Dieu (v. 3.8.9), qui transmet au peuple les paroles de Dieu (v.7); il est le porte-parole autorisé de la volonté de Dieu (Ex 19,9, cf. 20, 18-21).
Dieu (YHWH) : il appelle Moïse, le charge de proposer au peuple l’alliance; il s’est déjà manifesté dans l’histoire passée (v.4); il est présent dans la nuée (cf. Ex 13, 22 +).
Le peuple (maison de Jacob / enfants d’Israël) : à remarquer l’unanimité du peuple dans sa réponse (v. 8) : “le peuple tout entier… d’un commun accord… tout ce que le Seigneur a dit…

Question 3

On pourrait commenter : vous avez vu ce que j’ai fait, désormais si vous faites, je ferai (encore plus).
Ce que j’ai fait : la différence de traitement entre les Israélites et les Egyptiens (v.4); cf. Ex 8, 19; 9, 6-7. 25-26; 10, 22-23…
Si vous faites : si vous écoutez ma voix = obéir à la Parole; c’ est la condition de l’alliance.
Je ferai (encore davantage) : v. 5-6. Parmi tous les peuples qui lui appartiennent, Dieu fait choix d’Israël : Ex 19,6 + ; voir aussi note TOB sur 19,5.

Vers le Nouveau Testament

Lire Jn 15, 9 – 17 et comparer cette parole de Jésus avec le texte étudié.

Prière : reprendre Jn 15, 9-17 et prier à partir de ce texte

5. – A la rencontre de Dieu : Ex 19, 10 – 25

En Ex 19,5, l’alliance était proposée au peuple et celui-ci, unanime, répondait positivement à cette offre de Dieu (19,8): Mais l’alliance ne supprime pas la distance entre Dieu et l’homme; tout au contraire, la rencontre de Dieu est révélation de sa grandeur et de son mystère.
Le texte que nous allons lire est le résultat de la fusion de différentes sources, ce qui explique sans doute les redites que nous y trouvons.

1) Comment la grandeur de Dieu est-elle exprimée dans ce texte ?
2) Quel est ici le rôle de Moïse ?
3) Que signifie “se sanctifier” (v.10) ?

Question 1

Les préparations nécessaires pour rencontrer Dieu soulignent la distance qui sépare l’homme
de Dieu.
Sur la délimitation du camp (cf. Ex 19,12 +); de plus le texte précise que la rencontre a lieu “hors du camp” et que Dieu est “sur la montagne”.
Les manifestations de la présence de Dieu : Ex 19,16ss et la note de BJ.
Les réactions du peuple : Ex 19,16, cf. Ex 20, 18-21.

Question 2

Moïse est le messager entre Dieu et le peuple; noter ses nombreuses allées et venues entre les deux.
C’est à lui que Dieu parle directement : Ex 19, 9.19; cf. Jn 9,28-29.
C’est lui qui conduit le peuple à la rencontre de Dieu.
Remarquer aussi “la rencontre au sommet” du v. 20.

Question 3

Se purifier, c’est se mettre en état de pouvoir approcher Dieu.
C’est se préparer à une action sacrée, à un acte de culte; cf. Gn 35, 2 (cité en marge par BJ).
Concrètement, c’est observer les rites prescrits : pureté rituelle (19, 10.14-15).
Sur le sens biblique du mot Saint / Sainteté : voir Lv 17, 1 + .

Vers le Nouveau Testament

Lire He 10, 19-25 et partager sur le sens de la sainteté de Dieu pour nous aujourd’hui.

Prière : Avec le Ps 95 (94), chantons notre joie de pouvoir entrer et vivre en présence du
Seigneur.

6. – La célébration de l’alliance : Ex 24, 1-11

Lors de la manifestation sur la montagne, Dieu a donné à Israël les Dix Paroles (le Décalogue) et le Code de l’alliance. Par là était précisé pour le peuple l’exigence résumée en Ex 19, 4 : “Désormais si vous écoutez ma voix…”
Le chapitre 24 de l’Exode est la réponse solennelle du peuple, qui s’engage dans l’alliance avec Dieu. Comme le fait remarquer la note de BJ (Ex 24, 1 +), la tradition biblique nous a conservé deux récits de la conclusion de l’alliance.

1) Qui sont les personnages qui interviennent en Ex 24, 1-2 et 9-11 et quel est, dans ce récit,
le rite de l’alliance ?
2) Qui intervient en Ex 24, 3-8 et quel est ici le rite de l’alliance ?
3) Que vous indique la présence de deux récits différents pour la célébration de l’alliance
du Sinaï ?

Question 1

Moïse, qui seul s’approche; Aaron, ses deux fils et les anciens, qui montent avec Moïse sur la montagne mais restent à distance; le peuple qui reste au bas de la montagne.
Dans ce récit, les anciens jouent un rôle important pour sceller l’alliance : ils représentent le peuple.
Le rite de l’alliance est un repas : “Ils mangèrent et ils burent”. Comparer avec Gn 26,30 ; cf. aussi la note TOB sur Ex 24, 11.

Question 2

Noter l’importance ici du rôle de Moïse ; relever tous les verbes dont il est le sujet.
Mais le récit met en valeur le peuple entier, qui intervient par deux fois pour donner son accord : cf. Ex 19,8.
La place donnée aux jeunes Israélites reflète peut-être la liturgie d’entrée dans l’alliance de la jeune génération au cours de l’histoire d’Israël.
Le rite est le partage d’un même sang : cf. Ex 24, 1 + et 24,8 +; pour l’importance du sang dans la Bible, voir Lv 1, 5 +.

Question 3

La Bible ne veut pas nous donner un “reportage” de ce qui s’est passé. Les deux traditions, conservées ici, ont été composées et écrites plusieurs siècles après l’époque de Moïse.
Ces deux traditions proviennent des deux parties d’Israël (Royaume du Sud et Royaume du
Nord) et chacune veut exprimer la signification qu’avait pour elles l’alliance conclue au temps de Moïse : au Sinaï, le peuple était devenu le commensal ou le consanguin de Dieu.
Par l’alliance, un lien a été établi entre Dieu et Israël, semblable à celui que crée un communauté de table ou l’appartenance à un même sang.

Vers le Nouveau Testament

Lire Mt 26, 26ss et chercher comment l’alliance conclue en Jésus reprend et prolonge celle du Sinaï.

Prière : Plus que le peuple d’Israël, nous avons des motifs de louer Dieu pour l’alliance :
prions le Ps 145 (144).

7. – Entre Dieu et le peuple : Ex 32, 7 – 14

“Tout ce que le Seigneur a dit, nos le ferons” : telle était la réponse unanime du peuple à la proposition de l’alliance, Mais c’est la vie de chaque jour qui est la véritable réponse à l’alliance, la Bible le sait bien.
L’épisode du “veau d’or”, c’est la tentation de se faire un dieu à portée de sa main et davantage à notre mesure, puisqu’il est notre création. Mais c’est aussi rejeter le Dieu de l’alliance. Moïse est au coeur de ce drame, solidaire du peuple pécheur et solidaire de Dieu.

1) D’après ce texte, qui a fait monter le peuple d’ Egypte ?
2) Pourquoi Moïse refuse-t-il ce que Dieu lui propose au v. 10 ?
3) Quels sont les trois arguments de l’intercession de Moïse ?

Question 1

Comparer les déclarations des v. 7. 8. et 11.
Laquelle de ces déclarations s’accorde avec le “credo” d’Israël (voir Dt 26, 5ss) ?
Comparer plus particulièrement Ex 32, 7 avec 32, 11 : que signifie “ton peuple” dans chaque cas ?

Question 2

Moïse qui s’était fait solidaire de ses frères opprimés (Ex 2, 11ss) reste ici solidaire de son peuple qui a rompu l’alliance et mérite ainsi la mort.
Moïse refuse d’être un “nouvel Abraham” (cf. Gn 12,2), car si Dieu détruit le peuple chaque fois qu’il s’écarte de l’alliance, il n’y a aucun espoir : autant ne pas recommencer !
La survie du peuple ne peut venir que du pardon de Dieu (cf. Ps 130, 3-4).

Question 3

Moïse ne cherche pas d’excuse à l’infidélité du peuple; sa prière est fondée sur Dieu, sur ce qu’Il est. sur ce qu’Il fait.
Israël est le peuple de Dieu (ton peuple), celui qu’il a libéré.
La destruction d’Israël rejaillirait sur Dieu et sur son honneur (cf. Nb 14, 13-16).
Dieu s’est engagé par serment à l’égard des patriarches et de leur descendance.

Vers le Nouveau Testament

L’intercession de Moïse pour son peuple n’est que l’annonce de celle de Jésus : voir par exemple He 4,14 – 5,10 ou 1 Jn 1,8 – 2,2.

Prière : Méditer en silence pendant quelques minutes un de ces textes du Nouveau Testament sur l’intercession de Jésus et terminer par une prière de louange.

8. – Moïse, le “pauvre” de Dieu : Nb 12, 1-15

Après l’épisode du “veau d’or”, la Bible connaît plusieurs autres situations où Moïse se fait l’intercesseur du peuple. Voir la note de BJ sur Ex 32, 11 +.
Nous lirons encore un passage, emprunté au Livre des Nombres, où Moïse, critiqué par son frère et par sa soeur, jaloux de son prestige, se fait leur intercesseur.

1) Quelle est la réponse de Moïse aux critiques d’ Aaron et de Myriam ?
2) Quelle différence y a -t-il entre Moïse et les autres prophètes ?
3) Voyez-vous une signification particulière à la lèpre de Myriam ?

Question 1

Aucune réponse de la part de Moïse, mais son intercession pour Myriam, au v. 13.
Noter la remarque de la Bible en 12, 3 : l’humilité de Moïse (anaw) ; Moïse est ainsi le premier des “pauvres du Seigneur” : voir sur ce point So 2, 3 +.
C’est Dieu qui intervient en faveur de Moïse (12, 4-10); remarquer le titre que Dieu donne ici à Moïse (12, 7-8).

Question 2

Les prophètes connaissent Dieu par des visions ou des songes (v.6); Moïse s’entretient avec Dieu; d’où un contact direct et durable.
Voir la note de BJ sur Ex 33, 20 + ainsi que le verset Ex 33,11.
Voir encore Dt 34, 10.

Question 3

La lèpre exclut de la communauté celui qui en est frappé : Nb 12, 13-14 ; cf. Lv 13.
En s’opposant à Moïse, choisi par le Seigneur, Myriam risque de s’exclure du peuple de Dieu, de la participation au culte.

Vers le Nouveau testament

Ph 2, 1-11 : comparer l’attitude de Jésus et l’intervention de Dieu pour lui en Ph 2 avec le texte de Nb 12 que nous venons de lire.

Prière : Faire un “partage de foi “ sur les deux derniers textes étudiés.

LES ANCETRES DE JÉSUS

DAVID

De Moïse à David

La libération d’Egypte, l’expérience du désert avec la Loi, l’Alliance, sont à l’origine du peuple d’Israël. Cette période était dominée – nous l’avons vu – par Moïse.
A sa mort, Josué lui succéda et c’est à lui qu’est attribuée l’entrée dans la terre promise. Mais comme nous le rappelle le Livre des Juges, la conquête n’a pas été aussi rapide, ni aussi totale que la lecture du Livre de Josué pourrait nous faire croire. Comme nous le montre le Livre des Juges, les différents groupes, qui plus tard formeront Israël, se sont taillés tant bien que mal une place dans ce pays de Canaan et ont mené une vie assez indépendantes les uns des autres, tout en partageant la foi au “Dieu-qui-a fait-monter-d’Egypte”.
Cependant le besoin d’une plus grande unité entre les tribus allait s’imposer : les Philistins, qui s’étaient installés sur le bord de la Mer à l’époque où Israël s’établissait dans la partie montagneuse, tendaient à étendre leur domination sur l’ensemble du territoire. C’est pour faire face à ce danger que les tribus accepteront une autorité centrale, celle de Saül, d’abord, qui commence la guerre de libération contre les Philistins; celle de David ensuite (de 1010 à 970) qui fera de ces tribus un royaume puissant s’étendant de l’Egypte jusqu’au nord de la Syrie actuelle.

David dans la Bible

La Bible consacre plusieurs chapitres des Livres de Samuel à ce personnage (1 S 16 à 2 R 2), nous conservant souvent des traditions doubles sur les mêmes épisodes de sa vie. La fin de David nous est rapportée en 1 R 1,1 à 2,11. David laisse dans la tradition le souvenir du roi idéal et le plus bel éloge que l’on pourra décerner à quelques uns de ses successeurs sera d’avoir imité l’action de David (cf. par ex. 2 R 18,3). Mais surtout, David nous est présenté dans le Nouveau Testament comme l’ancêtre de Jésus (cf. Mt 1,1).

Notre étude

Parmi les épisodes de la vie de David, nous en retiendrons quatre : deux nous ferons découvrir l’action de Dieu en faveur de David (1 et 3), alors que les deux autres nous permettront de mieux comprendre ce personnage choisi par Dieu, avec ses qualités et ses limites (2 et 4).

1. Le choix de David au milieu de ses frères : 1 S 16, 1-13
2. David épargne Saül, qui veut sa mort : 2 S 26
3. La promesse faite à David par le Seigneur : 2 S 7, 1-17
4. David, un pécheur pardonné : 2 S 12, 1-15

1. – Le choix de David au milieu de ses frères : 1 S 16, 1-13

Devant le danger que représentent pour Israël les Philistins, les Israélites cherchent à renforcer leur cohésion et ils se donnent un roi, comme les peuples qui les entourent. Mais un tel choix n’est-il pas un rejet du Seigneur, qui seul est le souverain d’Israël (cf. Jg 8,23) ?
Après l’expérience malheureuse de Saül, c’est le Seigneur lui-même qui va donner à son peuple un roi selon son coeur.

1) Comment ce récit met-il en évidence que c’est le Seigneur qui choisit ?
2) Quels sont les critères du choix de Dieu ? Comparer-les avec les références données en
marge de BJ sur le v. 7.
3) Comment comprenez-vous le don de l’ Esprit ?

Question 1

Noter comment le choix de David est mis en évidence par le rédacteur, qui fait défiler avant lui tous les fils de Jessé.
Relever tous les verbes dont Dieu est le sujet : c’est Dieu qui a rejeté Saül, qui envoie Samuel, qui donne les ordres, qui choisit celui que Samuel doit oindre…

Question 2

Comparer avec les références marginales : 1 S 9, 2 et 10, 23 où pour le choix de Saül, la grandeur et la force, etc. semblaient être les éléments décisifs. Voir aussi la note TOB sur 1 S 16, 6.
Les citations de Jr concernent le Seigneur “qui connaît le coeur des hommes” : voir ce que signifie le “coeur” dans la Bible, cf. Table analytique de BJ ou en TOB la note sur 1 S 16, 7.
Remarquer que Dieu choisit ici le plus jeune : thème du cadet, cf. Gn 4, 5 + ; qu’est-ce que cela veut dire ?

Question 3

Suivez la référence donnée à Jg 3, 10 + (en marge); ainsi David est relié au “Juges”, aux sauveurs choisis par Dieu pour son peuple.
En lisant 1 S 10,5 (cité en marge), comparer le don de l’Esprit qui avait été fait à Saül; David le reçoit immédiatement et de façon durable : “à partir de ce jour-là…”

Vers le Nouveau Testament

Lire 1 Co 1, 26-30 : le cas de David n’est pas exceptionnel; les choix de Dieu sont toujours déroutants pour la raison humaine.

Prière : Prier le Magnificat (Lc 1 46-55) en remerciant Dieu pour notre vocation chrétienne.

2. – David épargne Saül, qui veut sa mort : 2 S 26

David est l’élu de Dieu : ses succès témoignent que “le Seigneur est avec lui” cf. 1 S 16, 18; 17,37; 18, 12.14.28; 20,13), mais Saül en prend ombrage et cherche à éliminer ce concurrent (1 S 18, 8ss; 19, 11ss). Pour lui échapper, David doit fuir au désert de Juda. Dans ces circonstances, le Seigneur livre Saül au pouvoir de David qui se refuse pourtant à porter la main sur celui qui le traque. La Bible nous donne deux récits de cet épisode en 1 S 24 et 26; nous lirons le second.

1) Résumer ce chapitre en quelques phrases : quel et le sens de cet épisode ?
2) Pour quel motif David refuse-t-il de porter la main sur Saül ?
3) Lire rapidement 1 S 24 : que pouvez-vous constater ?

Question 1

Prêter particulièrement attention aux paroles prononcées par les personnages du récit; voir spécialement les v. 8.9-11.21.23-24. 25.
David “tenté” par Abishaï laisse le jugement à Dieu et Saül doit lui-même reconnaître la “justice” de David.
Remarquer l’insistance de 1 S 26, 12 sur “le sommeil envoyé par Dieu”.

Question 2

Le véritable motif donné par David est que Saül est l “oint” du Seigneur : 26, 9.11.23.
En partant de 1 S 9, 26 + (cité en marge) préciser ce que signifie “être oint par Dieu”, celui qui est mis à part pour Dieu, pour une mission particulière…

Question 3

1 S 24 et 26 sont des récits parallèles : cf l’indication de BJ sur le titre ainsi que la note sur 26, 1 +.
Remarquer la construction des deux récits sur le même schéma, la même importance données aux déclarations des personnages, presque les mêmes termes : 24, 5.7.11.18.
En nous conservant deux récits, les auteurs bibliques sont moins intéressés par les détails anecdotiques, de chacun des deux récits, que par l’enseignement global qui s’en dégage et qui est identique dans les deux .
Voir encore les notes TOB sur les titres de 1 S 24 et 26.

Vers le Nouveau Testament

Lire Lc 6,27-35 ou Rm 12, 14-21 : quelles différences pouvez-vous relever entre l’exemple de David et ce que demande Jésus dans le Nouveau Testament ? Partage et prière à partir d’un des deux textes .

Prière : La tradition biblique met le Ps 57 (56) en relation avec la fuite de David devant Saül.
En le priant, exprimons notre confiance dans le Seigneur.

3. – La promesse faite à David par le Seigneur : 2 S 7, 1 – 17

“Le Seigneur rendra à chacun selon sa justice et sa fidélité” disait David en 1 S 26, 23. Et de fait, Saül meurt peu après dans la guerre contre les Philistins (vers 1010 à Gelboé). David apprend la nouvelle, alors qu’il est en exil; il comprend que son heure est venue. Il monte à Hébron où les tribus du Sud l’acceptent comme roi (2 S 2,4). Les tribus du Nord, n’arrivant pas à trouver un successeur à Saül, viennent bientôt faire alliance avec David (2 S 5, 1ss). David est ainsi à la tête de toutes les tribus d’Israël. Très habile, il s’empare alors de Jérusalem, située entre les deux groupes de tribus; il en fait sa capitale politique. Puis en introduisant l’arche, il fait de Jérusalem également le centre religieux d’Israël (2 S 5-6).

1) Quelle est l’intention de David ? Comment comprendre le refus du Seigneur ?
2) Quelles pistes vous ouvre 2 S 7,6 et la note de BJ sur 2 S 7, 13 ?
3) Pourquoi ce texte est-il si important dans la Bible ?

Question 1

Construire un temple fait partie des devoirs du roi; c’est aussi une manière de s’assurer la présence (bénéfique) de la divinité.
En refusant, Dieu montre que c’est lui qui a eu l’initiative dans la vie de David et qu’il l’a encore.
Ce n’est pas David qui fera une maison pour Dieu (un Temple), c’est Dieu qui fera une maison pour David (une dynastie) : cf. la note de BJ sur 2 S 7, 1 + ou celle de la TOB (sur le titre).

Question 2

Dieu n’a jamais demandé la construction d’un Temple : 2 S 7, 6 et la note BJ sur le v. 13 +.
Lire les références marginales sur 2 S 7,6 : ces références témoignent d’un courant en Israël qui a “toujours” plus ou moins refusé le Temple, car le Seigneur n’habite pas des maisons de pierres.

Question 3

2 S 7 se trouve au centre de l’histoire de David : il marque le sommet de son ascension. Contrairement à Saül, élu ( 1 S 9-10), puis rejet(1 S 15, 10ss), David voit son élection étendue à toute sa descendance.
. Placé avant l’histoire de la succession ( 2 S 9 – 1 R 2), tellement marquée par les fautes et les faiblesses de David, ce texte manifeste la volonté de Dieu de construire une maison à David.
Ce texte fondamental a été relu et retravaillé au cours des siècles et il est devenu la base de l’espérance messianique : cf. 2 S 7, 1 + et 7, 13 +.

Vers le Nouveau Testament

Lire Mt 1,1 (Jésus, fils de Davis) et Jn 1, 14 ( voir note TOB sur “il a habité”) : en partant de ces textes, réfléchir à la manière dont le Nouveau Testament voit l’accomplissement de la promesse faite à David.

Prière : reprendre la prière de David en 2 S 7, 18ss; ou bien un atelier de prière sur Jn 1,14.

