En suivant l’Evangile de l’année liturgique
année Matthieu
Depuis la réforme liturgique de Vatican II, nous sommes invités à lire chaque année un des trois Évangiles synoptiques (Mt – Mc – Lc).
Pour ce faire, les Dimanches Ordinaires nous offrent une lecture presque continue de l’Evangile de l’année. Pendant les Temps forts et les fêtes liturgiques (Avent-Noël; Carême-Pâque-Pentecôte), le texte lu comme Évangile est, autant que possible, emprunté à l’Evangéliste de l’année.
L’année liturgique ne commence pas avec l’année civile mais avec le premier Dimanche de l’Avent. Après le premier temps fort (Avent-Noël) viennent une première série de Dimanches du Temps ordinaire. Vient alors le deuxième Temps fort (Carême-Pâques-Pentecôte), et enfin la suite des Dimanches du Temps ordinaire.
Bible et liturgie
Pour chaque dimanche de l’année, trois lectures sont prévues : la première est tirée de l’Ancien Testament; la seconde est un passage d’une lettre apostolique (principalement de Paul); la troisième est l’Evangile du dimanche et c’est ce dernier qui donne la tonalité à la liturgie du jour.
Pendant les dimanches du Temps ordinaire, un Évangile (Mt – Mc – Lc) est pris en lecture continue et chaque fois, la péricope retenue est “préparée” par un texte choisi dans l’Ancien Testament.
La deuxième lecture forme également une lecture continue dans un cycle qui s’étend sur les trois années (A-B-C).
A cause de cette construction de la liturgie, il n’y a donc habituellement pas de lien entre la deuxième lecture et les deux autres. Mais il y a un lien voulu entre le texte de l’Evangile et le passage de l’Ancien Testament qui a été choisi comme première lecture.
Pendant les Temps forts de la liturgie, le choix des textes obéit à d’autres critères. En simplifiant, on dira que pour le Temps de l’Avent et pour les Fêtes, les trois textes des lectures sont choisis autour d’un thème (il est donc possible de trouver une unité entre les trois lectures). Au contraire, pendant le Carême, les textes de l’ Ancien Testament, d’une part, et les Évangiles, d’autres part, forment chacun une catéchèse distincte et complète (en conséquence, il n’y a pas ici de lien évident entre l’Evangile et le texte de l’Ancien Testament).
La démarche proposée
Les pistes de travail de ce dossier concernent directement les textes de l’Evangile selon s. Matthieu. Nous en avons choisi une quinzaine allant de l’Avent à la fin de l’année liturgique. Mais il est évident que l’on peut aussi remettre les textes dans l’ordre de l’Evangile de Mt.
Chaque fois que cela nous a semblé possible, nous avons signalé à la fin de l’étude un regard vers le texte de l’Ancien Testament (et parfois aussi de la deuxième lecture).
Conseils pratiques
Il est important de lire ces textes, non dans votre missel, mais dans votre Bible, où vous trouverez le contexte du passage choisi pour la liturgie, ainsi que des notes et des références marginales qui éclaireront ce texte et vous aideront dans votre étude.
Pour les textes des Évangiles de Mc et Lc (années B et C), n’oubliez pas de consulter le texte de Mt, chaque fois qu’il est parallèle, car c’est en Mt que vous trouverez habituellement les notes et les références marginales qui ne sont pas particulières aux textes de Mc ou et Lc.
Par ailleurs, la comparaison synoptique (entre les textes de Mt-Mc-Lc)), chaque fois qu’elle est possible, est une aide importante pour la lecture d’un texte.
En suivant l’Evangile selon s. Matthieu
Dès l’antiquité, Mt a tenu une place particulière parmi les Évangiles. C’est peut-être sa composition et l’ordonnance qu’il a donnée à son texte qui lui ont valu cette première place qu’il occupe toujours dans l’ordre canonique. En effet, Mt se présente comme une oeuvre bien construite : 5 discours structurent l’Evangile (Mt 5-7; 10; 13; 18; 24-25); ils sont précédés par les récits de l’Enfance (Mt 1-2) et couronnés par ceux de la Passion-Résurrection (Mt 26-28).
Mais Mt n’est pas le plus ancien des Évangiles. Comme Luc, Matthieu écrit après Marc, dont il a sans doute connu et utilisé le livret. De plus, il partage avec Lc une autre source (la Quelle ), et il conserve des traditions qui lui sont propres.
Écrit très probablement vers les années 80 (c’est-à-dire 50 ans après la mort et la Résurrection de Jésus, Mt nous fait connaître une Église déjà bien structurée, possédant une vie liturgique et sacramentaire bien organisée, une doctrine bien formulée, des règles de vie communautaire.
Matthieu écrit dans et pour une communauté de chrétiens venus du judaïsme et qui doit lutter pour conserver sa riche tradition biblique alors même qu’elle est en lutte avec le judaïsme officiel (qui à cette époque a excommunié les chrétiens) et que, par fidélité au Christ, elle se veut largement ouverte aux païens.
C’est donc une Église en « aggiornamento », tournée à la fois vers son passé et vers l’avenir que nous rencontrons dans le premier Évangile.
L’origine de l’Evangile selon s. Matthieu nous explique la place relativement grande qu’il fait à l’Ancien Testament et