4. – David, un pécheur pardonné : 2 S 12, 1-15

L’histoire de la succession de David (2 S 9 – 1 R 2) est un récit composé très peu après les événements : son but est de montrer comment Salomon est l’héritier légitime de David, le porteur de la promesse (voir BJ et TOB sur 2 S 9, 1 +).
David, l’élu de Dieu, l’ancêtre du Messie reste néanmoins un pécheur. La faute de David, relatée en 2 S 11-12 devient ainsi l’occasion de souligner la fidélité de Dieu qui maintient son dessein de salut malgré la faiblesse et l’ingratitude des hommes; elle nous offre également en David l’exemple d’un homme confronté à la Parole de Dieu qui le juge et le sauve.

1) Que pensez-vous de l’intervention de Natân ? Quel est son but ? L’obtient-il ?
2) En 2 S 12 7-10 , relever tout ce que Dieu a fait pour David ; quelle est la faute de David ?
3) Qu’apporte à David le pardon de Dieu ? Que contient le jugement ? Pourquoi la mort
de l’enfant ?

Question 1

Natân se sert d’une parabole; il veut amener David à juger objectivement le cas qu’il lui soumet : cf. des exemples analogues en 2 S 14, 4-17 (cité en marge) et Is 5, 1ss.
David répond à son attente et condamne l’injustice faite au pauvre, sans savoir encore que ce jugement retombe sur lui.

Question 2

Je t’ai oint… sauvé, livré la maison de ton maître…
Tu as méprisé le Seigneur… frappé par l’épée … pris sa femme…
La faute de David est d’abord un mépris du Seigneur (v. 9-10) qui l’a élu; c’est ensuite une faute à l’égard de Urie, à qui il a pris la vie et la femme (injustice).

Question 3

A cause de l’aveu de sa faute, David ne mourra pas (v.5 . 7 et 13).
Mais la loi du talion : tu as frappé par l’épée… l’épée ne se détournera pas de ta maison; tu as prisla femme d’Urie… je prendrai tes femmes sous tes yeux. Comparer avec la suite de l’histoire de David : mort de ses fils, révolte d’Absalom.
La mort de l’enfant (v.14) n’est pas la punition d’un innocent, mais celle de David : l’enfant qui t’est né mourra; cf. aussi v. 22 et un autre exemple semblable en 1 R 14, 1-18.

Vers le Nouveau Testament

Lire Rm 5, 6-11 et redécouvrir la grandeur du pardon qui nous est révélé par Jésus en le comparant avec celui de l’histoire de David.

Prière : Choisir le Ps 32 (31) ou 51 (50) : le Psalmiste exprime sa joie et son assurance du pardon de Dieu.

LES ANCETRES DE JESUS II

suiteLES PROPHETES

 

L’Ancien Testament est l’histoire de Dieu à la recherche de l’homme; il est aussi le témoignage de la recherche de Dieu par les hommes, plus exactement par le peuple d’Israël, élu providentiellement parmi les autres peuples pour préparer la rencontre inouïe qui se réalisera un jour en Jésus de Nazareth.

Lire l’Ancien Testament, le méditer, c’est donc découvrir comment, au cours des siècles, Dieu s’est progressivement révélé aux hommes. C’est se laisser émerveiller par cette lente pédagogie de Dieu, qui prenant les hommes tels qu’ils sont avec leurs qualités et leurs limites, les appelle peu à peu à le connaître d’une manière de plus en plus personnelle. C’est admirer la longue patience de Dieu, prenant le temps – des siècles – pour préparer ce peuple qui sera le porteur de son Fils.

Lire l’Ancien Testament, c’est aussi faire connaissance avec ces hommes qui ont découvert dans leur vie le visage de ce Dieu qui les interpellait et qui lui ont donné une réponse. C’est faire connaissance avec les grandes figures qui jalonnent cette histoire et qui conservent pour nous le souvenir des grandes étapes du chemin.

Avec Jésus, les deux démarches se rejoignent; en lui, elles trouvent leur aboutissement et leur unification. Car, d’une part, en Jésus Christ Dieu nous a manifesté toute l’étendue de son amour pour nous : en lui, il nous a tout donné et il a révélé toute sa puissance de salut. D’autre part, en Jésus nous reconnaissons le parfait modèle de l’homme devant Dieu, dans l’obéissance parfaite à sa volonté et la réponse totale à son amour.

Les grands personnages de l’Ancien Testament que nous proposons d’étudier sont les ancêtres de Jésus et ils sont pour nous des exemples et des leçons. Comme l’a écrit H. Duesberg, “ils sont des ébauches; leur perfection ne consiste pas à reproduire un modèle, mais à le faire pressentir.”

Après avoir découvert – ou redécouvert – Abraham, Moïse et David, voici quelques textes qui nous ferons mieux connaître trois grandes figures du prophétisme : Isaïe, Jérémie et le prophète anonyme de l’Exil que l’on appelle le Deutéro-Isaïe.

Familiers de Dieu, ses témoins et ses porte-parole, ils ont annoncé et préparé la venue de Jésus.

I S A ï E

Plus de deux siècles séparent David d’Isaïe et bien des événements ont marqué l’histoire du peuple d’Israël pendant cette période. Nous ne retiendrons ici que les principaux.

Le Schisme : Devant le danger que représentaient les Philistins, les tribus d’Israël s’étaient unies et avaient accepté l’autorité de David. Mais cette unité restait très fragile et des tendances séparatistes se manifestèrent déjà à la fin du règne de David, puis sous le règne de Salomon. A la mort de ce dernier, en 931, les tribus du Nord exigent de son successeur Roboam une plus grande autonomie et, devant son refus, elles se séparent du Sud et forment le royaume d’Israël avec Jéroboam comme premier roi (voir 1 R 12); seule la tribu de Juda et une partie de celle de Benjamin demeurent fidèles au descendant de David et forment le royaume de Juda ou du Sud.

Le danger assyrien : le pays de Canaan est situé à un carrefour et il a toujours été convoité par ses grands voisins, en particulier par l’Egypte et par les empires qui se sont succédés en Mésopotamie. La réussite de David s’explique, en partie, par la faiblesse à la même époque de ces grands voisins.
Mais au 8ème siècle, à l’époque d’Isaïe, l’Assyrie est en pleine remontée et elle a entrepris son extension vers l’ouest, menaçant du même coup l’existence des petits royaumes situés sur le bord de la Méditerranée. Certains se liguent pour faire face à ce danger assyrien : ainsi le royaume de Damas et celui d’Israël; d’autres, au contraire, choisissent une politique pro-assyrienne : ainsi le royaume de Juda. Sur cette histoire, voir 2 R 16, 5ss.

Les prophètes : l’adoption de la royauté par les tribus d’Israël n’alla pas sans poser des problèmes, car le seul roi d’Israël, c’est le Seigneur et le peuple de Dieu ne saurait être “comme les autres nations”. Aussi au moment où la royauté s’impose en Israël, on voit apparaître à côté du roi et souvent en face de lui, le prophète. Celui-ci se présente comme la voix de Dieu, son porte-parole devant le peuple et devant le roi : ainsi Natân, Elie, Elisée, Amos, Osée et bien d’autres.

Isaïe : le prophète Isaïe commence son ministère vers 740, c-à-d. à une époque où la menace assyrienne est particulièrement forte. A Jérusalem, le roi et ses conseillers hésitent entre une politique pro-assyrienne et une politique pro-égyptienne. Finalement sous le roi Achaz, la première tendance l’emportera. Mais pour Isaïe, l’une et l’autre sont fausses et elles se révéleront fatales pour le royaume de Juda, car elles signifient un manque de foi à l’égard du Seigneur et la recherche d’appuis purement humains.
La notion qu’Isaïe a de son Dieu, de sa sainteté, de son pouvoir dépassant largement les frontières de Canaan, lui fait ressentir la politique royale comme une grave infidélité qu’il se doit de dénoncer avec force.

Notre étude : nous lirons d’abord Is 6 qui présente la vocation du prophète et nous renseigne sur sa conception de Dieu. Les trois autres études seront tirées du “Livre de l’Emmanuel” (Is 7,1-11,9); sur ce point voir les Introductions à Isaïe en BJ ou TOB.

1. La vocation d’Isaïe : Is 6, 1-13
2. Le Seigneur donne un signe : Is 7, 10-17
3. Un enfant nous est né : Is 9, 1-6
4. De la souche de Jessé : Is 11, 1-9

Note complémentaire : l’espérance d’Isaïe et Jésus

En lisant et en étudiant ces textes d’Isaïe – en particulier les textes 2-3-4 ci-dessus – beaucoup de chrétiens pensent spontanément à Jésus et voient dans ces passages des annonces de la venue de Jésus et de son ministère. Mais est-ce bien là le sens que le prophète donnait à ces paroles ?
Pour clarifier ce problème, nous pouvons relire un texte de Vatican II, tiré de la Constitution sur la Parole de Dieu (D.V. no. 12) :

“Dans la sainte Écriture, Dieu a parlé aux hommes à la manière des hommes; en conséquence, pour voir clairement ce que Dieu lui-même a voulu nous communiquer, il faut chercher avec attention ce que les auteurs sacrés ont voulu dire et ce qu’il a plu à Dieu de faire passer dans leurs paroles. .”

“Ce que les auteurs sacrés ont voulu dire…”

Si l’on applique ce texte à notre problème, on dira qu’il est peu vraisemblable que le prophète Isaïe ait voulu parler de Jésus huit siècles avant sa venue. Porte-parole de Dieu pour ses contemporains, Isaïe avait d’abord en vue des personnes et des événements de son époque. Ce qu’il annonce, c’est la fidélité de Dieu à la dynastie de David au moment où la guerre syro-éphraïmite met en danger la succession. Isaïe voit le gage de cette protection divine dans l’enfant dont il annonce la naissance et qui, il l’espère, saura se confier entièrement en Celui qui est le Saint d’Israël et le Roi de toute la terre. Une telle “politique” ne manquera pas d’apporter au peuple la paix qu’il désire.

“et ce qu’il a plu à Dieu de faire passer dans leurs paroles.”

La Bible est parole d’hommes, mais elle est également Parole de Dieu. C’est parce qu’Israël avait cette conviction que ces paroles anciennes ont été conservées et sont parvenues jusqu’à nous.
En les relisant au cours des siècles, la tradition d’Israël a découvert peu à peu dans ces textes un message qui dépassait certainement les vues du prophète du 8ème siècle avant Jésus, aidée en cela par les événements.
En effet, comment pouvait-on comprendre cette fidélité de Dieu à ses promesses au moment où le royaume de Juda était détruit et où le successeur de David était captif à Babylone ? La réponse de foi d’Israël est celle-ci : puisque l’institution royale a fait faillite, Dieu trouvera une autre voie pour réaliser les promesses. Son envoyé, le Messie, apportera un jour et de manière définitive ce que le peuple d’Israël avait vainement attendu de ses rois. Telle est la re-lecture de ces textes par la tradition d’Israël à partir de l’Exil (cf. par ex. le témoignage de la traduction grecque de la LXX).
A leur tour, les auteurs du Nouveau Testament re-liront ces textes à la lumière de Jésus et de leur foi au Christ et ils en dévoileront une dimension nouvelle et inattendue : en Jésus est inauguré le Règne de Dieu qui seul peut apporter à tous les hommes la paix dont parlaient ces oracles de l’Ancien Testament.

1. – La vocation d’Isaïe : Is 6, 1-13

Bien que ne se trouvant pas au début du livre – comme c’est le cas pour les livres de Jérémie ou Ezéchiel – ce chapitre 6 d’Isaïe est celui de la vocation du prophète, de sa rencontre avec le Seigneur, de la prise de conscience de sa mission.
Généralement on situe cet appel vers 740. Sa place actuelle en fait le prologue du Livre de l’Emmanuel, concernant les événements survenus au temps d’Achaz (à partir de 736), et plus précisément en lien avec la guerre syro-éphraïmite (voir à ce sujet 2 R 16, 5-9 et la note de TOB sur 2 R 15, 37).

1) Relever dans ce texte tout ce qui est dit de Dieu : qui est-il ?
2) Comment comprendre la réaction d’Isaïe au v. 5 ?
3) Quel est le rôle d’Isaïe ? Sa mission est-elle sans espoir ?

Question 1

Le Seigneur est Roi; en Juda, c’est le seul Roi, (noter l’allusion à la mort d’Ozias), il porte les insignes de sa royauté (la traîne), il est entouré de serviteurs (Is 6,2 +); il est Roi de toute la terre (6,3)…
Il est Saint : Is 6,3 + : utiliser la note BJ qui renvoie à Lv 17,1 + ainsi qu’à Is 1, 26 + et Is 5, 16 +.
Noter dans cette scène les signes traditionnels des manifestations de Dieu : Is 6, 4 ( voir la note et les références marginales, spécialement celle d’ Ex 19,16 +).

Question 2

Noter la suite “je vis le Seigneur…” (6,1 ) et “je suis perdu…” (6,5)
Éclairer la réaction d’Isaïe parla note sur Ex 33,20 + (cité en marge).
Devant la sainteté de Dieu, l’homme prend conscience de son état de pécheur; la situation du prophète est encore aggravée par sa solidarité avec le peuple (6,5).
Noter le lien entre Is 6,6 et 6,8 : c’est après avoir été purifié qu’il entend la voix du Seigneur !

Question 3

Le prophète est le porte-parole de Dieu : Is 6,8 et note BJ.
Sur la mission d’Isaïe : 6, 9-10 et notes BJ et TOB : la Parole de Dieu est une Présence de
Dieu qui met en évidence le péché de l’homme et son incrédulité.
Isaïe annonce un salut, mais il se réalisera au-delà de la destruction présente, cf. v. 11-13 et la note BJ sur 6,13 (qui nous renvoie à Is 4, 2-3).

Vers le Nouveau Testament

Lire Lc 5, 1-11 : comparer la réaction des disciples en présence de la sainteté de Dieu mani-festée en Jésus (Lc 5,8).

Prière : Lire le Ps 99 (98) et reprendre des phrases dans la prière. Chant : “Dieu Saint… “

2.- Le Seigneur donne un signe : Is 7, 10-17

Le contexte politique de cet oracle est le même que celui d’Is 7, 1-9 (cf. Is 7, 1-2 et les notes de BJ et TOB). Devant le danger qui menace Jérusalem et le royaume de Juda, Isaïe invite le roi Achaz à se confier entièrement dans le Seigneur et il lui offre, de la part du Seigneur, un signe, gage de cette protection divine.

1) Comment peut-on comprendre le refus d’Achaz à la proposition d’Isaïe ?
2) Quel est le signe que Dieu donne ? Que signifie le nom de cet enfant dont Isaïe annonce
la naissance ?
3) Qui est cet enfant ? Qui est sa mère ?

Question 1

D’après certains textes de l’AT, l’homme ne doit pas mettre Dieu à l’épreuve, cf. Dt 6,16 (cité en marge), notamment en demandant un miracle. Cf. aussi Ac 15,10 +.
Mais ici c’est Dieu qui invitait Achaz à demander un signe; si celui-ci refuse, c’est parce qu’accepter le signe, c’était aussi accepter d’y ajouter foi et donc de se confier entièrement en Dieu, comme le lui demandait Isaïe : cf. TOB note sur 7,12.
Remarquer le changement de possessif : au v. 11 “ton Dieu”; mais après le refus du roi, au v. 13 “… de fatiguer mon Dieu”.

Question 2

Le signe est la naissance d’un fils, qui sera l’héritier royal : cf. notes BJ et TOB.
Emmanuel = Dieu-avec-nous : cf. BJ 7,14 +.
C’est un nom prophétique, cf. Is 1,26 +, qui souligne la présence protectrice de Dieu pour le roi et son peuple.
Le nom donné à l’enfant à naître n’est seulement une indication; c’est déjà un début de réalisation de ce que le Seigneur fera.

Question 3

Pour la mère, voir Is 7, 14 + : le mot hébreu signifie aussi bien jeune femme que jeune fille.
La LXX a rendu ce mot hébreu par le mot “vierge” ; ceci nous indique comment on comprenait ce texte à l’époque de la traduction (3-2ème siècle avant J.-C.). Les Évangélistes continuent dans cette ligne et voient dans la naissance virginale de Jésus l’accomplissement de cette parole d’Isaïe.
Pour l’enfant, cf. Is 7,14 + : Isaïe annonce au roi la naissance d’un fils héritier. Dans cette période critique de la vie du royaume, c’est un gage de la protection divine pour la dynastie de David. Mais la promesse dépasse Ezéchias et elle sera pleinement réalisée par la nais- sance de Jésus, qui est véritablement Dieu-avec-nous (cf. Mt 1,23).

Vers le Nouveau Testament

Relire Mt 1, 18-25 : Dieu réalise sa promesse, bien au-delà de l’espérance des hommes.

Prière : Atelier de prière à partir de Mt 28, 20.

3. – “ Un enfant nous est né ” : Is 9, 1-6

Refusant de se confier en Dieu, Achaz a fait appel à l’Assyrie (cf. 2 R 16, 7-9), qui intervient, occupe la partie nord du royaume d’Israël (2 R 15,29) et soumet Samarie (2 R 17,3). Mais cette politique rend Achaz impopulaire et il doit associer au trône son fils Ezéchias : telle est probablement l’occasion de l’oracle d’Is 9, 1-6. Le prophète a reporté sur l’enfant son espérance concernant la dynastie de David et il espère la libération des terri-toires d’Israël qui ont passé sous le joug assyrien (cf. Is 8,23 et notes de BJ et TOB).

1) Relever les différentes images qui expriment la délivrance attendue.
2) Quelle est la véritable cause de la joie dans cet oracle d’Isaïe ?
3) Comment comprendre les noms qui sont données ici à l’enfant ?

Question 1

La lumière dans les ténèbres (cf. Jn 8, 12 +, spécialement le 2e.) : v. 1 et note en TOB.
La moisson et la victoire (partage du butin) : v. 2.
Le joug et le bâton brisés : v. 3; pour le “jour de Madian”, cf. Jg 7, 1 + ; cette victoire avait alors permis à Israël l’implantation dans le nord, cf. aussi le note TOB sur le mot “Madian”.
L’équipement guerrier est détruit : v. 4 et notes de BJ et TOB.
La “naissance” d’un enfant : v. 5.

Question 2

Noter la progression de l’oracle : les deux premiers “car” introduisent une certaine joie (v. 3-4), mais la cause profonde de la joie est indiquée par le troisième “car” (v.5) : l’enfant donné par le Seigneur.
Plutôt que de naissance, il s’agit ici de l’accession au trône : cf. note TOB sur Is 9,5; cf. aussi 2 S 7, 12-16, cité en marge : l’avènement de ce roi est un accomplissement de la pro-messe faite à David.

Question 3

Ce sont les noms données à l’intronisation; ils sont le gage d’un destin glorieux : cf. Ps 2, où le roi est proclamé “fils de Dieu”; voir les cinq notes de TOB sur Is 9,5.
Le pouvoir sur ses épaules… : allusion au manteau royal, symbole de pouvoir.
Ce que l’on attend d’un roi idéal : sagesse dans le gouvernement, force-audace à la guerre, père pour son peuple (cf. 2 S 24, 12), à qui il assure la “paix”, c-à-d. tout ce qui permet un vie heureuse et libre.
Voir les notes e TOB sur ces différents titres donnés à l’enfant.

Vers le Nouveau Testament

Lire Mt 4, 13-16 : pour l’évangéliste, ce temps de “paix” est inauguré par la prédication de Jésus, celui que Dieu vient de proclamer “son Fils” (Mt 3,17).

Prière : reprendre dans la prière les noms donnés par Isaïe à l’enfant et continuer la litanie des noms, en l’appliquant à Jésus.

4. – De la souche de Jessé : Is 11, 1-9

C’est le troisième des grands oracles de l’Emmanuel, qui est présenté comme le “rejeton de la souche de Jessé”. Voir BJ Is 11, 2 +.
Pour certains, cet oracle aurait été prononcé au moment de l’accession au trône d’Ezéchias et il exprimerait l’espérance qu’Isaïe plaçait alors en lui. Pour d’autres, cet oracle est tardif : déçu par la politique d’Ezéchias, dont il attendait tant, Isaïe se tournerait ici vers l’avenir et annoncerait la venue d’un roi idéal (cf. notes BJ et TOB sur Is 11, 1).

1) Les v. 1-2 nous présentent le personnage : que peut-on en retenir ?
2) Qu’attend-on de ce roi (v. 3-5) ?
3) Comment comprendre les images des v. 6-9 ?

Question 1

Le roi attendu sortira de la souche de Jessé : voir 1 S 16; cf Is 11, 1 +.
L’Esprit de Dieu repose sur lui : cf. Is 11,2 + ; comparer avec Jg 3, 10; 6,34… où il dit que
l’Esprit tombe sur un homme et en fait un sauveur pour une action ponctuelle de libération. Ici l’Esprit repose sur lui; cf. note TOB sur 11, 2.
Sur ce que l’esprit apporte, voir note BJ et TOB sur 11,2.

Question 2

Les v. 3-5 décrivent le ministère de ce roi : rendre la justice est une des premières fonctions d’un roi, cf. TOB sur 11,3.
L’action du roi doit profiter surtout aux faibles et aux humbles : voir note BJ sur Am 2, 6 +; cf. aussi en TOB la note sur Is 11,4.
Justice et fidélité ne le quittent pas plus que la ceinture de ses reins.

Question 3

Les v. 6-9 évoquent un nouvel ordre des choses, cf. Is 11,6 +. Pour la Bible, le sort de l’homme et celui de la création sont intimement liés.
Il y a une allusion à la paix paradisiaque : même le serpent (Gn 3,1) ne fait plus de mal; cf. la note TOB sur 11, 8.
Le v. 9 conclut le poème et donne l’explication de cette “paix” : la connaissance de Dieu (cf. Os 2,22 +); cf. aussi la note TOB sur 11,9.

Vers le Nouveau Testament

Lire Ep 2, 13-18 et échanger entre vous : quelle est la différence entre la paix annoncée par Isaïe et celle proclamée en Ephésiens 2 ?

Prière : après avoir relu le texte, reprendre une phrase en la prolongeant par une intercession ou une louange.

JEREMIE

Généralement la Bible ne nous donne guère de renseignements sur les personnages qui interviennent : Jérémie est une exception. Pour lui, nous disposons de trois sortes de textes :
– des passages biographiques, dus vraisemblablement à son secrétaire et ami, Baruch;
– des textes autobiographiques, les “Confessions” dans lesquelles Jérémie nous dit comment il vit sa difficile mission;
– enfin les oracles prononcés par Jérémie au cours de son ministère.

Grâce à ces documents, nous pouvons nous représenter assez exactement ce que fut la vie du prophète et sa mission. Jérémie commence son ministère vers 627 et il l’exerce jusqu’au moment de la destruction totale de Jérusalem et du royaume du Sud en 587.

Au début de son ministère, Jérémie entrevoit encore quelques lueurs d’espérance pour son peuple : Josias, qui a succédé à Manassé et Amon, profite du déclin de l’Assyrie pour tenter de refaire le royaume de David en reconquérant une partie du royaume d’ Israël.
A la suite de la découverte du “Livre de la Loi” (probablement le texte de Dt 12-16) dans le Temple de Jérusalem en 622, Josias met en oeuvre une réforme religieuse qu’il voudrait profonde (voir 2 R 22-23).
Mais cet espoir est de courte durée : en 609 Josias meurt à Meggido et ses successeurs ne pourront pas s’opposer à la puissance de Babylone, qui a pris maintenant la relève de l’Assyrie. Les tentatives d’alliances politiques – contre lesquelles s’élève Jérémie – ne pour-ront sauver Jérusalem.
En 598, la ville est prise une première fois et l’élite de la population est déportée à Babylone (cf.2 R 24, 10-16); dix ans plus tard, en 587, à la suite d’une révolte, Jérusalem est de nouveau assiégée, puis prise et détruite; la population est emmenée à Babylone (cf. 2 R 25, 1-21) : c’est l’Exil.

La mission de Jérémie

Choisi par Dieu pour porter sa Parole dans un monde qui s’écroule, Jérémie est écrasé par la mission qui lui a été confiée. Contrairement à Isaïe, qui un siècle plus tôt, au moment du siège de Jérusalem par Sennachérib (en 701) pouvait assurer le peuple et le roi de la protection du Seigneur, Jérémie doit annoncer un message très impopulaire: cette fois, le Seigneur ne fera pas de miracle, il faut se rendre aux Babyloniens, car ce n’est qu’au-delà de la punition qu’il y aura un avenir pour le peuple.
Jérémie souffre le premier du message qu’il doit proclamer et il se bat, mais en vain, contre sa vocation. Rejeté, persécuté par ses contemporains, il risque plusieurs fois sa vie à cause des paroles qu’il doit annoncer de la part du Seigneur.
Pourtant, c’est son message, incompris d’abord, mais ensuite médité par les exilés, qui sera un des principaux éléments de la renaissance du peuple de Dieu en exil.

Notre étude

Nous verrons dans cette étude comment Jérémie parle de sa rencontre avec le Seigneur (1) et comment il a vécu sa difficile mission (4 et 6).

Les textes (2) et (3) nous feront connaître quelques aspects de son message et le (7) nous montrera à quels dangers il a été exposé à cause de la Parole de Dieu.
En regardant travailler un potier, Jérémie a découvert le sens de ce qu’il devait vivre au sein de son peuple (5) et dans une page célèbre, un des sommets de l’Ancien Testament, Jérémie osera parler d’alliance nouvelle (8), préparant ainsi ce que Jésus réalisera des siècles plus tard.

Durant son ministère, Jérémie s’est trouvé confronté à d’autres prophètes qui annonçaient un message très différent du sien. Comment savoir alors qui parle au nom du Seigneur, c’est ce que nous verrons dans l’étude (9) et nous terminerons par la Lettre que Jérémie adresse aux déportés de 598 (10).

1. “C’est le Seigneur qui m’a envoyé… “ Jr 1, 4-10
2. La Seigneur, la source d’eau vive : Jr 2, 4-13
3. Le discours contre le Temple : Jr 7, 1-15
4. La vocation renouvelée : Jr 15, 10-21
5. Chez le potier : Jr 18, 1-12
6. “Je me suis laissé séduire…” Jr 20, 7-13
7. Jérémie en procès : Jr 26, 1-19
8. Une alliance nouvelle : Jr 31, 31-34
9. Vrais ou faux prophètes : Jr 28, 1-17
10. La Lettre aux exilés : Jr 29, 1-32

1. – “C’est le Seigneur qui m’a envoyé…” : Jr 1, 4-10

Quand Jérémie est arrêté et sur le point d’être mis à mort pour avoir annoncé la ruine de Jérusalem et du Temple, sa seule défense sera : “C’est le Seigneur qui m’a envoyé…” (Jr 26, 12ss). C’est dire toute l’importance du récit de la vocation : le souvenir de ce jour où Dieu est entré dans sa vie est pour lui la garantie personnelle de sa mission, comme il est sa justification devant le peuple, ses “lettres de créances” pour ceux à qui il est envoyé.

1) Comment est exprimée au v. 5 la vocation de Jérémie ?
2) Le Seigneur accepte-t-il les objections de son prophète ?
3) Comment voyez-vous dans le v. 10 la mission de Jérémie ?

Question 1

Noter les trois verbes : je t’ai connu… consacré… établi prophète des nations – et cela, dès avant sa naissance !
Sur le mot “connaître”, voir Jr 1, 5 + (qui renvoie à Am 3,2); cf. aussi la note de TOB sur Jr 1,5.
Consacrer ou sanctifier : c’est mettre à part, séparer du profane, pour faire entrer dans le service du Dieu Saint (cf. Lv 17, 1 +); voir encore note TOB sur ce mot en Jr 1, 5.
Prophète des nations : le ministère de Jérémie se déroule tout entier en Juda, mais son message déborde beaucoup ce cadre géographique.

Question 2

Enfant signifie ici celui qui n’a pas encore l’âge requis pour une charge publique (30 ans), mais l’objection ne tient pas devant le Seigneur qui est libre de choisir qui il veut : voir note TOB.
Noter l’insistance du v. 7 : “ne dis pas… tu iras vers tous ceux… tu diras tout ce …
Mais Jérémie ne sera pas seul (v.8) : Dieu est solidaire de celui qu’il appelle à une mission; et ce seront les paroles de Dieu que Jérémie devra prononcer (v.9).

Question 3

Noter les verbes qui expriment la mission : la disproportion entre les quatre premiers (destruction) et les deux derniers (édification) souligne bien que la mission de Jérémie est d’abord l’annonce du jugement de Dieu sur le peuple infidèle.
Voir aussi la note TOB sur la fin du v. 10.

Vers le Nouveau Testament

Lire Ga 1, 15-17 : pourquoi Paul décrit-il sa mission en citant Jr 1, 5 ?

Prière : comme pour Jérémie, Dieu nous connaît mieux que nous-mêmes. C’est pourquoi, nous pouvons lui faire confiance : prions le Ps 139 (138).

2. – Le Seigneur, la source d’eau vive : Jr 2, 4-13

La mission confiée à Jérémie est d’abord une mission d’accusation; il doit faire le procès de son peuple. Lors de l’alliance, Dieu s’est engagé à prendre Israël pour son peuple et Israël a choisi YHWH comme son Dieu. Comment cette alliance a-t-elle été vécue ? Cet oracle paraît s’adresser à tout Israël (à ce qui reste du royaume du Nord après 721) aussi bien qu’au royaume de Juda.

1) Qu’est-ce que le Seigneur a fait pour son peuple ?
2) Quelles sont les fautes du peuple dénoncées par Jérémie ?
3) Par l’image de l’eau, à quoi Jérémie veut-il faire allusion ?

Question 1

Relever les différentes actions du Seigneur pour son peuple ( v. 6-7).
Noter le lien avec la sortie d’Egypte, qui est au coeur de la foi d’Israël et de son credo.
Éclairer le texte de Jérémie par les références que la BJ donne ici en marge du texte.

Question 2

Noter les fautes que Jérémie reproche à tout le peuple : quitter le Seigneur pour des idoles, oublier les bienfaits passés et actuels…
Remarquer les reproches aux principaux responsables : v. 8-9.
Les prêtres, dont la mission est de garder la Loi et d’interpréter les clauses de l’alliance : voir note TOB.
Les pasteurs, c-à-d. ici le roi et les responsables de la vie politique : cf. Ez 34, 1 +.
Les prophètes qui devraient être les porte-parole de Dieu : cf. Jr 23, 9ss.

Question 3

Comparer Jr 2, 13 avec 2, 18 7et la note BJ) : comme Isaïe, Jérémie voit dans les alliances étrangères une infidélité à l’égard du Seigneur. C’est chercher du secours ailleurs que dans le Seigneur.
La BJ donne en marge Jn 4, 1 + (lire cette note) : l’eau de source, symbole de la vie que Dieu donne… mais que le peuple rejette en préférant “se creuser des citernes…”.

Vers le Nouveau Testament

Lire Jn 4, 10-15 : Jérémie reproche au peuple de na pas apprécier la source d’eau vive; la femme de Samarie la demande à Jésus. Et nous ?

Prière : Le Seigneur est-il pour nous une source d’eau vive ? Laissons-nous enseigner par Dieu en priant le Ps 42-43 (41-42).

3. – Le discours contre le Temple : Jr 7, 1-15

En Jr 26, 1-19 nous sont décrites les circonstances de cette prédication et les conséquences qui en découlèrent pour le prophète. Mais sur quoi portaient précisément les reproches de Jérémie et pourquoi est-il si dangereux de parler contre le Temple ?

1) Que représentait le Temple pour les contemporains de Jérémie ?
2) Sur quoi portent exactement les reproches de Jérémie ?
3) Pourquoi l’annonce de la ruine du Temple est-elle ressentie comme une atteinte à Dieu
et comme un blasphème ?

Question 1

Lire la note de BJ sur Jr 7, 1 +, qui nous renvoie à Dt 4, 7 + ainsi qu’aux épisodes du ministère d’Isaïe : Is 37, 33-35.
Relever dans le texte même des indications du lien entre le Temple et Dieu : c’est le temple de YHWH (7, 2.4), qui porte son NOM (7, 10.11.14), que Dieu a donné à son peuple (7,14), où l’on vient se prosterner devant le Seigneur (7, 2.10), dans lequel le peuple place sa confiance (7,14). Il est comparé à celui qui était autrefois à Silo (7, 12.14).

Question 2

Jérémie ne rejette pas totalement le culte du Temple, mais dans la ligne des prophètes, il place le culte du Temple après l’observation de la Loi : cf. Jr 7,21ss (voir note BJ sur Jr 7,22 +).
Mais surtout Jérémie dénonce la fausse sécurité placée dans le Temple alors que le Décalogue n’est pas respecté : noter les allusions aux “Dix Paroles” dans les reproches de Jérémie.

Question 3

Comparer ce que dit Jérémie avec ce que disait Isaïe (Is 37, 33-35) : un siècle après Isaïe, Jérémie donne au nom du Seigneur une parole opposée à celle d’Isaïe. Est-ce bien une Parole de Dieu ?
Le Deutéronome dont la loi avait servi à la réforme de Josias parle de Jérusalem et du Temple comme “ des lieux choisis par Dieu” : Dt 12, 5ss.
La destruction du temple et de la ville pouvait être interprétée comme une faiblesse du Seigneur, incapable de défendre son sanctuaire et sa ville .

Vers le Nouveau Testament

Lire Jn 2, 13-22 : Jésus parle de son corps comme le nouveau Temple. Comment le texte de Jérémie nous aide-t-il à avoir une attitude plus juste à l’égard du Temple nouveau ?

Prière : nous sommes toujours tentés de nous attacher à certaines formes de culte plutôt qu’à Dieu et à sa Parole. Prions avec le Psalmiste : Ps 50 (49).

4. – La vocation renouvelée : Jr 15, 10-21

La BJ donne à ce texte le titre “la vocation renouvelée”. Ce dialogue entre Dieu et le prophète nous laisse deviner un peu le drame vécu par Jérémie durant son ministère (voir les autres textes sur les “Confessions” cités en Jr 15, 10 +).
Comment Jérémie a-t-il ressenti sa vocation ? Quels ont été les rapports entre Dieu et le prophète ?

1) De quoi Jérémie se plaint-il dans ce passage des “Confessions” ?
2) Relever ce que Jérémie a fait de positif ?
3) Comment Dieu répond-il ? Que pensez-vous de cette réponse de Dieu ?

Question 1

Jérémie se plaint d’être depuis sa naissance un “homme de querelle et de discorde”, et cela à cause de sa vocation de prophète.
Il se plaint d’être maudit, comme un prêteur ou un emprunteur.
Il se plaint encore de la lenteur de la colère de Dieu contre ses persécuteurs; cette action de Dieu serait pour lui une confirmation de sa justice alors qu’il se demande s’il n’a pas fait fausse route, si Dieu n’est pas pour lui “un ruisseau trompeur” (sur cette expression, voir Jb 6, 15-20).

Question 2

Lire le v. 11 ; voir cependant la note dans la nouvelle édition de la Bible et en TOB sur Jr 15,11 +.
Jérémie subit les effets de son attachement à Dieu et à sa Parole (v. 15-16).
A cause de sa vocation, Jérémie est condamné à l’isolement (v. 17); cf. Jr 16, 1ss.

Question 3

Relire le passage de la vocation : Jr 1, 7-8.
Devant les cris de Jérémie, le Seigneur ne le dispense pas de sa mission, mais il l’appelle à une plus grande fidélité (15, 19 +) en lui renouvelant la promesse de son aide (15,20).
Ainsi Jérémie est appelé à se convertir sans cesse (15,19); cf. déjà en Jr 12, 5.

Vers le Nouveau Testament

Lire Jn 4, 31-34 : Jésus révèle à ses disciples que sa nourriture, c’est de faire la volonté de son Père. Comparer cette attitude du Fils avec celle du prophète .

Prière : comme Jérémie, le Psalmiste a été tenté d’abandonner la voie de Dieu; peut-être avons-nous déjà fait la même expérience ? Prions le Ps 73 (72).

5. – Chez le potier : Jr 18, 1-12

Le contexte de cette Parole de Dieu paraît être la prière de Jérémie en 17, 14-18 : le prophète a dû annoncer à ses compatriotes des paroles de malheur, mais pour le moment ces malheurs ne se sont pas réalisés et ses contradicteurs se moquent de lui (17,15). Jérémie ne comprend plus. Pourquoi la Parole qu’il a dû dire de la part du Seigneur reste-t-elle sans effet ? En réponse le Seigneur l’invite à descendre chez le potier.

1) En quoi l’action du potier révèle-t-elle à Jérémie l’action de Dieu ?
2) Comparer Jr 18, 7-10 avec Jr 1,10 (cité en marge) : quelles constatations pouvez-vous
faire ? Quelles remarques ?
3) Comment comprenez-vous le rapprochement avec Ez 18, 21-24 (en marge) ?

Question 1

Le potier connaît le modèle du vase qu’il veut tirer de la glaise, mais parfois son projet rate à cause de l’argile.
Le potier recommence; il ne se décourage pas; il est plus patient que Jérémie (Jr 17,18).
Le potier est maître de son argile.

Question 2

On retrouve ici les même verbes qu’en Jr 1,10 où ils exprimaient la mission de Jérémie (cf. Jérémie 1).
Noter que cette proclamation de bonheur ou de malheur n’est pas indépendante de la réaction des auditeurs (v. 8.10).
L’annonce d’un malheur est encore une dernière invitation pressante à l’éviter (v. 11); cf. Jr 36,3.

Question 3

Dans les deux cas, l’attitude du Seigneur peut changer selon le comportement de l’homme : cf. Ez 18,21 +.
Mais Jérémie parle encore dans l’optique de la responsabilité collective, alors qu’Ezéchiel se place sur le plan de la responsabilité personnelle : voir Ez 14, 12 + (cité en marge d’Ez 18, 1.

Vers le Nouveau Testament

Lire Rm 9,19-24 : réfléchissant sur la situation d’Israël, saint Paul se souvient de la réponse donnée par Dieu à Jérémie.

Prière : que le Seigneur nous aide à garder toujours confiance en lui, même lorsque nous ne comprenons plus . Prions le Ps 130 (129).

6. – “Je me suis laissé séduire… “ Jr 20, 7-13

Il n’a jamais été facile d’être prophète, mais ce rôle fut particulièrement difficile pour Jérémie en raison de son tempérament et des circonstances historiques dans lesquelles il a été appelé à l’exercer.
Son ministère ne lui rapporte que mépris, quand ce ne sont pas les coups (cf. Jr 20, 1-2). Jérémie est accablé; il voudrait renoncer. Mais il a été séduit par Dieu et il comprend qu’il ne pourra lui résister.

1) Quels sont les reproches que Jérémie adresse à Dieu (v. 7-9) ?
2) Quel “visage” de Dieu découvrons-nous dans ce texte de Jérémie ?
3) Que pensez-vous de l’attitude de Jérémie dans les v. 11-13 ?

Question 1

Dieu l’a séduit, maîtrisé,; il s’est montré le plus fort : 20, 7 et la note.
La Parole de Dieu est devenue pour lui source de moquerie, d’opprobre : comparer avec Jr 15,16 et expliquer.
La Parole de Dieu le brûle comme un feu; il doit parler malgré lui : cf. Am 3,8.

Question 2

Relever toutes les expressions qui concernent Dieu et chercher à les classer.
Le Seigneur a été plus fort que Jérémie (v.7), mais il est aussi plus fort que ses adversaires (v.11).
Jérémie ressent l’exigence de Dieu, mais il est sûr également que le Seigneur lui rendra justice.

Question 3

Noter les sentiments de Jérémie, sa confiance totale en Dieu.
Quel éclairage apporte ici Jr 11,20 + (cité en marge) ? Cf. aussi les citations marginales sur Jr 11,20, et en particulier Jr 17, 10 et Sg 1,6 +.
Voir encore Ps 7,10 (lire la note sur le titre du Ps ).
Le sentiment de vengeance doit se comprendre dans la situation de Jérémie – qui n’a encore aucune espérance dans la résurrection – . Pour lui, la justice de Dieu doit se manifester ici-bas, ou alors, elle n’existe pas !
Lire la note de BJ sur Jr 20, 13 +.

Vers le Nouveau Testament

Lire Mt 10, 17-22 : être témoin de la Parole n’était pas facile au temps de Jérémie, ni au temps de Matthieu : qu’en est-il aujourd’hui ?

Prière : Ps 31 (30) : retrouver dans ce Ps le même mouvement que dans le texte de Jérémie (de la plainte à la confiance).

7. – Jérémie en procès : Jr 26, 1-19

Si les “Confessions” nous permettent de connaître Jérémie de l’intérieur, les textes biographiques nous montrent comment il apparaissait à ses contemporains. Le chapitre 26 nous donne le contexte du Discours contre le Temple (cf. étude 3) : nous découvrons ainsi quel impact avait la prédication de Jérémie, mais aussi à quels dangers il s’exposait en se faisant le porte-parole du Seigneur devant le peuple.

1) Quel est le contenu de l’oracle de Jérémie ?
2) Quels sont les personnages qui interviennent dans cet épisode ?
3) Que dit Jérémie pour sa défense ?

Question 1

C’est un appel à la conversion : noter surtout 26, 3-4 et 13.
C’est une menace concernant Jérusalem et le Temple (v. 6-9) ; pourquoi de telles paroles sont-elles ressenties comme blasphématoires ?
Que signifie “devenir comme Silo “ ? : voir la note de BJ sur Jr 7,12 + (cité en marge).

Question 2

Relever les différents personnages du récit : v. 7.8.10.11.16. 17.
Remarquer l’opposition à Jérémie de la part des prêtres et des prophètes; au contraire, les princes de Juda lui semblent plutôt favorables : cf. Jr 26, 24 +. Le peuple, lui, est indécis : comparer le v. 8 avec le v. 16.
Noter l’intervention des anciens (v.17) rappelant l’exemple de Michée et le comportement d’Ezéchias (v.19), dans un cas semblable.

Question 3

Jérémie décline son identité : il est un envoyé du Seigneur (v. 12.14); il n’a fait qu’accom-plir la mission que le Seigneur lui a confiée.
Malgré le danger qui le menace (v.11), Jérémie lance un nouvel appel à la conversion (v.13).
Jérémie est conscient de sa faiblesse , mais aussi de son innocence : v. 14-15.

Vers le Nouveau Testament

Comme Jérémie, Jésus sera accusé par les autorités religieuses d’avoir parlé contre le Temple; il sera jugé digne de mort et personne ne prendra alors sa défense : lire Mt 26, 59-66.

Prière : prier le Ps 22 (21) avec Jérémie, avec Jésus et avec ceux qui aujourd’hui souffrent
comme témoins de Dieu.

8. – Une alliance nouvelle : Jr 31, 31-34

Au début de son ministère, Jérémie pensait que la conversion était possible et sa parole visait à ramener le peuple à la fidélité à l’alliance. Dans ce but, il a probablement soutenu la réforme entreprise par Josias (2 R 22-23). Mais assez rapidement, Jérémie s’est rendu compte de l’incapacité du peuple à vivre l’alliance donnée par Dieu au Sinaï. Allait-il alors désespérer ? Au contraire, confiant dans la fidélité de Dieu à son dessein de salut, Jérémie ose annoncer pour l’avenir une alliance nouvelle.

1) Que signifie nouvelle alliance ?
2) Qu’est-ce qui est véritablement nouveau dans l’alliance annoncée ?
3) Pourquoi Jérémie annonce-t-il une alliance nouvelle ?

Question 1

Ce n’est pas un renouvellement d’alliance, comme l’avait fait Josias quelques années auparavant, cf. 2 R 23, 3.
Il s’agit bien toujours de l’alliance, donc du même projet de Dieu de faire d’Israël son peuple (Je serai leur Dieu et ils seront mon peuple) : comparer avec Dt 26, 17-18 (voir la note sur Dt 26,16 +).
Mais il s’agit aussi d’une alliance nouvelle, qui va bien au-delà de celle du Sinaï.

Question 2

Sur la nouveauté de l’alliance, voir la note de BJ sur Jr 31, 31 + ; cette nouveauté porte sur 3 points.
La première alliance était révélation de Dieu qui libère son peuple de la servitude; dans la nouvelle alliance Dieu donne le pardon qui libère l’homme du péché et lui permet ainsi de vivre dans l’alliance (v.34).
L’alliance du Sinaï concernait Israël; dans la nouvelle alliance, l’appartenance ne sera plus une question de race.
Au Sinaï, la Loi indiquant la volonté de Dieu, avait été placée devant l’homme, sur des tables de pierre; désormais elle est inscrite dans le coeur de chacun.

Question 3

Jérémie constate l’échec de l’alliance du Sinaï (v. 32) ainsi celui du renouvellement tenté par Josias (cf. Jr 31, 31 +).
Il a conscience qu’une réforme des structures ne suffit pas (cf. Jr 13,23). Il faut un changement du “coeur” , ce que Dieu seul peut produire.
Malgré son analyse lucide et pessimiste de la situation, Jérémie garde confiance dans le dessein de Dieu : dans l’avenir ( “voici venir des jours…”), Dieu fera du nouveau.

Vers le Nouveau Testament

La Nouvelle alliance est accomplie en Jésus; nous y avons part si nous sommes “dans le Christ”, comme le dit s. Paul. Lire 2 Co 5, 17-21.

Prière : remercier Dieu pour son plan de salut avec Ep 1, 3-14.

9. – Vrais ou faux prophètes : Jr 28, 1-17

Les contemporains des prophètes pouvaient se trouver face à des hommes qui utilisaient le même langage (“Ainsi parle le Seigneur : Je…”) mais délivraient un message diamé-tralement opposé : comment savoir alors qui parle vraiment au nom de Dieu ? En répondant à Hananya, Jérémie essaie de dégager quelques critères qui permettent de reconnaître un vrai porte-parole de Dieu

1) Diviser ce chapitre de Jérémie et proposer des sous-titres pour les différentes sections.
2) Comment Hananya nous est-il présenté ? Quel est son message ?
3) Comment reconnaître le vrai prophète ? Quels sont les indices que nous donne ce
chapitre de Jérémie ?

Question 1

Voir le découpage donné en BJ : 1-4: 5-9; 10-11; 12-14; 15-16; 17; la TOB ne donne que deux divisions : 1-11 et 12-17.
Selon le découpage de BJ, on pourrait proposer “Hananya annonce un prochain retour” (v.1-4); “trop beau pour être vrai !” (v. 5-9); “un signe prophétique “(v.10-11); “un joug de fer (v.12-14); “ non pas envoyé mais renvoyé” (v. 15-16); conclusion (v. 17).
Selon la TOB : “deux prophètes, deux paroles !” (v. 1-11); “quand Dieu parle et agit” (v. 12-17). D’autres propositions sont évidemment possibles et souhaitables, pourvu qu’elles se basent sur le texte de ce récit.

Question 2

Noter qu’Hananya est appelé prophète, exactement comme Jérémie (v. 1.5.; cf.v. 6.8.10.12.15.17).
Il emploie les mêmes formules que Jérémie pour introduire ses paroles : cf. v. 10.
Il fait même des gestes prophétiques (v. 10-11); sur ce point, voir Jr 18, 1 +.
Son message exprime l’espérance du peuple (v. 2-4 et 11); il contredit la parole donnée par Jérémie en Jr 22,27.

Question 3

Le vrai prophète ne dispose pas de la Parole; il en est le serviteur : ainsi Jérémie, contredit par Hananya n’a rien à répondre, il s’en va (v.11). Ce n’est qu’après son départ que le Seigneur lui donne une parole (v. 12ss). Voir en Jr 42, 7 (cf. la note TOB) un autre exemple de cette attitude de Jérémie.
L’accomplissement (dans un délai proche) de la parole prononcée peut être , pour les auditeurs, un signe de la véracité du prophète : comparer ici le v. 1 et le v. 17 (cf. note BJ sur 28,17).
.Le vrai prophète est le plus souvent critique (v. 7-9) : voir la note BJ sur 28,9 + ou celle de TOB sur 28,1.

Vers le Nouveau Testament
Pour reconnaître la Parole de Dieu dans ses envoyés, il faut un coeur droit et ouvert . Jésus fera , comme Jérémie, l’expérience de l’endurcissement de ses auditeurs : lire Mt 21, 23-27.

Prière : “Crée en moi un coeur pur , ô mon Dieu; renouvelle et raffermis au fond de moi, mon esprit “ : telle est la prière du psalmiste , Ps 51 (50), 12. Faisons-la nôtre.

10. – La Lettre aux exilés : Jr 29, 1-32

Les prophètes parlent à leurs concitoyens. Mais lorsque la distance les séparent, ils continuent leur mission par lettre interposée. Aux exilés de 598, qui espèrent un prompt retour dans leur patrie, Jérémie fait parvenir une lettre : le retour ne viendra pas de sitôt, mais la fidélité de Dieu demeure; un jour, il ramènera ceux qui se confient en lui.

1) Dans quelle situation Jérémie écrit-il cette lettre aux exilés ?
2) Quel est le contenu de la lettre ? Est-ce un message d’espérance ? Comment ce message
est-il reçu par les exilés ?
3) Cette lettre aux exilés contient plusieurs points relativement nouveaux pour l’époque :
lesquels ?

Question 1

Jérémie écrit cette lettre depuis Jérusalem; ses correspondants se trouvent à Babylone.
Il s’agit des exilés de 598, de la première déportation : cf. 2 R 24, 12-16.
Cette première déportation visait l’élite du peuple; voir aussi Jr 24, 1-10 et les notes de BJ et TOB sur le titre de ce passage.

Question 2

Sur le contenu de la lettre de Jérémie, voir les v. 4-6.
Jérémie leur demande de s’établir, car l’exil durera un long temps (v. 10 ; cf. Jr 25, 11 +), contrairement à ce que prétendaient certains prophètes parmi les exilés (v. 8-9).
Jérémie affirme aussi que leur sort est préférable à celui de leurs concitoyens encore en Juda (v. 16-19) et qui refusent toujours de se convertir. Sur ce point, voir aussi Jr 24, 1-10 et les notes.
Les exilés – ou leurs descendants – retrouveront un jour le pays (v. 14); cf. aussi la note TOB sur ce v.
Sur la réception de cette lettre, cf. Jr 29, 24-29 : même parmi les exilés se trouvent des prophètes qui s’opposent à Jérémie (v. 8 et Jr 14, 14 + (cité en marge).

Question 3

Voir la note TOB sur Jr 29, 1 (titre).
Le v. 7 fait preuve d’ouverture aux païens, comme le fera plus tard le Deutéro-Isaïe : sur ce point, cf. la note TOB sur le v. 7.
Travailler encore à partir des v. 13-14 et des références marginales que donne ici la BJ : on peut donc trouver Dieu même en exil, cf. Dt 4, 29-31 + ; même sans le Temple.
Sur “chercher Dieu”, voir Am 5, 4 + (spécialement la fin de cette note en BJ).

Vers le Nouveau Testament

Comme Jérémie pour les exilés à Babylone, Paul portera le souci des communautés qui sont au loin et il développera pour elles toute une activité épistolaire, dont nous bénéficions encore.

Prière : reprendre les versets 10-11 de Jr 29 et les prier en communion avec ceux qui sont aujourd’hui dans l’épreuve et ont de la peine à croire en l’avenir.

LE DEUTERO – ISAiE

Si la vie de Jérémie nous est assez bien connue grâce aux passages biographiques et autobiographiques qui nous sont parvenus en plus de ses oracles, il en va tout autrement de celui que nous appelons, faute de mieux, le Deutéro-Isaïe.

Ce prophète anonyme, – dont les oracles ont été placés après ceux du grand prophète du 8ème siècle avant J.-C. – a vécu au 6ème siècle (cf. sur ce point les Introductions à Isaïe en BJ ou TOB). On lui doit les oracles que nous lisons Is 40-55 et qui ont été prononcés à Babylone entre les années 550 et 539.

Un rappel de l’histoire

Au temps de Jérémie, le royaume de Juda vivait ses dernières années. Bien que la chose parût alors impossible à beaucoup de ses contemporains, les menaces de Jérémie s’accom-plirent bel et bien. En 598, Jérusalem fut prise une première fois et une partie de sa population déportée à Babylone. Dix ans plus tard (587), à la suite d’une tentative de révolte, les Babyloniens prennent Jérusalem, la ville est détruite, le Temple incendié et les survivants vont rejoindre à Babylone les exilés de 598. Sur tous ces événements, voir 2 R 24-25.
L’exil allait durer jusqu’à la prise de Babylone par Cyrus : en 539, les troupes de Cyrus entrent à Babylone et l’année suivante (538), Cyrus publie un édit autorisant les Juifs à retourner dans leur pays.

La Parole de Dieu aux exilés de Babylone

L’auteur anonyme d’Is 40-55 vivait au milieu des exilés à Babylone. Sa mission prolonge celle de Jérémie; elle consiste à encourager ses frères en exil et à leur révéler le sens profond de l’épreuve qu’ils sont en train de traverser.
Maintenant que le châtiment annoncé pour les infidélités du peuple s’est abattu sur eux, la Parole de Dieu devient consolation, car le Seigneur demeure fidèle à son peuple et il se prépare à le sauver de Babylone, comme autrefois il l’avait sauvé de l’Egypte.

Une crise féconde

La destruction de Jérusalem – et surtout celle du Temple – par les armées babyloniennes auraient pu provoquer la ruine de la foi en YHWH, tant le scandale dut alors être grand parmi les croyants juifs. Mais grâce aux prophètes, comme Jérémie et le Deutéro-Isaïe, non seulement la foi en YHWH ne fut pas détruite, mais elle en sortie purifiée et renforcée.

En lisant Is 40-55, nous voyons quels approfondissements l’Exil a apportés à la foi d’Israël et nous découvrons des aspects, jusque-là inconnus, du “visage “ de Dieu.

Notre étude

Au peuple exilé et écrasé par la défaite, Dieu adresse un message de consolation (1); il lui rappelle qu’en dépit des infidélités d’Israël, Lui reste fidèle (2) et qu’Il le sera toujours (4). Inutile donc d’aller chercher du secours auprès des divinités babyloniennes, le Seigneur seul est Dieu (3) et il sauvera son peuple. Mais il ne le fera pas seul : en Is 40-55, une figure mystérieuse émerge peu à peu, celle d’un – ou du – “Serviteur” par qui Dieu réalisera le salut de son peuple. Parmi les Chants du Serviteurs, nous en lirons deux : celui de sa vocation (5) et celui de sa passion (6).

1. “Consolez. consolez mon peuple…” : Is 40, 1-11
2. Le Dieu fidèle : Is 41, 8-20
3. Le Dieu unique et universel : Is 45, 14-25
4 “De la naissance jusqu’aux cheveux blancs…” Is 46, 1-13
5. La vocation du Serviteur : Is 42, 1-9a
6. La passion du Serviteur : Is 52,13 – 53,12

1. – “Consolez, consolez mon peuple…” : Is 40, 1-11

Juillet 587 : Jérusalem est prise, le Temple saccagé et brûlé, les habitants déportés. C’est la fin de l’histoire commencée à la libération d’Egypte : le Seigneur a rejeté son peuple infidèle.
Pourtant à partir de 550, quelque chose de nouveau, d’inattendu se prépare : la puissance de Cyrus s’étend rapidement et l’empire babylonien est menacé. Pour les exilés de Babylone, cette menace serait-elle synonyme de salut ? C’est dans cette situation qu’un prophète commence son ministère.

1) Quelle est l’idée principale d’ Is 40, 1-11 ? Qui parle ? Voyez-vous une progression
dans ce passage ?
2) Compare notre texte avec Lm 1,2.9..16.17.21; 2,13 : que constatez-vous ?
3) Expliquer l’image utilisée en Is 40, 10-11 pour la venue de Dieu .

Question 1

“Consolez… consolez.. cf. Introd. à Is 40-55 ; remarquer aussi le ton général de tout le passage (salut, votre Dieu, mon peuple…).
La BJ présente ce passage comme une cantate à plusieurs voix : Is 40, 1 + ; Is 40, 3 + ; voir encore la note TOB sur Is 40, 1.
La progression : annonce du pardon (v. 1-2); la préparation de la venue de Dieu (v. 3-5 et 6-8); l’annonce de cette venue (v. 9-11).

Question 2

Dans tous ces passages de Lm, Jérusalem se plaint de n’avoir plus de consolateur.
Sur les Lm, cf. introduction aux Lm et la note sur Lm 1, 1 +.; voir encore en TOB la note sur Lm 1, 2.
Ainsi Is 40, 1ss répond à la plainte de Jérusalem et aux plaintes des liturgies de deuil célé-
brées autour des ruines du Temple. Cf. aussi Is 49, 13; 51, 3.12; 52,9.

Question 3

Noter en Is 40,10-11 comment est exprimée la puissance du Seigneur (un des traits de Dieu en Is 40-55) et en même temps son attention aux plus faibles.
Sur l’image du berger, voir en BJ la note sur Ez 34, 1 + (cité en marge) : lire cette note d’Ez et la résumer; voir ce qu’elle apporte pour notre lecture d’Is 40.

Vers le Nouveau Testament

Continuer le thème de Dieu Pasteur en lisant Jn 10, 11-18.

Prière : Prendre le Ps 23 (22) : le lire, puis le méditer et le chanter.

2. – Le Dieu fidèle : Is 41, 8-20

Les textes du Deutéro-Isaïe nous permettent de découvrir ou d’approfondir plusieurs aspects du “visage”de Dieu. Ainsi dans ce passage où le prophète rappelle les anciennes traditions, spécialement celles de l’Exode et de l’alliance avec Abraham, pour faire partager à ses au-diteurs sa conviction profonde : le Seigneur ne les a pas abandonnés pour toujours.

1) Relever dans ce passage tout ce qui est dit du peuple de Dieu.
2) Qu’est-ce qui est dit de Dieu ? Qu’a-t-il fait dans le passé ? Que va-t-il faire ?
3) Is 41,14 appelle Dieu le “Rédempteur” : en partant de la note de BJ ou TOB, expliquer
le sens de ce mot dans la Bible.

Question 1

“Mon serviteur” : cf. 41, 8 +; le mot “serviteur” indique le service, mais aussi la familiarité avec celui de qui on est au service; ici, le Seigneur.
“Choisi” cf. marge Dt 7, 6 + ; le choix du peuple remonte à l’élection d’Abraham.
Le peuple est craintif car il a été humilié (v. 11-12) et presque anéanti (v. 14; cf. la tra-duction TOB), mais le Seigneur vient à son secours (v. 13. 15-16).

Question 2

Relever les noms donnés à Dieu : ton Dieu ( v. 10.13); le “ Saint d’ Israël “ (v. 13.16; cf. Is 6, 3 +); ton Rédempteur (v.14).
Faire la liste des verbes dont le Seigneur est le sujet : je t’ai choisi, appelé, non rejeté; je suis avec toi, je t’aide, je te soutiens, je viens à ton secours, je fais de toi…
Le Dieu qui est intervenu autrefois dans l’élection d’Abraham est le même qui continue aujourd’hui, cf. la note de TOB sur Is 41, 8.

Question 3

Le “Rédempteur” est le plus proche parent qui doit s’engager en faveur de son “frère”; il doit le venger ou lui venir en aide. Voir la note en TOB sur Is 41,14.
Lire les autres passages du Deutéro-Isaïe (données en note BJ sur Is 41,14 +) où Dieu est appelé le “Rédempteur” ; noter les mots qui lui sont associés; remarquer aussi ce qui est dit de Dieu en chacun de ces passages : comment est-il le “rédempteur” ?

Vers le Nouveau Testament

Quand nous disons “Rédempteur”, nous pensons à Jésus : pourquoi utilisons-nous ce mot ? Que voulons-nous dire par là ? Travailler à partir de la note BJ sur Mt 20, 28 +

Prière : Ecoute de la Parole avec Is 54, 4-10.

3. – Le Dieu unique et universel

Humilié par la défaite, déporté à Babylone, Israël risquait de perdre la foi en son Dieu. Ne valait-il pas mieux servir les dieux de Babylone dont les temples magnifiques semblaient attester la puissance alors que le Temple de YHWH à Jérusalem était en ruines ?
A ceux qui sont ainsi tentés, le prophète répond : non seulement le Seigneur n’est pas vaincu, mais Lui seul est Dieu et il invite toutes les nations à le chercher.

1) Qu’est-ce qui est affirmé de Dieu dans ce texte ?
2) Quel lien voyez-vous entre l’affirmation de la grandeur de Dieu et l’universalisme ?
3) Comment le prophète démontre-t-il la supériorité du Seigneur sur les dieux ?

Question 1

Les peuples des extrémités de la terre viennent à Jérusalem (v.14); cf. 1 R 10, 1 + (cité en marge).
C’est un Dieu caché et Sauveur; il est le créateur des cieux et de la terre (v.18). Sur le Dieu créateur, voir Is 42, 8 + ( lire les références concernant Is 40-55).
Il est sans égal ( v. 14.18.22)) : une affirmation qui revient souvent en Is 40-55.

Question 2

L’universalisme est une conséquence du monothéisme : découvrant que le Seigneur est le Dieu unique, Israël est invité à faire une place aux autres peuples de la terre dans l’histoire du salut.
Si le Seigneur est le créateur de tout et de tous, les autres peuples ont donc aussi un lien avec lui.
Sur l’universalisme en Is 40-55, voir la note de BJ sur Is 45, 14 +.

Question 3

Le v. 20 : les idoles sont du bois et du métal; ils sont portés par leurs fidèles; ils sont incapables de les sauver.
Surtout l’argumentation par leur inefficacité dans l’histoire : cf. Is 45, 20 +, qui nous renvoie à Is 41, 21 + ( ou la note sur 45, 20, dans la nouvelle édition de BJ).
Seul le Seigneur a annoncé ce qui s’est passé; seul aussi il annonce maintenant ce qui va se passer : lui seul est donc le “créateur” de l’histoire.

Vers le Nouveau Testament

Il faudra attendre le don de l’Esprit de Pentecôte pour tirer toutes les conséquences de ce message du Deutéro-Isaïe : lire Ac 15, 5-21.

Prière : Prier le Ps 96 (95) ou un autre psaume du Règne.

6. – “De la naissance jusqu’aux cheveux blancs” : Is 46, 1-13

Contrairement aux divinités de Babylone, dont le prophète dénonce l’inconsistance, le Seigneur, Lui, reste le même et son amour pour les siens n’a pas changé. Dans le passé, il s’est révélé à eux en les sauvant de l’Egypte, maintenant il va les délivrer de l’exil à Babylone et les ramener sur leur terre. Pour ce projet, Dieu s’est choisi un homme : Cyrus.

1) Relever les oppositions que l’auteur utilise : que veut-il enseigner ?
2) Qu’est-ce que Dieu demande à son peuple ?
3) Qu’est-ce que le Seigneur a fait pour son peuple ? Qu’est-il en train de faire ?

Question 1

Bel et Nébo ( les principaux dieux de Babylone : cf. Jr 50, 2) s’effondrent, mais le Seigneur tient bon.
Les idoles doivent être emportées sur des animaux pour être sauvées; au contraire, le Seigneur, lui, porte son peuple : cf. 46, 1 +.
Les idoles partent en captivité; le Seigneur délivre son peuple.
Cf. aussi Is 46, 5-7 : les idoles faites par un artisan, portées, placées en un lieu, muettes; comparer avec le “portrait de Dieu” qui se dégage de Is 46, 3-4. 8-13.

Question 2

Dieu demande à son peuple de l’écouter : 46, 3.12.
Il lui demande de se souvenir du passé : 46, 8-9. Comparer avec Is 43, 18 et expliquer : voir la note de TOB sur Is 46, 9.

Question 3

Dieu l’a porté dès sa naissance : cf. Ex 19, 4 et Is 63,9 (ces deux textes se rapportent aussi à la sortie d’Egypte).
Dieu a maintenant un projet en faveur de son peuple : Is 46, 4.10ss.
Ce salut se fera par Cyrus (46,11). Voir les autres textes sur Cyrus (cités en marge) : Is 41, 2.5. cf. 41,1 + et Is 45, 13, cf. 45, 1 +.

Vers le Nouveau Testament

Lire Ac 17, 24-31 : à Athènes, Paul invite ses auditeurs à reconnaître le Dieu unique qui s’est manifesté par la Résurrection de Jésus.

Prière : partager la conviction du Psalmiste et sa joie d’être toujours sous le regard de Dieu, en priant le Ps 139 (138).

5. – La vocation du Serviteur : Is 49, 1-9a

Dans Is 40-55, le mot “Serviteur” se lit plus de 20 fois pour différents personnages, mais il semble qu’une figure émerge peu à peu dans 4 passages que l’on présente habituellement comme les “Chants du Serviteur” (cf. Is 42, 1 +).
Nous étudions ici le Deuxième Chant : comme Jérémie dans ses “Confessions”, le Serviteur nous parle de sa vocation et du combat intérieur dont il a triomphé avec l’aide du Seigneur.

1) On peut diviser ce Chant en trois parties : proposer une division et expliquer.
2) Que signifie ici “Serviteur” : comment le comprendre dans ce texte ?
3) Qu’est-ce que ce texte nous apprend sur la mission du Serviteur ?

Question 1

Les v. 1-3 : le rappel de la vocation; ce que le seigneur a fait ; noter que le Seigneur est le sujet de tous les verbes de ce passage.
Les v. 4-6 : évocation du débat intérieur du Serviteur et la confirmation de sa mission; ce que pense le Serviteur sur sa mission et le plan que le Seigneur a sur lui.
Les v. 7-9a : l’annonce de l’intervention du Seigneur. Sur cette division, voir la note sur 49, 1 +.

Question 2

Le mot serviteur signifie dépendance, mais aussi un lien avec le maître, une participation à son action (cf. la note sur la sixième étude du Deutéro-Isaïe, infra).
Dans ce texte, au v. 3 : le Serviteur en qui Dieu se glorifie; au v. 6 : la mission qui lui est confiée; les v. 4-5 : “mon Dieu”.
Comparer encore ce qui est dit du Serviteur en Is 42, 1-4.

Question 3

Il a une mission de prophète : cf. les images du v. 2 (épée tranchante, cf. He 4,12 – cité en marge).
Comme souvent les intermédiaires de Dieu, le serviteur aussi à l’impression d’échouer (v.4), mais ce qui paraît échec a valeur devant Dieu.
Bien plus, Dieu renouvelle et élargit sa mission (retour-conversion d’Israël, mais aussi salut universel).

Vers le Nouveau Testament

Faire une lecture chrétienne de ce texte en partant des références fléchées au NT que donne sur ce texte la BJ.

Prière : avec le Serviteur, et tous ceux pour qui Dieu semble lointain, prions le Ps 86 (85).

6. – La passion du Serviteur : Is 52,13-53,12

Bien des chrétiens qui lisent ce texte n’ont aucune hésitation : ils y trouvent une description par avance de la Passion de Jésus. Mais quelle signification avait ce texte pour celui qui le composa 6 siècles avant Jésus, et pour ses lecteurs ? Qui est ce “Serviteur” exécuté, mis à mort comme un malfaiteur et dont le Seigneur accepte le sacrifice.
Mieux nous répondrons à ces questions, mieux nous comprendrons quelle place privilégiée cette figure tient parmi les ancêtres de Jésus. Et nous verrons aussi plus clairement pourquoi le NT s’est servi si souvent de ce texte pour présenter la mort et la Résurrection de Jésus.

1) Ce texte peut se diviser en 4 parties (52,13-15; 53, 1-6; 53, 7-10; 53, 11-12) : rechercher
pour chaque partie : qui parle et quelle en est l’idée principale ?
2) Qu’est-ce que ce texte nous apprend sur le “serviteur” de YHWH ?
3) Comparer la description du Serviteur avec le Ps 22 : est-ce une description de la
souffrance du Serviteur ou une évocation de la souffrance inexpliquée d’un juste ?

Question 1

Is 52, 13-15 : c’est le seigneur qui parle (mon Serviteur); il annonce un renversement surprenant en faveur du Serviteur; noter ce qu’il était et ce qu’il deviendra.
En 53, 1-6 : c’est un groupe qui parle (nous, nos, notre…) : que sait-on de ce groupe d’après le texte ? Ils reconnaissent mériter les souffrances, les douleurs (v.4); c’est à cause de leurs perversités, de leurs révoltes; ils sont comme des brebis errantes (v. 6) cf. Ez 34, 1 +.
Is 53, 7-10 (il n’y a plus de “nous”); il semble que ce soit le prophète qui parle du Serviteur, continuant sa description, sa souffrance et sa mort.
Is 53, 11-12 : de nouveau le Seigneur prend la parole (mon Serviteur : v. 11) et il exprime l’efficacité de la souffrance innocente du Serviteur, pour lui-même et pour les “multitudes”.

Question 2

Son abaissement : 52,14; 53, 2-3; cf. aussi les verbes en 53, 4-5.
Son innocence est fortement soulignée : 53, 4-6.8.9.11.12.
La valeur devant Dieu de cette souffrance innocente; pour le Serviteur, elle vaudra une postérité de longs jours (53, 10-11) , et pour les “multitudes” : la justification ( 53,12).

Question 3

Dans le Ps 22, voir spécialement les v. 7 et 13-22; remarquer l’emploi d’images évoquant une situation de détresse et non la description d’une situation particulière.
Cf. aussi Jr 11, 19 où l’on trouve la même image de l’agneau.
Se rappeler qu’à cette époque, il n’y a encore aucune espérance de résurrection, d’où le caractère totalement scandaleux de la souffrance d’un innocent.

Vers le Nouveau Testament

Choisir une ou deux références fléchées du NT et chercher à mieux comprendre l’emploi qui est en fait par l’auteur du NT.

Prière : lire Ph 2, 5-11 et prier à partir de cette hymne.

Note sur le Serviteur

Rappelons que le mot “serviteur” peut avoir dans la Bible des résonances assez variées : le mot désigne quelqu’un qui est au service d’un autre, y compris l’esclave. Mais le serviteur d’un grand personnage, d’un roi, par exemple, est son collaborateur, son “ministre”.
On comprend mieux ainsi qu’être appelé “Serviteur de Dieu” soit un titre que la Bible réserve à Abraham, Moïse, David et quelques autres.

En Is 40-55, le mot “serviteur” revient 23 fois (3 fois pour l’esclave et 20 fois pour le “serviteur du Seigneur”). Mais qui est ce Serviteur ? Dix fois le texte précise en ajoutant Jacob ou Israël, c-à-d. le peuple. Pour les autres passages, l’attribution est contestée : est-ce le peuple dans son ensemble ? un (ou plusieurs) personnage ? et alors qui ?

Les Chants du Serviteur: la question de l’identité du Serviteur est liée à une autre, celle des “Chants du Serviteur”. Depuis un peu plus d’un siècle, on s’accorde à reconnaître en Is 40-55 la présence de 4 Chants du Serviteur (cf. Is 42,1 +), mais plusieurs questions restent encore ouvertes : le découpage de ces Chants, leur auteur et surtout l’identité du Serviteur qui en est le héros.

Qui est le Serviteur ? Les 4 Chants nous parlent d’un personnage proche de Dieu et chargé par lui d’une mission importante. Est-ce le même personnage dans les 4 Chants ? On ne peut le démontrer, mais on peut l’admettre. En ce cas, les traits du personnage s’enri-chiraient d’un Chant à l’autre.

Et alors “de qui parle le prophète, de lui-même ou d’un autre ? ” Telle est la question que l’eunuque pose à Philippe en Ac 8,34.

Pour tenter d’y répondre, il faut nous souvenir que l’auteur écrivait au 6ème siècle avant J.-C. et que ses paroles devaient avoir une signification pour lui et pour ses contemporains (cf. D. V. no. 12). C’est dire que son message ne devait pas viser Jésus, mais un personnage de son époque.
Cependant puisque l’identité du Serviteur nous échappe – et peut-être nous échappera toujours -, il est préférable de nous intéresser au message qui se dégage de ces textes : celui qui mérite ici le titre de Serviteur du Seigneur est un homme appelé par Dieu à une mission qui déborde les limites d’Israël; cette mission est marquée par le doute, la souffrance et l’échec jusqu’à une mort ignominieuse. Et pourtant par la grâce du Seigneur qui l’a aimé, cette mort se révèle être d’une efficacité inouïe : tel est en quelques mots le message admirable que nous donne un auteur anonyme du 6ème siècle avant Jésus.
Comment s’étonner alors que la profondeur du message, jointe à l’anonymat de l’auteur ait posé tant de questions à la tradition biblique et que l’on ait cherché à mettre un nom sur ce visage !
Les auteurs du NT y ont reconnu les traits essentiels de Jésus et de sa mission, car en définitive, Lui seul a accompli ce texte mystérieux.

LES ANCETRES DE JESUS III

suiteLES SAGES

La sagesse est aussi vieille que l’humanité: tout homme, en effet, si peu que ce soit, se pose des questions. Il regarde le monde, il cherche à comprendre ce qui se passe, ce qui favorise le succès, le bonheur et la vie ou, au contraire, ce qui peut produire le malheur.
La sagesse n’est donc pas un privilège d’Israël. En Egypte, à Babylone, en Canaan, nous trouvons des textes parfois très proches de ceux que nous lisons dans la Bible. Et bien souvent, ces textes extra-bibliques sont plus anciens que ceux d’Israël.
Mais l’expérience spirituelle du peuple de Dieu, sa foi en un Dieu vivant, qui intervient dans l’histoire des hommes, a marqué profondément la sagesse biblique.
Cette sagesse se trouve avant tout dans les livres que nous appelons “sapientiaux”, c-à-d. les Proverbes, Job, Qohelet, Siracide et Sagesse. Mais d’autres textes aussi appartiennent au genre sapientiel : des passages des livres prophétiques et un certain nombre de Psaumes.

La Bible appelle sagesse une habilité manuelle pour exercer un métier (cf. Ex 28,3), un savoir-faire qui permet de réussir ce que l’on entreprend. Mais la sagesse, c’est surtout l’effort de l’esprit humain qui cherche à comprendre pourquoi ceci mène à la réussite et cela à l’échec; c’est un regard dur le monde qui veut comprendre quelle est la voie la meilleure pour atteindre le bonheur..

Pour la Bible encore, la sagesse est un don de Dieu (cf. 1 R 3, 6-12), qui seul peut donner à l’homme un coeur capable de discerner le bien et le mal. Lorsque l’homme prétend dérober cette connaissance du bien et du mal (cf. Gn 3), au lieu de la recevoir de Dieu, il fait fausse route et aboutit à la mort.

A l’origine, la sagesse s’exprime oralement dans de courtes sentences, dans des pro-verbes, qui cherchent à traduire dans une image ou une comparaison cette connaissance du monde et des hommes. Puis peu à peu, s’il se trouve des auteurs capables de donner une forme littéraire à ce trésor oral, des écrits plus développés apparaissent.

En Israël, c’est avec l’institution de la royauté, la mise en place d’une administration qui exigeait des fonctionnaires et des scribes, que les premiers écrits de sagesse furent composés. Comme cette époque fut celle de Salomon, c’est sous son nom que la tradition biblique a mis l’ensemble de la littérature de sagesse que la Bible contient.
Mais les livres sapientiaux, qui recueillent parfois un héritage beaucoup plus ancien, ont été composés entre le temps de Salomon et le premier siècle avant Jésus. Le dernier d’entre eux, le Livre de la Sagesse, pourrait avoir été écrit vers 50 avant Jésus.
La Bible nous offre ainsi un panorama assez vaste de la sagesse, depuis la sagesse populaire, (certaines parties des Proverbes), qui ressemble à celle de n’importe quel peu-ple, jusqu’aux expressions très particulières, parce que marquées profondément par la foi d’Israël.

Notre étude

Dans notre étude, nous chercherons à mieux connaître ce développement de la sagesse dans le peuple de Dieu en suivant deux pistes différentes :

– La première intitulée “De la sagesse à la Sagesse” devrait nous aider à comprendre comment le peuple d’Israël a passé progressivement de la sagesse, au sens le plus banal du terme, à la Sagesse, comme une personnification de Dieu, comparable à la Loi ou à la Parole. On devine aisément l’intérêt que peut avoir cet itinéraire si l’on se rappelle que le Nouveau Testament nous présentera Jésus comme la Sagesse de Dieu (cf. 1 Co 1,24).

– La seconde piste nous invite à suivre le parcours laborieux du peuple de Dieu dans sa réflexion sur le problème de la souffrance et du mal. En lisant ces textes, nous découvrons comment la thèse traditionnelle – et finalement simpliste – de l’équation justice = bonheur / péché = malheur, a été peu à peu mise en cause par des hommes comme les auteurs de Job ou de Qohelet, avant de trouver une dernière expression vétéro-testamantaire dans le Livre de la Sagesse. Sans doute le problème du mal n’est pas résolu, mais certaines voies sans issues sont désormais barrées.

De la sagesse à la Sagesse

1) Pr 10, 1-32
2 Pr 4, 1-27
3) Pr 9, 1-6 et 13-18
4) Si 24, 1-34
5) Sg 7,21 – 8,1

Face au problème de la rétribution

6) Pr 3, 1-35
7) Jb 21, 1-34
8) Qo 7,1 – 8,15
9) Sg 1, 16 – 3,12

1 – Pr 10, 1 – 32

Nous commencerons cette étude sur la sagesse, ou plutôt sur les sages comme ancêtres de Jésus, par un passage tirée de Pr 10. La section de Pr 10-22 nous conserve, semble-t-il, la partie la plus ancienne des livres de Sagesse (voir la note de BJ sur Pr 10, 1 +). Cette section comprend 376 dictons de deux lignes concernant la conduite de l’homme. La sa-gesse qui s’y exprime est un art de vivre, de bien vivre. Est sage ce qui conduit à la vie, au bonheur; au contraire, est insensé ce qui ne peut qu’apporter le malheur sous quelle que forme que ce soit.
Notre étude porte sur Pr 10, mais il serait bon de vérifier les conclusions en lisant plus largement ce recueil (Pr 10-22).

1) Choisissez 2 ou 3 proverbes qui expriment une sagesse populaire qui vous paraît
encore actuelle.
2) Quelle image du sage se dégage de Pr 10 : que fait-il ? Quelles qualités a-t-il ?
Quel est son bonheur ?
3) Relever dans cette liste quelques proverbes qui vont au-delà de la sagesse populaire
et profane.

Question 1

• Par exemple Pr 10, 1.4.9.15.19.26 ; échanger sur votre choix.
• Chercher si vous trouvez un proverbe équivalent dans votre culture

Question 2

• Noter dans ces proverbes les termes qui désignent l’homme dont la conduite est donnée en exemple par le sage et celui qui lui est opposé.
• Relever par ex. les oppositions comme juste – méchant : Pr 10, 3.7.16.24.25.28.30.32 ; juste – impie : Pr 10, 6. 11 ; sage – fou : Pr 10, 8.14 . cf. 10, 21 ; intelligent – insensé : Pr 10, 13.23
• Noter ce que fait le sage : par ex. Pr 10, 8. 14.17.
• Ce qui fait son bonheur : il est délivré de la mort (v.2); il est nourri par le Seigneur (v.3); il reçoit la bénédiction (v. 6.7); il trouve la vie (v. 16.17).

Question 3

• Relever les mots, les expressions qui vous semblent dépasser une sagesse profane, comme
– les références au Seigneur : Pr 10, 3.22.23
– les références à une justice transcendante : Ps 10, 25.27.28.30
– les notions vie – péché : Pr 10,16 cf. 10, 11.17.

Vers le Nouveau Testament

Lire Mt 7 et noter comment Jésus part, lui aussi, de la sagesse quotidienne pour conduire ses auditeurs à une sagesse plus haute.

Prière : Relire lentement Mt 7 et le méditer en reprenant une phrase, une expression, un mo

2. – Pr 4, 1 – 27

Tant de choses nous préoccupent et, aujourd’hui comme au temps de l’auteur de Pr 4, le choix de la sagesse ne va pas de soi. Et celui qui veut la choisir doit être prêt à y mettre le prix !
Pr 1-9 est une oeuvre du 5ème siècle (cf. Introd. aux Pr.) : la nation n’existe, pour ainsi dire, plus à son époque. C’est donc vers l’individu que se tournent maintenant les sages pour l’inviter à rester fidèle à Dieu et à s’attacher aux préceptes de la Loi qui conduit à la vie.

1) En Pr 4, 1-9 qu’est-ce que la sagesse ? Comment l’acquérir ? Comment la traiter ?
Qu’apporte-t-elle à celui qui la choisit ?
2) Quelle image est utilisée en Pr 4, 10-19 pour désigner une vie en conformité ou non
avec la sagesse ?
3) Que doit faire celui qui veut acquérir la sagesse (4, 20-27) ?

Question 1

• La sagesse est l’enseignement que le père (le maître) donne à son fils, comme il l’avait lui-même reçu. Noter les mots qui sont mis en parallèle avec la sagesse.
• Il faut vouloir l’acquérir et être prêt à tout donner pour elle : cf. Pr 4, 7 + ; remarquer l’insistance sur le mot acquérir : 4, 5.7.
• Il faut la traiter comme une épouse : aime-la (4,6); étreins-la (4,8).
• La sagesse apporte la vie (4,4); elle protège (4,6); elle élève et couronne (4, 8-9) celui qui la choisit.

Question 2

• L’image de la route qui désigne un comportement, une façon de vivre; relever les substantifs (voie, piste, sentier…) et les verbes (cheminer, courir…).
• Noter les oppositions entre le chemin du juste et celui du méchant, cf. Ps 1,1 + et les références marginales sur ce verset.
• Le chemin du juste est voie de sagesse, piste de droiture (4,11), route de lumière (4,18), où l’on peut cheminer sans trébucher (4, 12).

Question 3

• Noter l’importance des sens : les oreilles, les yeux, et surtout le “coeur” (4,23).
• Sur 4, 26-27, voir Dt 5, 32-33.
• Ce n’est pas une sagesse cérébrale, mais la sagesse des oreilles, de la bouche, des yeux, des mains…

Vers le Nouveau Testament

Sur Pr 4,7 la BJ nous donne en marge la référence de Mt 13, 44 – 46 : comment comprenez-vous ce rapprochement ? Que vous apporte-t-il ?

Prière : Prier le Ps 1 ou le Ps 19 (18), 8-15.

3. – Pr 9, 1-6 et 13-18

A plusieurs reprises en Pr 1-9 , la sagesse nous est présentée comme une personne : Pr 1, 20-23 ; 8, 22-36; cf. aussi 3, 16-19.
Pr 9, qui conclut le prologue du Livre (sur Pr 1-9, voir l’Introd. aux Pr. en BJ), nous met en présence de Dame Sagesse et de Dame Folie. Toutes les deux s’adressent à l’homme simple et l’invitent; mais l’une le conduit à la vie, l’autre à la mort.

1) Comparer Pr 9, 1-6 avec 1, 20-23 : qui est la Sagesse ? Que fait-elle ? Que
cherche-t-elle ?
2) Pr 9, 13-18 : qui est Dame Folie ? à quoi mène son appel ? Cf. Pr 7, 10-17 .
3) A partir de la note de BJ sur Pr 9, 13 + , esquisser le thème des “deux voies”.

Question 1

• La Sagesse se présente comme un héraut (1, 20-21) et comme une grande Dame hospitalière (9,1 et la note de BJ).
• En Pr 1, 20ss, elle crie dans les rues; elle appelle et interpelle les “niais”, les “moqueurs” pour qu’ils se convertissent.
• En Pr 9, elle a bâti une maison (comparer Pr 14, 1; 24, 3); elle a préparé un repas de fête (viandes et vin, cf Is 25, 6), duquel elle invite le “simple” et l’”insensé” pour qu’il vive et marche dans la voie de l’intelligence (9,6).
• Comparer cette invitation de la Sagesse avec celle d’Is 55, 1-3 (cité en marge).

Question 2

• Alors que la Sagesse s’affaire pour le repas et envoie ses servantes pour inviter, la Folie, assise à la porte de sa maison, est uniquement préoccupée d’appâter les passants et de les entraîner vers un repas clandestin qui conduit à la mort.
• Sur le “shéol”, voir Nb 16, 33 et la note de BJ.
• Pr 7, 10-27 nous parle de la “femme étrangère” (sur ce thème, voir encore Pr 5, 1ss et la note de BJ sur Pr 5, 1 +). Comme l’étrangère, Dame Folie séduit le “simple” et le mène à sa perte.

Question 3

• Voir Pr 4, 18-19, qui nous renvoie à Ps 1, 1 + (marge).
• Lire Dt 30, 15-20.
• Voir surtout Mt 7, 13 + (donné en marge de Ps 1, 1 +)

Vers le Nouveau Testament

Lire Mt 22, 1-10 et chercher à voir comment Jésus relit le texte de Sg 9, 1-6 (cité en marge sur le titre en BJ). Même démarche à faire avec Jn 6, 35 (voir la note BJ sur ce verset).

Prière : Atelier de prière sur Is 55, 3a ou sur Jn 6, 35.

4. – Si 24, 1-34

Composé en hébreu vers 190-180 avant J.-C., ce livre nous est connu surtout par la traduction grecque, faite par le petit-fils de l’auteur vers 132 (cf. le prologue du livre). Jésus ben Sirach témoigne de la vitalité du courant sapientiel à son époque; il se situe dans la ligne de ses devanciers, mais il apporte aussi sur plusieurs points un regard nouveau. Ce sera particulièrement le cas pour la personnification de la Sagesse.

1) Relever en Si 24, 1-22 les affirmations les plus intéressantes sur la sagesse.
2) Qu’est-ce que l’auteur ajoute de nouveau à cette présentation de la Sagesse
en Si 24, 23-34 ?
3) Qu’apporte à ce passage la citation d’ Ez 47, 1-12 (en marge de Si 24,31) ?

Question 1

• Elle est sortie de la bouche du Très-Haut (24,3) , comme la Parole.
• Elle a habité (litt. dressé sa tente) dans le ciel (24,4), puis sur l’ordre de Dieu, en Israël (24,8).
• Elle habite la nuée (24, 4 +); cf. aussi Ex 13,21-22 + (cité en marge).
• Elle a cherché un lieu de repos parmi les peuples (24,6-7) et elle l’a trouvé en Israël (24, 8-11); cf. aussi la note TOB sur 24, 7.
• Elle se compare aux arbres les plus beaux ( 24, 13-14); elle embaume comme les plus riches parfums, (24, 15).
• Elle est plus douce que le miel (24,20); elle avive l’appétit de ceux qui la goûtent (24,21) et les entraîne sur une route heureuse (24,22).

Question 2

• Cf. Si 24, 23 + : l’auteur identifie ici la Sagesse avec la Loi donnée à Moïse; comparer encore avec Ba 3, 9 – 4,4, spécialement 4, 1-4; cf. Si 24, 1 +.
• La Sagesse est comparée à la source du Paradis, qui se divisait en quatre bras pour arroser toute la terre (Gn 2, 10ss) : Si 24, 25-27.
• Elle est est inépuisable : 24, 28-29.

Question 3

• Lire Ez 47, 1-12 et la note sur 47, 1 + : l’eau qui sort du Temple nouveau, qui devient de plus en plus abondante et apporte partout la vie.
• Le sage qui pensait se brancher sur le fleuve pour “arroser son jardin” (24,31) voit cette eau augmenter et il peut répandre la sagesse autour de lui : 24, 31 et la note en BJ.

Vers le Nouveau Testament

Comparer Si 24, 21-22 avec Jn 6, 34-35 : malgré les différences dans la formulation, n’est-ce pas le même message ? Et pourtant quelle nouveauté !

Prière : Choisir certains versets du Ps 119 (118) – par ex. v. 97-112 – et les prier.

5. – Sg 7, 21 – 8, 1

Avec le Livre de la Sagesse, nous sommes à l’aube du Nouveau Testament, vers 50 avant J.-C. Nous trouvons ici, pour la première fois, des expressions qui vont marquer très directement la théologie de saint Paul et de saint Jean et, à travers eux, la réflexion chrétienne sur le Christ et la Trinité

1) Qu’est-ce que Sg 7, 1-14 nous apprend sur la Sagesse ?
2) La BJ nous présente Sg 7, 22 + comme le “sommet de la spéculation AT sur la
sagesse” : rechercher les principales idées exprimées en Sg 7, 22 – 8, 1.
3) La BJ nous donne ici plusieurs références avec flèches au NT : lire ces textes et
chercher comment le texte de Sg est relu par l’auteur néo-testamentaire.

Question 1

• Sg 7, 1-6 : la sagesse n’est pas donnée à la naissance; même Salomon, le sage par excellence, – qui est présenté comme l’auteur de ce livre – n’a pas eu une origine différente de celle des autres hommes.
• Sg 7, 7 : la sagesse est un don de Dieu et il faut la lui demander; cf les références marginales : 1 R 3, 6-12; Sg 9, 1 +; cf. Jc 1, 5.
• Sg 7, 8-12 : elle est plus précieuse que tout (cf. note BJ); elle est la source de tous les autres biens : Sg 7, 11-12, cf 1 R 3, 13.
• La sagesse n’est pas réservée à une élite : celui qui l’a reçue, la communique aux autres : cf. Si 24, 30-34.

Question 2

• Relire dans la note de BJ sur Pr 8, 22 + (citée en Sg 7, 22 +) ce qui concerne l’ AT.
• Diviser le texte de Sg 7, 22 – 8, 1.
• La nature de la Sagesse : 21 adjectifs (3 x 7) exprimant sa perfection; ces qualités sont, pour une part, reconnues à Dieu dans l’AT; d’autres, inconnues de la Bible, étaient attribuées par les philosophes grecs au principe spirituel du monde.
• L’origine divine de la Sagesse : 7, 25-26. Noter le lien très intime qui unit la Sagesse à Dieu; sur la lumière, voir la note de BJ sur le v. 26.
• L’activité de la Sagesse : 7, 27 – 8, 1.

Question 3

• He 1, 3 : voir la note de BJ sur ce verset.
• Jn 1, 9 : la Sagesse est le “reflet de la lumière éternelle”, le Verbe, lui, est la Lumière éternelle.
• Col 1, 15 : Le Christ est l’Image du Dieu invisible.
• Jn 1, 5 : la lumière du soleil fait place à la nuit (Sg 7, 29-30), mais le mal ne peut rien contre la Sagesse, ni les ténèbres contre la Lumière du Christ.

Vers le Nouveau Testament

Reprendre Sg 7, 22 – 8,1 en remplaçant le mot sagesse par celui de Jésus.

Prière : Relire Jn 1, 1-5 et le méditer en reprenant un mot, une phrase du texte.

6. – Pr 3, 1-35

En réfléchissant sur la vie des hommes, sur ce qui apporte le bonheur ou cause le malheur, les Sages se sont trouvés confrontés au problème de la rétribution. Au plan collectif, la solution traditionnelle (par ex. Dt 11,27-28) pouvait paraître suffisante, mais transposée sur le plan individuel, elle fut très vite ressentie comme insatisfaisante.
Le premier texte que nous étudions paraît pourtant s’en contenter.

1) Relever en Pr 3, 1-12 ce qu’il faut faire pour acquérir la sagesse; quel est le bonheur
promis à une telle conduite ?
2) Selon Pr 3, 13-20 quelle est la béatitude du sage ?
3) Relever en Pr 3, 21-35 quelques versets qui expriment bien la doctrine traditionnelle
de la rétribution.

Question 1

• Il faut garder… ne pas oublier les préceptes (3, 1-2); alors suivent longue vie et bien-être; cf. 3, 3-4 : faveur, réussite devant Dieu et devant les hommes.
• Confiance dans le Seigneur, crainte du Seigneur (3, 5.8), d’où route plane, santé.
• Largesse à l’égard du Seigneur (dîme), d’où abondance de biens (blé, vin) : 3, 9-10).
• Il faut aussi reconnaître le rôle éducateur de la correction du Seigneur : 3, 11-12.
• Sur tout ce passage, noter les nombreux contacts avec le Dt.

Question 2

• Voir la référence à Pr 2, 4 + : lire les textes cités en marge de Pr 2, 4.
• Les v. 16-17 précisent ce qu’est le bonheur du sage.
• Sur 3, 18, lire les références marginales : quel éclairage vous donnent ces textes ? Voir encore la note TOB sur Pr 3, 18.

Question 3

• Voir Pr 3, 21ss et 3, 26.
• Pr 3, 32 : noter les oppositions : pervers- abomination du Seigneur / hommes droits – ses familiers.
• Pr 3,33 : Le Seigneur maudit… bénit…
• Ps 3,34 : il se moque… il donne sa faveur…
• Os 3,35 : la gloire des sages… la honte des insensés.

Vers le Nouveau Testament

Comparer Pr 3, 33 avec Mt 5, 44-48 et réfléchir sur ces deux textes.

Prière : Prions le Ps 49 (48) en nous arrêtant particulièrement sur le v. 16 où le Psalmiste dit sa confiance en Dieu qui fait échapper au shéol, car l’amitié divine ne peut cesser la mort.

7. – Jb 21, 1-34

Il ne faut pas réduire le Livre de Job au problème de la rétribution; mais ce livre nous donne une contribution très importante dans ce dossier.
A ses amis, qui défendent avec des nuances diverses, le point de vue traditionnel, (la bénédiction du juste et la punition du pécheur), Job oppose le démenti des faits : il est innocent et pourtant il souffre, alors que beaucoup de méchants sont heureux.

1) Comment Job parle-t-il du bonheur des méchants en Jb 21, 7- 13 ?
2) Expliquer Jb 21, 14-18 : quelles en sont les principales idées. Comparer Jb 21,14
avec Ps 25,4.
3) Dans la solution traditionnelle, comment expliquait-on que les méchants puissent
puissent parfois être heureux ? Quelle est la réponse de Job (21, 19-26) ?

Question 1

• Ils restent en vie; ils vieillissent heureux (21, 7.13) et ils descendent en paix au shéol
sans les infirmités de l’âge et de la maladie (31,13). Comparer avec Gn 25, 8.
• Ils sont riches en fils (21, 8.11) et en troupeaux (21, 10).
• Comparer notre passage avec Dt 28, 1ss.
• Voir aussi Jr 12, 1-2 (cité en marge) où le prophète pose la même question que Job.

Question 2

• L’attitude des méchants est celle d’un athéisme pratique : sans nier l’existence de Dieu (Shaddaï), ils s’en désintéressent complètement.
• Comparer Jb 21, 18 avec Ps 1, 4 (cité en marge) : qui a raison , Job ou le Psalmiste ?
• L’attitude des “méchants” en Jb 21 contraste avec celle du Ps 25, 4. Voir aussi les autres versets de Psaumes cités en marge de Ps 25,4 : Ps 27, 11; 86, 11; 119, 35 ; 143, 8.

Question 3

• Jb 21, 19 et la note de BJ : remarquer dans la note les références qui témoignent de l’évolution en Israël sur ce point.
• Pour Job, une telle punition n’en est pas une : 21, 10ss; cf. aussi Jb 14, 21-22 (cité en marge).
• La vie au shéol est la même pour tous, que l’on soit mort dans le bonheur ou dans l’amertume (21, 23-26).
• Il faut nous souvenir que pour l’auteur du livre de Job (au 5ème siècle) , il n’y a encore aucune espérance en une vie future, autre que celle du shéol.

Vers le Nouveau Testament

Lire Jn 9, 1-3 : Jésus refusera de lier maladie et péché, sans distinction, comme le font ici les disciples.

Prière : Prions Is 53 : ce Quatrième Chant du Serviteur commence à faire découvrir le sens de la souffrance : un innocent peut souffrir pour la multitude des pécheurs.

8. – Qo 7, 1 – 8, 15

Si l’auteur de Job reprend la question de Jr 12, 1ss et ose rejeter ouvertement la doctrine traditionnelle qui liait fidélité et bonheur, péché et malheur, Qohelet, lui, va encore plus loin. Pour lui, “tout est vanité” (Qo 1, 2 +) ! Que peut-on savoir ? Une seule chose est certaine : c’est la mort. Et le sage, tout comme l’insensé, descend au shéol.

1) En partant de Qo 7, 8 +, situer la position de Qohelet parmi les autres textes de la
Bible qui abordent le problème de la rétribution.
2) Choisir en Qo 7, 8-29 quelques phrases qui expriment bien la pensée de l’auteur sur
la rétribution.
3) En quoi la position de Qohelet fait-elle progresser ici la pensée biblique sur la rétri-
bution ? Quelle est sa limite ?

Question 1

• Lire les trois textes du Dt (donnés en note) et expliciter la pensée du Dt sur la rétribution.
• Au sujet de Lv 26, voir la note sur Lv 26, 3 : le fait de lier bénédiction et observance de la loi n’est donc pas propre au Dt !
• Chez les sages, on retrouve la même pensée, mais appliquée au sort personnel. Lire encore Ps 62, 13 +
• Devant les démentis de l’expérience, on trouve dans la Bible différentes tentatives pour sortir de l’énigme et parmi elles, celle de Qohelet.

Question 2

• La pensée de Qohelet ne suit pas la démarche de notre logique, mais elle est plutôt une démonstration “kaléidoscopique” (A. Maillot).
• Dieu est à l’origine du bonheur et du malheur : cf. 7, 14.
• L’expérience démontre que le sort du juste et celui du méchant ne correspondent pas toujours à leur vie : 7,15; cf. (, 14.
• Trop de sagesse et trop de méchanceté sont tous les deux nuisibles : 7, 16-17.
• Il n’y a pas d’homme entièrement juste, entièrement sage : 7, 20. 23; cf. aussi Jb 14, 4 + (cité en marge de Qo 7, 20).

Question 3

• Job rejetait la solution traditionnelle, mais c’était un homme plongé dans la souffrance, alors qu’il a conscience d’être innocent. Qohelet, au contraire, se présente comme un sage qui a connu tout le bonheur humain – qu’il ne dédaigne pas – et malgré cela, il rejette lui aussi la solution traditionnelle.
• En affirmant que tout le bonheur terrestre ne peut combler l’homme, puisque la mort y mettra un terme, Qohelet met le doigt sur la faiblesse fondamentale de la solution traditionnelle.Mais Qohelet reste, lui aussi, enfermé dans les limites de la vie terrestre de l’homme : il ne connaît pas encore l’espérance de la résurrection.

Vers le Nouveau Testament
Lire Lc 12, 22-31 : quels contacts voyez-vous entre Qo et ce texte de Lc ?

Prière : Ps 103 (102), surtout les v. 13-18 : la mort met un terme aux choses terrestres, mais l’amour de Dieu subsiste à jamais.

9. – Sg 1, 16 – 3, 12

Si pour Qohelet, on ne peut rien savoir de ce qui attend l’homme après la mort – le sage et l’insensé descendent tous les deux au shéol -, il n’en va plus de même pour l’auteur du Livre de la Sagesse. La rencontre avec la pensée grecque, d’une part et l’expérience douloureuse des Macchabées, d’autre part, ont préparé le chemin à quelque chose de nouveau.

1) Qui sont les impies dont parle ce texte et quelle est leur conception de la vie ?
2) Comment est décrit le juste ? Quelle est son espérance ?
3) Récapituler la position des Sages face au problème de la rétribution ? Quelle
est la nouveauté de Sg ? Qu’est-ce qui a permis à l’auteur de Sg d’arriver à ce point ?

Question 1

• Sur les impies, voir Sg 1, 16 + .
• Relever ce que les impies disent d’eux-mêmes : Sg 2, 1-5.
• Noter ce qu’en dit l’auteur de Sg : 1,16; 2,21-22. 24.

Question 2

• Sg 2, 10 : le juste qui est pauvre; voir la note sur 2, 10 +.
• Sg 2,12 : le juste gêne les impies (cf. 2,14); il est différent : 2, 15 +.
• Sg 2, 13 : le juste prétend connaître Dieu : voir la note sur 2, 13 +.
• Sg 2,16s : Il dit avoir Dieu pour père : cf. 2, 18 +.
• Sg 2, 20 : Il compte sur la “visite” de Dieu : 2, 20 + (qui renvoie à 3,7 +).

Question 3

• Pr 3 se contentait de la thèse traditionnelle : Dieu bénit le juste et punit l’impie.
• Jb refusait cette thèse : sa souffrance ne peut s’expliquer comme une punition, puisqu’il est innocent.
• Qo refusait également la thèse traditionnelle : l’expérience lui montrait qu’en cette vie le juste n’est pas toujours heureux, ni l’impie malheureux. Et à la fin de cette vie, tous les deux vont pareillement au shéol : alors ?
• Sg est composé vers 50 avant J.-C. : l’auteur dispose de deux éléments importants pour éclairer le problème :- d’une part, la persécution des Macchabées ( voir 2 M 7 , 9 + et Dn 12, 3 +), qui a fait jaillir la première expression de la foi en la résurrection ;- d’autre part, la rencontre avec la pensée grecque qui affirme l’immortalité de l’âme parce que spirituelle. Cependant pour la Bible, ce n’est pas l’âme – comme une partie de l’homme – qui échappe à la mort, mais bien l’être tout entier, et cela grâce à l’intervention de Dieu dans la résurrection. Sg apporte aussi une réflexion sur la souffrance comme épreuve, purification : cf. Sg 3, 5 +.

Vers le Nouveau Testament

Comparer le récit de la mort de Jésus (par ex. Mt 27, 39-44) avec le texte de Sg que nous venons d’étudier.

Prière : Prions le Ps 17 (16) dans lequel s’exprime l’expérience d’un “juste” .

LES ANCETRES DE JESUS

ETUDES DE QUELQUES TEXTES DE L’ANCIEN TESTAMENT

LES PSALMISTES

Dieu parle à l’homme. Il a parlé à Abraham, à Moïse, aux prophètes. Mais le dialogue n’est complet que lorsque l’homme lui répond. Les Psaumes témoignent de cette réponse de l’homme au Dieu qui lui parle.

Composés entre le 10ème et le 3ème siècle avant Jésus, les Psaumes forment la part la plus importante de la prière d’Israël, de son apprentissage du dialogue avec son Dieu. Et pas n’importe quel apprentissage : un apprentissage inspiré. Dans les Psaumes, c’est Dieu lui-même qui enseigne à son peuple la prière. C’est Dieu qui met sur les lèvres d’Israël les paroles qu’il attend de ses enfants.

Une double numérotation : une première difficulté que rencontre celui qui ouvre le livre des Psaumes, c’est celle de leur numérotation. Dans une Bible, la numérotation est habituellement celle du texte hébraïque; au contraire, dans un livre liturgique (missel, Prière du Temps Présent, etc.), la numérotation est empruntée à la version grecque (LXX), qui a été reprise par la traduction latine et, ensuite, par la liturgie. Un conseil pratique : il suffit généralement (entre les Ps 9 à 147) d’ajouter une unité à la numérotation liturgique pour obtenir celle de votre Bible.

Un texte très usé : une autre difficulté, bien plus sérieuse, provient de l’état du texte des Psaumes. Ces prières, parfois très anciennes, ont tellement été utilisées entre le moment de leur composition et celui où leur texte a été fixé, que parfois il est difficile, et même impossible, de retrouver la forme originale du texte. Ceci ne concerne, sans doute, que des fragments, mais c’est ce qui explique bien des variantes que l’on peut relever d’une traduction à l’autre du Psautier.

Quelques clés pour aborder le Psautier

Un langage poétique : les Psaumes appartiennent au langage poétique. Comme toute poésie, ils font donc appel aux images, au rythme, à la sonorité. C’est dire qu’il est bon de les lire à haute voix, sous peine de perdre toute un part de leur contenu.

Comme toute poésie encore, les Psaumes évoquent beaucoup plus qu’ils ne décrivent. Le psalmiste veut communiquer, faire partager à d’autres ce qu’il a lui-même expérimenté. Comme lorsque nous trouvons devant un tableau, il n’est pas nécessaire de comprendre tous les détails pour percevoir ce que l’artiste a tenté d’exprimer. Ainsi devant un Psaume, les images utilisées par le psalmiste devraient nous permettre de retrouver nos propres sentiments dans ses cris de joie ou de tristesse, dans ses élans de reconnaissance ou d’adoration.

Le parallélisme : la poésie hébraïque ne connaît pas la rime, mais elle fait grand usage du parallélisme. Ainsi très souvent une même pensée est exprimée deux fois, avec des mots différents. En prêtant attention au parallélisme, nous comprenons mieux la pensée de l’auteur. De plus, le parallélisme est un élément important pour la prière; il est comme une vague qui vient et revient battre le rocher.

Les genres littéraires : Les Psaumes appartiennent à des genres littéraires différents (prière de demande, d’action de grâce, de louange, etc.). Les titres de votre Bible et les notes à ce sujet peuvent faciliter la compréhension du psaume et sa prière.

Prier les Psaumes

Plus que tout autre texte biblique, il est évident que l’étude des Psaumes ne suffit pas; elle doit déboucher sur la prière.
Les Psaumes sont une école de prière. Ils expriment avec vérité tous les sentiments humains profonds. Dans ces textes, les psalmistes nous communiquent leur sens de Dieu, de son mystère, de sa miséricorde. Non pas un Dieu abstrait, mais le Dieu vivant de la Bible, le Dieu de l’Alliance. Véritable résumé de l’Ancien Testament, les Psaumes nous redonnent en prière la part la plus importante de la foi des croyants comme aussi du message des Prophètes et des Sages.

Cependant il est vrai, les psalmistes restent des hommes de l’Ancien Testament : ils sont en marche vers l’Evangile. Aussi leurs sentiments ne sont pas toujours ceux de Jésus et ceux du Sermon sur la montagne. Pourquoi s’en étonner ? Les nôtres non plus, ne sont pas toujours à cette hauteur !

Prière du peuple de Dieu, de ses pécheurs mais aussi de ses représentants les plus éminents, les Psaumes ont été repris et priés par Jésus lui-même. On peut même affirmer que c’est dans le Psautier que Jésus, comme tout Juif pieux, a appris à prier. Ce seul fait devrait ébranler sérieusement toutes les objections à l’égard de la prière des Psaumes, même si il ne suffit pas à résoudre immédiatement nos difficultés.

Enfin, et ce n’est pas le moindre intérêt des Psaumes, la lecture du Nouveau Testament nous montre que le Psautier y est, avec Isaïe, le livre le plus cité. Pourquoi cela ? Parce que c’est dans les Psaumes que les chrétiens ont trouvé des textes essentiels pour leur compréhension du mystère de Jésus (cf. Lc 24, 44).

Notre étude

Ce dossier propose l’étude de 15 Psaumes. Certains nous sont déjà familiers, d’autres, sans doute, nous le sont moins. L’ordre de l’étude peut être faite selon le choix de chaque groupe, et non en suivant la numérotation des Psaumes. mais ce choix voudrait surtout être un encouragement à puiser largement dans cette prière du peuple de Dieu.

1. – Ps 2 : “Il m’a dit : Tu es mon fils…”

En Israël, comme chez les peuples voisins, l’onction donnée au roi symbolise le choix fait par le Seigneur : désormais, cet homme est son élu, son “fils”; il est établi à la tête de son peuple. Le Ps 2 chantait l’intronisation d’un roi à Jérusalem, mais le texte était ouvert à une signification plus grande et plus universelle.

1) Qui intervient dans ce Ps ? Comment le Ps est-il construit ?
2) De quoi s’agit-il ? Expliquer la situation évoquée par ce psaume.
3) Quelle était la signification de ce Ps pour Israël après la disparition de la
monarchie ?

Question 1

• Le psalmiste parle aux v. 1-2; 4-5 et 10-12; il cite les rebelles (v.3) et le Seigneur v. 6.
• C’est le roi qui vient de recevoir l’onction qui parle aux v. 7-9.
• Le centre du psaume est le verset 7 : le décret du Seigneur.
• Noter la description de la révolte (v. 1-3) et l’appel à la soumission (v. 10-12).

Question 2

• Partir du centre du psaume (v. 7) : par son intronisation, par l’onction qu’il vient de recevoir, le roi est devenu “fils de Dieu” : voir la note de BJ sur le v. 7 – qui nous renvoie à 2 S 7, 14 –
• Le roi de Juda est le descendant de David; il est donc bénéficiaire de la promesse de Dieu que l’on trouve en 2 S 7, 1 +.
• Sur le titre donné “fils de Dieu”, voir en BJ la note sur Mt 4, 3 +.
• Se révolter contre le roi, c’est se révolter contre le Seigneur qui l’a choisi.
• Récité lors de l’intronisation du roi à Sion (Jérusalem), cf. 2, 6 + , ce psaume évoque les mouvements de révolte des vassaux (v. 1-3) et exprime l’inefficacité de ces tentatives (v. 4-6).

Question 3

• Après l’Exil, il n’y a plus de roi. Pourtant ce psaume continue à être prié puisqu’il a été conservé et inclus dans le Livre de la prière d’Israël.
• Le Ps exprime alors l’espérance du Messie ( = Oint, celui qui a reçu l’onction du Seigneur), celui que Dieu enverra un jour pour sauver son peuple.
• A son origine, le psaume parlait d’un roi à Jérusalem et des roitelets qui lui étaient soumis (v. 1-2 et 10-11); dans la lecture messianique, le pouvoir de Dieu, par son Messie, s’étendra vraiment sur tous les rois et tous les peuples de la terre.

Pour continuer

Le v. 7 du Ps est appliqué à Jésus : voir les références données en marge par BJ. Lire également Ac 4, 25-27, où ce psaume est appliqué à la mort et à la Résurrection de Jésus.

2. – Ps 16 (15) : Le Seigneur, ma part d’héritage

Il arrive des moments dans la vie où le croyant peut se demander si la foi et l’attachement à Dieu sont vraiment indispensables. Tant d’hommes autour de lui pensent autrement et paraissent se bien porter. Dans une telle situation, l’auteur du Ps 16 réaffirme avec force son choix pour Dieu et dit sa joie d’être son ami.

1) Qui est le Dieu à qui s’adresse le psalmiste ? Qu’attend-il de lui ?
2) Comment exprime-t-il son choix ? Quel en est le résultat ?
3) Comment comprendre les v. 9-11 ?

Question 1

• C’est le Seigneur – “YHWH” – (4 x) : c-à-d. le Dieu d’Israël, celui qui s’est révélé à Moïse ( cf. Ex 3, 14 + ).
• C’est le Seigneur qui a donné un héritage magnifique (v. 5-6) : expliquer les images (coupe, cordeau) en vous aidant de la note sur le v. 6.
• Le Seigneur est celui qui l’assiste, l’instruit, l’aide (v. 7-8) ; cf. la référence marginale à Ps 121,5; le Seigneur est une présence constante, même la nuit (v.7), même pour l’avenir (v.9-11).

Question 2

• Il a choisi de servir exclusivement le Seigneur; il refuse les autres dieux; cf. 16, 3 +. Voir les textes cités dans la note et les explications données en BJ sur ces textes.
• Ce choix du psalmiste exclut toute participation aux sacrifices pour les idoles et l’invocation de leurs noms ( v.4).
• Le psalmiste – comme un Lévite – a Dieu seul pour partage : voir les références marginales.
• C’est un état d’amitié avec Dieu (v. 7), de proximité de Dieu (v. 8). Noter la joie du psalmiste dans les v. 5-6. 9. 11.

Question 3

• Lire la note de BJ sur 16, 10 + et les textes auxquels elle renvoie; être abandonné au shéol, voir la fosse , c’est mourir.
• Dans sa forme première, le psaume exprime la certitude d’être gardé par Dieu d’une mort prématurée, d’échapper à la mort dans une circonstance précise, mais “le réalisme de la foi et les exigences de se vie mystique, l’amènent à désirer une intimité indissoluble avec Dieu (R. Tournay). C’est une “pierre d’attente théologique”.
• Au sens littéral, celui du psalmiste, c’est une simple supplication, mais le texte reste ouvert à une révélation plus grande qui s’exprimera dans les derniers siècles de l’Ancien Testament : l’espérance de la résurrection pour l’ami de Dieu.

Pour continuer

Lire Ac 2, 25-28 et 13, 35 où le v. 9 de ce Ps est appliqué à Jésus. Pour chaque chrétien, ce psaume rappelle le choix fait au baptême et l’espérance de la vie sans fin dans l’intimité de Dieu

3. – Ps 22 (21) : “Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?”

Le début de ce Psaume nous fait immédiatement penser à la prière de Jésus en croix. Mais avant d’être la prière de Jésus, ce psaume a été le cri d’un homme, repris au cours des siècles par beaucoup d’autres. Dans une dure épreuve, isolé, rejeté par ceux qui l’entourent, un homme crie vers Dieu, vers son Dieu, dont il attend le salut.

1) Lire la plainte de ce Psaume ( v. 2-22) et chercher quelle est la situation de celui qui
prie.
2) A qui s’adresse le psalmiste ? Relever tout ce qui exprime qui est son Dieu.
3) Comment comprendre les v. 23-25 ? et les v. 26-32 ?

Question 1

• Sur la division de ce psaume, voir la note de BJ (sur le titre).
• Le psalmiste se sent seul, impuissant, menacé de toutes parts, sans aucun secours humain.
• Relever les images qu’il utilise pour évoquer sa situation : un ver, le rebut du peuple (v.7), une homme menacé par des animaux puissants et dangereux (v. 13-14), plusieurs images qui évoquent la mort toute proche (v. 15-19)…
• Remarquer que dans ce Psaume, celui qui prie et supplie, ne maudit pas ses ennemis, mais il se confie totalement en son Dieu ( v. 20-22).

Question 2

• Noter le premier mot : Mon Dieu, cf. v. 3 et 11; cf. aussi “c’est Toi” (v. 4.5.6.10.11.20).
• Dieu est le Saint (voir les références marginales sur le v. 4), celui qui s’est montré le sauveur de son peuple (v. 4-6).
• Il est le Dieu du psalmiste depuis sa naissance (v. 10-11); il est son ami (v. 9).
• Mais Dieu semble indifférent à la détresse (v. 2-3); il paraît lointain ( v. 12.20).

Question 3

• Au v. 23-27, nous trouvons une action de grâces de celui qui a été exaucé; noter qu’il n’est plus seul : d’autres prennent part à sa joie (les frères, la grande assemblée).
• L’action de grâces consiste à proclamer hautement le salut obtenu de Dieu, d’où le rappel des moments difficiles par où il a passé (v. 25).
• L’action de grâces est suivie d’un sacrifice et d’un repas sacrificiel auquel s’associent les amis du psalmiste, mais également les pauvres (v. 27).
• Les v. 28-32 sont élargissement universaliste (voir 22, 1 +) , peut-être plus tardif :
• comparer avec les références marginales qui nous renvoient ici au Deutéro-Isaïe.

Pour continuer

Ce Psaume est la dernière prière de Jésus en croix (Mt 27, 46) et il exprime la confiance de Jésus dans sa passion : il est le Juste qui souffre et qui s’en remet totalement à Celui qui est “son Dieu” (v.9 et Mt 27,43); au matin de Pâques, il peut annoncer à ses frères (v. 23, cf. He 2,12) ce que le Seigneur a fait pour lui.

4. – Ps 23 (22) : Le Seigneur est mon berger

Ce Psaume est sans doute l’un des plus connus des chrétiens, car la liturgie en a fait le chant du baptême et de l’Eucharistie.
Mais sommes-nous bien certains de le comprendre ? Parfois la facilité apparente d’un texte nous empêche de le lire en profondeur.

1) Expliquer la première image utilisée par la psalmiste aux v. 1-4; relever les allusions
les plus intéressantes à l’Ancien Testament.
2) Comment le Seigneur nous est-il présenté aux v. 5-6 ?
3) Quelle est la signification de cette prière dans l’Ancien Testament ? Qui prie ?

Question 1

• Sur l’image du pasteur, voir Ez 34, 1 + (lire toute la note de BJ).
• Relever tout ce que la pasteur fait aux v. 2-3 : il parque sur des près d’herbe fraîche; il mène vers les eaux; il guide…
• Noter le résultat d’une telle sollicitude : rien ne manque (v.1), aucune crainte : cf. Is 50,10 (cité en marge) et Is 43, 1ss.
• Sur le ravin des ténèbres, voir Jb 10, 21-22; c’est probablement le shéol : cf. Nb 16, 33 +.

Question 2

• Ici Dieu nous est présenté comme un hôte qui reçoit dans sa maison.
• Sur l’invitation à la table du Seigneur, cf. Ex 16, 1+ : que nous apporte cette référence ?
• Sur l’onction d’huile, voir les références données en BJ sur le v. 5.
• La coupe (de vin) est débordante : symbole de la joie.
• Le groupement froment-vin-huile, comme les biens donnés par le Seigneur à son peuple, se lit souvent dans la Bible : Dt 7,13; Jr 31, 12; Os 2,23-24…
• Pour le bonheur de vivre auprès du Seigneur : cf. Ps 27, 4-6.

Question 3

• Malgré l’usage de la première personne (je – me – mon berger, etc.), il s’agit ici du peuple de Dieu et non pas d’un individu : cf. l’image du berger, qui s’applique surtout à la sortie d’Egypte et au retour de l’Exil.
• Les nombreuses références marginales à Jr, Ez, Is 40-55 font penser davantage au retour de l’Exil : Dieu ramène son peuple sur sa terre (cf. Is 40, 11) et il prend soin de lui.
• Par la suite, ce psaume est devenu une prière d’espérance messianique : un jour, Dieu donnera à son peuple un pasteur (cf. Ez 34, 27ss) qui le rassemblera et lui assurera bonheur et sécurité.

Pour continuer

Jésus s’est présenté comme le Pasteur : Mc 6,34 et surtout Jn 10, 11-16 (cf. TOB , note sur Jn 10.11.

5. – Ps 40 (39) : Pour faire ta volonté

Tel que nous le lisons dans la Bible, le Psaume 40 est composé de deux parties, une action de grâces (v. 1-12) et un appel au secours (v. 14-18 = Ps 70). Comme l’a écrit Delitzch, c’est un « Magnificat » suivi d’un « De profundis ».
Notre étude portera sur la première partie du Ps : 40, 1-12.

1) Comment le psalmiste exprime-t-il sa situation (v.3-4) et quelle leçon en tire-t-
il (v. 5-6) ?
2) Les v. 7-9 forment une insertion très riche : expliquez-les en vous servant des
notes et références marginales de la BJ.
3) Quelle est l’attitude du psalmiste dans les v. 10-12 ?

Question 1

• A partir de ce que Dieu fait pour le psalmiste, on peut imaginer la situation de celui-ci :
• Il est humilié, abaissé : Dieu s’est penché vers lui (v.2).
• Il était dans une situation dangereuse (cf. les référencés marginales de BJ) et Dieu l’a redressé, affermi; il l’a fait passer de la vase du bourbier sur le roc : (v.3).
• Dieu a changé son cri (v.2) en chant de louange (v.4).
• La leçon est exprimée par une béatitude (v.5) : comparer avec Jr 17, 7-8.
• Au v. 6 : noter que le psalmiste dépasse ce que Dieu a fait pour lui : sa reconnaissance s’inscrit dans celle de son peuple..

Question 2

• Noter les oppositions en 7-9 : à la place des sacrifices-oblations-holocaustes, on trouve ici une oreille ouverte, un accueil de la Loi de Dieu.
• Lire la note de BJ sur le v. 9 : voir particulièrement Am 5,21 + et les références aux Ps.
• Tu m’as ouvert l’oreille : voir Is 50, 4-5. “L’oreille. c’est plus que l’audition, c’est déjà l’obéissance ” (Jaquet).
• Comparer aussi Jr 7, 21ss ou Dt 6, 24-25.

Question 3

• Noter ce que fait le psalmiste (j’ai annoncé, je n’ai pas celé, j’ai dit…).
• La grande assemblée (v. 10-11) : c’est la communauté réunie pour le culte, cf. Ps 22,23.26; 35, 18,
• Noter les motifs de l’action de grâces : ta fidélité, ton salut, ton amour…
• Même pour une grâce personnelle, l’action de grâces est publique, communautaire. A partir de l’Exil, cette proclamation des bienfaits de Dieu est même plus importante que le sacrifice (voir la fin de la note BJ sur le v. 9).
• Au v. 12 : reconnaître les bienfaits de Dieu est la meilleure manière d’obtenir de nouvelles grâces.

Pour continuer

La prière juive de la fin de l’Ancien Testament appliquait déjà ce Psaume au Messie (cf. 40, 7 et note BJ); les chrétiens, tout naturellement, l’ont appliqué à Jésus (cf. He 10, 5-7). On peut relire tout le psaume comme l’action de grâces de Jésus délivré de la mort par son Père dans sa Résurrection.

6. – Ps 46 (45) : Dieu est avec nous

Le Ps 46 est le premiers des Cantiques de Sion (voir Introd. au Ps en BJ, sous Hymnes). Composé de trois strophes, suivies d’un refrain, ce cantique exprime l’assurance joyeuse du psalmiste de la présence protectrice de Dieu dans la ville qu’il s’est choisie.

1) Quelle est la certitude qu’exprime le psalmiste dans les v. 2-4 ?
2) En vous aidant des notes et des références données ici par BJ, rechercher quelle est la
la situation à laquelle le psalmiste fait allusion; expliquer les images et les
symboles qu’il utilise dans les v. 5-8.
3) Quelle est la leçon de la troisième strophe ?

Question 1

• Dieu est pour nous (v.2), avec nous (refrain) : cf. “ Emmanuel” en Is 7, 14 +; 8, 10.
• .Cette présence de Dieu est plus forte que tous les bouleversements : voir la note sur le v. 4 et les références.
• Voir encore Is 554, 10 (cité en marge); sur les grandes eaux , comme symbole du danger, cf. Ps 18, 5 +.

Question 2

• Sur l’intervention divine à l’origine de ce psaume, voir la note de BJ sur le v. 6. Lire 2 R 19,35.
• Pour compléter, lire la note sur 2 R 18,13 et aussi Is 17, 12-14.
• Sur le thème du matin pour signifier le salut : voir Ps 17, 15 +.
• L’image du fleuve (v.5) fait peut-être allusion au canal creusé par Ezéchias pour assurer l’approvisionnement en eau de Jérusalem (voir 2 R 20,20 +); cf. aussi Si 48, 17-21.
• La psalmiste présente la source de Jérusalem comme le fleuve du Paradis : cf. Gn 2, 10 (en marge).

Question 3

• Aux v. 9-10, le psalmiste nous invite à méditer sur les hauts faits de Dieu : il a sauvé Jérusalem (v. 6).
• Dieu s’est manifesté comme celui qui brise la guerre : cf. Ps 76,4; lire aussi Is 2, 4-5 où la même idée et étendue au profit de tous les peuples.
• Au v. 11, c’est Dieu qui parle : comparer avec Dt 32, 39.
• La victoire sur Sennachérib révèle le Seigneur comme le maître des nations.

Pour continuer

Le thème de l’Emmanuel est spécialement souligné par l’Evangile de Matthieu : lire Mt 1, 20-24 et Mt 28, 20.
On pourrait aussi lire Mt 16,18 : plus que Jérusalem, l’Eglise peut chanter la présence protectrice de Dieu en elle.

7. – Ps 51 (50) : “Crée en moi un coeur pur,…”

Les psaumes de demande (ou de supplication) sont nombreux dans le Psautier. Habituellement celui qui prie demande à Dieu de le délivrer d’une maladie ou d’un danger, ou encore de le défendre contre des ennemis. Ici le psalmiste crie vers Dieu pour avouer son péché et il demande d’en être purifié. C’est là un changement important qui doit, sans doute, beaucoup à la prédication de Jérémie et d’Ezéchiel.

1) Comment le psalmiste exprime-t-il la réalité du péché dans les v. 3-8 ? Voyez-vous
une progression entre les v. 3-4 et 7-8 ?
2) Que demande le psalmiste dans les v. 9-14 ? Quel désir, quelle attente ?
3) Comment répondra-t-il au pardon divin (v. 15-19) ?

Question 1

• Le péché est quelque chose dont on a besoin d’être lavé, purifié (v. 3-4); quelque chose que Dieu seul peut faire.
• Le péché est ne faute contre Dieu (v. 5-6); le psalmiste reprend ici la confession de David (voir 2 S 12, 9.13). Voir aussi Is 59, 12 (cité en marge par BJ) avec la note sur 59, 1 +
• Dieu seul peut en triompher : v. 6 et la fin de la note de BJ.
• Le péché nous marque entièrement (v. 7-8), toute notre vie, dès la naissance (cf. la note de BJ et Jb 14, 4 +); cependant c’est mon péché, mon mal, ma faute…

Question 2

• Les v. 9-14 décrivent un état nouveau, un renouvellement en profondeur.
• Purifie-moi avec l’hysope : cf. la note et les références dans BJ.
• Par le pardon de Dieu, la joie est redonnée (v. 10 et 14).
• C’est une guérison : les os broyés qui se mettent à danser; mais c’est surtout une création nouvelle, (v. 12 et la note BJ; cf. aussi Ez 11,19 +), grâce au don de l’esprit de Dieu (v. 13 et note).
• Remarquer dans ce passage la connaissance que le psalmiste a de son Dieu.

Question 3

• C’est le passage de l’expérience personnelle à la dimension communautaire : le pardon du Seigneur l’ouvre aux autres.
• Le pécheur pardonné (comme le malade guéri) proclame le bienfait reçu du Seigneur. Comparer avec 1 Tm 1, 15-16.
• Sur le v. 19 : voir Is 57, 15 et 66, 2. L’attention, l’amour de Dieu pour les “coeurs brisés”. Dieu désire cette attitude de pauvreté en l’homme plus que tous les sacrifices (voir références marginales de BJ spécialement celle d’Am 5, 21-25).

Pour continuer

Comparer le pardon de Dieu que le psalmiste présente ici comme une fête et une création nouvelle avec la parabole de Jésus en Lc 15, 11-32.

8. – Ps 73 (72) : “Tu m’as saisi par la main droite…”

Comme les Ps 37 et 49, le Ps 73 est une méditation sur le problème du mal, dans la ligne de certains passages de Jérémie, du livre de Job ou de Qohelet. La foi ne résout pas ce problème, mais elle l’éclaire.

1) Par quoi le psalmiste est-il scandalisé ? Comment parle-t-il ici des impies dans les
les v. 2-12 ?
2) Quelle est la tentation du psalmiste ? Qu’est-ce qui lui permet de rester fidèle à Dieu ?
3) Expliquer les v. 23-24.

Question 1

• C’est la vue du bonheur, du bien-être des impies ( cf. Ps 37, 1 +); le juste est tenté de les envier.
• Compare les v. 2-12 avec Jb 21 (cité en marge) : lire Jb 21, 7ss.
• Pourtant le comportement des impies est orgueil, violence (v. 6), malice, artifice (v. 7), le mal, la force (v. 8).
• Mais leur impunité semble montrer que Dieu est indifférent ou même impuissant (v. 11-12), cf. Ps 10, 11 + ( voir les références données en marge ).

Question 2

• Le psalmiste a été tenté d’abandonner sa conduite (v. 13); de parler comme les impies (v. 15).
• Compare avec Ml 3, 14ss (cité en marge).
• Remarquer le passage du doute ( v. 2-16) à la lumière (v. 17ss).
• C’est la réflexion sur la fin de l’existence des impies : “jusqu’au jour, où entrant dans le sanctuaire de Dieu, j’ai saisi quel serait leur avenir “ (traduction de TOB, meilleure ici que BJ)

Question 3

• Noter “tu m’as saisi par la droite… tu vas me conduire… tu me prendras…”
• Travailler la note de BJ sur le v. 24; cf. aussi Ps 16, 10 +.
• Le psalmiste exprime la certitude que Dieu est pour lui une “valeur sûre” alors que le bonheur des impies sera détruit par la mort.
• Quand Israël arrivera à la foi en la résurrection, au deuxième siècle avant Jésus, ceux qui prieront ce psaume pourront mettre sous les mots du psalmiste leur espérance d’être toujours avec Dieu au-delà de la mort.

Pour continuer

Relire ce psaume en pensant à Jésus en croix alors que ses ennemis semblent triompher. Les mots du psalmiste expriment la confiance totale du Fils en son Père. (Cf. Lc 23, 46).

9. – Ps 91 (90) : “Toi qui dis : Le Seigneur est mon abri…”

Même s’il ne faut pas voir le diable partout, le croyant sait reconnaître les forces du mal – en lui-même et dans le monde – qu’il est souvent incapable de maîtriser. Ce Psaume nous rappelle que le Seigneur est plus fort que la mal.

1) Expliquer les noms divins des v. 1-2. Quelle signification peut avoir cette énumération
ici ?
2) Qui s’adresse au psalmiste dans les v. 3 -13 ? A quelles images fait-il appel ?
Dans quel but ?
3) Qui prend la parole aux v. 14-16 ? Eclairer la signification de ces versets par les
références marginales.

Question 1

• Sur les noms divins, voir la note BJ sur le v. 1. Elyôn est le nom de Dieu attaché à l’histoire de Melchisédek (cf. Gn 14, 18) : c’est le Très-Haut, le Créateur (cf. Gn 14,22).
• Sur Shaddaï (cf. la note sur Gn 17, 1 +) : c’est le nom de Dieu à l’époque patriarcale.
• Sur YHWH (cf. Ex 3, 14 +) : c’est le nom révélé à Moïse, lors du salut qui est à l’origine de la foi d’Israël.
• En rapprochant ici tous ces différents noms de Dieu, le psalmiste évoque la présence et la protection de celui qu’il appelle “son Dieu” (v . 2).

Question 2

• Dans les v. 3 – 13 , un prêtre du sanctuaire rappelle à celui qui vient chercher abri (cf. v. 9) ce qu’est la protection de Dieu.
• Comme un oiseau libéré du filet (v. 3-4), le fidèle trouve refuge sous les ailes de Dieu. Sur ce thème des ailes : cf. Ps 17,8 + et les références marginales.
• Dieu le protège contre tous les dangers , évoqués par la flèche et la peste (v. 5-8).
• Cette protection divine vaut aussi bien à la maison (tente) que sur la route (v. 9-12); cf. Dt 7,15. Le v. 13 évoque la paix paradisiaque et messianique : cf. Is 11, 8.
• Sur toute cette section du Ps, on peut comparer Jb 5, 17-27.

Question 3

• Noter le passage au “je” ( je l’affranchis… je l’exalte…) comme dans d’autres psaumes, par ex. Ps 12, 6; 46, 11; c’est Dieu qui répond à la prière du fidèle et qui s’engage à protéger celui qui a cherché refuge auprès de lui.
• Noter comment Dieu parle du fidèle : celui qui s’attache à moi… qui connaît mon nom… qui m’appelle. Sur la présence de Dieu dans la détresse : voir Is 43, 2.
• Pour la promesse du v. 16, comparer Dt 4,40 ou Jb 5,26.

Pour continuer
Dans le récit de a tentation, Jésus nous montre comment vivre ce Psaume : le diable en cite les v. 11-12 (cf. Mt 4, 5-7), mais Jésus refuse de tenter Dieu. Une telle attitude n’aurait rien à faire avec la confiance totale et filiale en Dieu.

10. – Ps 95 (94) : “Venez, crions de joie pour le Seigneur…”

Ce Psaume est récité chaque jour au début de l’office divin. IL est une invitation collective à la prière et à la louange de Dieu. Il est aussi un appel à vivre l’alliance.

1) A quoi le psalmiste nous invite-t-il dans les v. 1-7 ? Quelles motivations nous
donne-t-il ? Quelle est son image de Dieu ?
2) Qui parle dans les v. 8-11 ? A quels événements est-il fait allusion ?
3) Quelle leçon pouvons-nous retenir de ce Psaume ?

Question 1

• Remarquer les deux formules d’invitatoire ( v. 1-2 et v . 6), suivies des motivations “car…” dans les v. 3-5 et v. 7.
• Le psalmiste nous invite tout d’abord à nous mettre en présence de Dieu : “venez… allons vers Lui…”
• Les motifs sont la grandeur de Dieu, sa toute-puissance, plus forte que celle de tous les (autres) dieux; elle se manifeste dans la création (v. 4-5). Sur le titre de Rocher, voir la note de BJ sur le v. 1.
• Le deuxième invitatoire : se courber, à genoux : c’est l’attitude devant plus grand que soi; c’est un geste que beaucoup de religions connaissent et par lequel le corps participe au culte.
• Les motifs : l’existence du peuple dépend du Seigneur (cf. Ps 100.3); l’image du Berger est une image royale, comme nous le rappelle la note de BJ sur Ez 34, 1 +.

Question 2

• C’est Dieu qui parle : je dis… j’ai juré… ils m’ont éprouvé, mes actions… mes voies…ma colère… mon repos.
• Dieu rappelle le sérieux de l’Alliance et les fautes du peuple à cet égard ( endurcir le coeur, tenter
• Dieu), cf. Ex 17, 1-17; Nb 20, 2-13; Dt 6, 16. Et cela malgré la vue des actions de Dieu : comparer avec Dt 11, 2.7.
• Les péchés des pères sont souvent évoqués : cf. Ps 78, 8 et 37 ; leur punition doit servir de leçon.

Question 3

• Le psaume nous invite au culte de Dieu, mais dans la vérité : “en écoutant la voix du Seigneur “; le péché est avant tout le refus d’écouter Dieu qui parle.
• Ecouter sa voix ( en hébreu, écouter = obéir); cf. Ex 19, 5. Voir encore Jr 7,21 et 26.
• Aujourd’hui : sur ce mot important, voir Dt 11, 26ss; 30, 15ss; cf. encore He 3, 7ss (cité en marge).

Pour continuer

Lire Mt 6, 21. 24-27 : celui qui écoute la Parole de Dieu bâtit sur le roc, s’il la met en pratique. Prier ce Psaume à la lumière de cette parole de Jésus.

11. – Ps 103 (102) : Comme la tendresse d’un père pour ses fils

La structure de ce Psaume est caractéristique des hymnes : après une invitation à la louange (v. 1-2), le psalmiste fait l’énumération des motifs qu’il a de louer Dieu. Le mot-clé du psaume est bénir : ici c’est l’homme qui bénit Dieu, c-à-d. qu’il répond au bienfait dont il a été l’objet.

1) Pour quelles oeuvres le psalmiste loue-t-il le Seigneur dans les v. 3-7 ?
2) Expliquer les v. 8-10 en vous servant des références marginales de la BJ.
3) Dans les v. 11-18, quelles sont les images utilisées par le psalmiste pour chanter son
amour pour Dieu ?

Question 1

• Le premier motif de louange est ici le pardon de Dieu; remarquer le parallélisme entre péché / maladie : cf. Ex 15, 26 (cité en marge).
• Le pardon est comme un retour à la vie (v. 4), comme un renouvellement (v. 5); cf Is 40, 31.
• Les v. 6-7 rappellent l’action de Dieu dans la vie du peuple, et spécialement lors de l’Exode : ce que Dieu a fait jadis pour son peuple, se vérifie maintenant pour le psalmiste.

Question 2

• Le v. 8 est une citation d’ Ex 34, 6 : c’est la définition que Dieu donne de lui-même à Moïse.
• Cette appellation de Dieu revient souvent dans la prière d’Israël : ainsi en Ps 86, 15; 145,8; voir aussi les références que la BJ donne en marge d’Ex 34, 6-7.
• Lire encore les références données en BJ sur les v. 9-10 du Psaume et rechercher ce qu’elles apportent pour la compréhension de ce passage.

Question 3

• La grandeur de la création est une image de la puissance de l’amour de Dieu : v. 11-12.
• La tendresse de Dieu, comparée à celle d’un père pour son fils : v. 13.
• La fragilité de l’homme est connue de Dieu : v. 14.
• La durée de la vie de l’homme est comparée à celle de l’herbe : v. 15ss; cf. Is 40, 7 et Ps 90, 5-6 (cités en marge) ; au contraire, l’amour du Seigneur dure pour toujours.
• Noter la répétition (3 x) “pour qui le craint ”; sur la notion de la “crainte” de Dieu, voir Si 1, 11 +.

Pour continuer

Habituellement les hymnes chantent la gloire de Dieu pour son oeuvre dans la création (par ex. Ps 104) ou pour son action dans l’histoire du peuple (cf. Ps 135; 136)). Ici le psalmiste loue Dieu pour la merveille de son pardon.

12. – Ps 107 (106) : “Ils criaient vers le Seigneur… il les a délivrés”

Après l’invitation à rendre grâce, ce Psaume évoque plusieurs situations de détresse. Mais chaque fois, ceux qui se sont tournés vers le Seigneur, ont pu faire l’expérience de sa miséricorde et de sa puissance.

1) Repérer dans ce Psaume les refrains; quelle est la structure de ce Psaume ?
2) Expliquer les 4 “tableaux” en vous servant des références marginales de BJ.
3) Dans les v. 33- 42 plusieurs actions sont attribuées à Dieu : comment comprendre ce
passage ?

Question 1

• Un premier refrain revient aux v. 6.13.19. 28 ; il exprime l’appel adressé au Seigneur ; cf. aussi la réponse ( et ils les a délivrés ), explicitée dans les v. 7. 14.20. 29.
• Le deuxième refrain ( v. 8. 15. 21-22. 31-32) est une invitation à rendre grâce, suivie chaque fois par l’énoncé d’un motif particulier.
• Sur la structure de ce Psaume, voir la note de BJ (sur le titre); cf. aussi Ps 100, 5 + (cité en marge).
• Pour certains, ce Psaume aurait servi pour une cérémonie collective d’actions de grâces; pour d’autres, les 4 “tableaux” évoquent de manière symbolique l’expérience de l’Exil.

Question 2

• Les v. 2-3 pourraient être une allusion au retour de l’Exil; cf. les rachetés : Is 62,12 ; le rassemblement des 4 coins de l’horizon : Is 43, 5-6.
• Noter les allusions à l’Exode dans les v. 4-5 : le retour de l’ Exil a été présenté comme un nouvel Exode, plus merveilleux que le premier : cf. Is 40, 3 +.
• Les v. 10ss présentent l’Exil comme un emprisonnement dont le Seigneur a délivré son peuple : cf. Is 42, 7; 49, 9; 51, 14; 52, 2; 61, 1.
• Les v. 17ss parlent de malades (noter le lien maladie / péché) guéris par la Parole de Dieu : cf. Is 55, 11 et Sg 16, 12.
• Dans les v. 23ss, on trouve des matelots dans la tempête (remarquer le rythme du texte !) et leur impuissance face aux éléments (v. 23-27), mais aussi la toute-puissance du Seigneur (v. 25. 29) ; cf. Ps 89, 10 +.

Question 3

• Les verbes au singulier (“il”) mentionnent une action de Dieu montrant sa maîtrise totale sur la nature et sur les hommes : c’est cette même puissance qui se manifeste dans l’histoire du peuple.
• Les v. 33-34 font allusion à la destruction de Sodome : Gn 13,10; 19, 23ss ; cette destruction reste le signe du jugement de Dieu : cf. Dt 29, 22.
• Pour les v. 35-38 , voir Is 41, 18 + ( note sur le v. 17 dans l’ancienne édition).
• Les v. 39-42 peuvent être éclairés par Ps 113, 7-9.
• Sur le v. 43, voir Os 14, 19.

Pour continuer

Ce Psaume chante le salut donné par Dieu à son peuple lors de l’Exode et du retour de l’Exil. Mais Jésus, lui aussi, a crié vers son Dieu et Dieu l’a entendu : il l’a délivré.

13. – Ps 114 (113) : Quand Israël sortit d’Egypte

Cette hymne pascale commence sans invitation à la louange. Cette omission – inhabituelle – s’explique peut-être par le fait que ce Psaume accompagnait le Ps 113 au début du repas pascal. Ou peut-être suffit-il de donner toute sa signification à l’Alleluia du début ! Alléluia = Louez YHWH.

1) Relever et expliquer les allusions à l’histoire d’ Israël contenues dans ce Ps .
2) Comment Dieu nous est-il présenté dans ce Psaume ?
3) Quelle est la signification de ce Psaume dans la prière d’Israël ? Et dans celle de
Jésus ?

Question 1

• Au v. 1 : la sortie d’Egypte, qui est l’élément fondateur de la foi d’Israël.
• Au v. 2 : cf. Ex 19, 6 + . C’est le rappel de l’élection et de l’alliance offerte par Dieu à Israël; Lire Ex 19, 3-8.
• Dans les v. 3 et 5 : le passage de la Mer et celui du Jourdain qui marquent la sortie de la terre de servitude et l’entrée dans la terre promise.
• Dans les v. 4. et 6 : la réaction de la nature devant la présence du Seigneur; cf. Ps 68, 9 et Jg 5, 4 (en marge); on pourrait ajouter Ex 20, 18-21 et d’autres textes encore.
• Au v. 8 : le miracle de l’eau au désert ; cf Ex 17, 1-7 +.

Question 2

• C’est le Dieu de l’Exode, dont la puissance s’impose même aux grandes eaux (la Mer et le Jourdain : cf. Ps 66, 6 +) ainsi qu’aux montagnes et aux collines ; cf. Ps 68, 9 (et note BJ).
• Le Dieu de l’Alliance : v. 2 et Ex 19, 6 +; Voir aussi Jr 2, 3 : Dieu qui a fait choix d’Israël.
• Le Dieu qui prend soin de son peuple au désert : cf. Ps 107, 35 et le références marginales, par ex. Is 41, 18 +.

Question 3

• Cette hymne nous rappelle la grande place que tenait l’Exode dans la foi et la prière du peuple d’Israël : c’est l’origine et le “coeur” de sa foi.
• Ce Psaume fait partie du Hallel : voir la note sur le titre de Ps 113.
• Jésus a prié ce Psaume , au moins à chaque Pâque, en s’unissant à la prière de son peuple.
• Jésus l’a encore prié à la veille de sa passion : Mt 26, 30 +.

Pour continuer

Depuis la Pâque de Jésus, ce Psaume a pour nous une signification nouvelle et supplémentaire. Rechercher comment les merveilles du passé annonçaient celles de l’Alliance nouvelle.

14. – Ps 130 (129) : Mon âme attend le Seigneur

Ce Psaume est trop souvent associé à notre esprit à la liturgie des défunts. Pourtant sa signification originelle est bien différente : ce n’est pas un psaume pour les morts, c’est le cri de confiance de quelqu’un qui croit à la vie.

1) Quelle est la situation de celui qui prie ? Qu’attend-il de Dieu ?
2) Sur quoi cet homme appuie-t-il sa prière ?
3) Expliquer l’image du veilleur qui est utilisé ici.

Question 1

• Remarquer comment celui qui prie ici se situe immédiatement en face de son Dieu : “vers toi “, mais tout en bas : “des profondeurs… ; il ne s’attarde pas sur son péché, il regarde son Dieu.
• C’est donc une situation de détresse : comparer avec Ps 18, 5-7 ou Ps 6,9.
• Le psalmiste demande à Dieu de l’écouter, de surmonter ainsi la distance qui le sépare de lui : cf. Ps 5, 2-3: 55, 2-3; 2 Ch 6, 39-40; Ne 1, 6.
• A noter : je crie vers toi… ; j’espère, je compte sur ta parole…
• Remarquer aussi l’élargissement de la prière à partir du v. 7 : du “je” au peuple.

Question 2

• Sur l’argumentation du psalmiste, sur l’alternative qu’il présente à Dieu (v. 3), voir les références données en BJ, spécialement celle de Mi 7, 18-20.
• Voir aussi Ex 34, 7 : c’est la définition de lui-même que le Seigneur a donné autrefois à Moïse; voir les références dans la marge d’ Ex 34, 7. Israël fera souvent appel à ce texte dans sa prière : ainsi Moïse (Nb 14, 18), Jérémie (Jr 32, 18), Joël (Jl 2, 13).
• Le pardon de Dieu est la source de la “crainte” (v.4) : cf. 1 R 8, 39-40; sur la notion de la “crainte”, voir Si 1, 11-20.

Question 3

• Comme le veilleur dans l’ obscurité hostile de la nuit guette les premiers signes de l’aurore, ainsi le psalmiste attend la réponse du Seigneur au cri qu’il a lancé vers Lui.
• Mais également, comme le veilleur est sûr que l’aurore succédera à la nuit, le psalmiste est sûr que Dieu répondra à son appel.
• Sur le thème du matin comme temps de salut , voir Ps 17, 15 +.

Pour continuer

Lire Mt 1, 21 que la BJ nous donne en marge : ce que le psalmiste espérait, nous est maintenant donné en Jésus. Cf aussi Tt 2, 14 (lire 2, 11 – 14).

15. – Ps 139 (138) : Seigneur, tu me sondes et me connais

Ce Psaume est tardif; il fait peut-être allusion à la situation des Juifs dispersés au milieu des païens. Il exprime aussi la joie du croyant qui se sait toujours sous le regard de son Dieu

1) Comment est évoquée la présence de Dieu à son fidèle dans les v. 2-10 ?
2) Que nous apportent en plus les v. 11-18 ?
3) Comment peut-on comprendre la finale du Psaume (v. 19-22) ?

Question 1

• Faire la liste de toutes les actions du Seigneur (tu me sondes, me connais, tu sais, tu sens…)
• Dieu est présent à toutes les activités de l’homme : se lever, s’asseoir; marcher, se coucher : comparer avec Dt 6, 7 et 11, 19.
• Dieu est présent partout où peut se trouver son fidèle, que ce soit en haut (cieux) ou en bas (shéol) : même image en Am 9, 2; Jb 11, 8-9; que se soit à l’est (aurore) ou à l’ouest (la mer) : cf. Jb 23, 8-9.

Question 2

• Dieu voit même dans les ténèbres : cf. Jb 12, 22 ; 34, 22.
• Il connaît l’homme dès avant sa naissance (cf. Jb 10, 9-11 ou Jr 1, 5); sur le parallèle entre le sein maternel et la terre (au v. 15) , voir Jb 1, 21 et la note de BJ.
• Le v. 16 veut exprimer la connaissance totale que Dieu a de l’homme (voir la note BJ); le psalmiste n’aborde pas ici le problème (qui viendra beaucoup plus tard !) de la pré-destination.
• Sur cette grandeur de Dieu qui émerveille le psalmiste, voir encore Si 18, 5-7.

Question 3

• Voir le Ps 5, 11 + et la note de BJ , où notre passage est cité.
• Remarquer comment sont décrits les impies (v. 20-21) ; ils parlent de Dieu sournoisement, ils tiennent pour rien ses pensées; ils haïssent Dieu et se dressent contre lui.
• Le psalmiste prend le parti de Dieu; il se sépare des méchants (comparer Ps 119, 115. 158) parce qu’il veut rester fidèle à son Dieu.

Pour continuer

Comparer ce Psaume avec Jb 7, 17-20 ( ce texte nous est indiqué dans la note sur le titre du Psaume): comment est-ce que je ressens cette présence permanente de Dieu : comme Jb 7, 17-20 ? ou comme le psalmiste ?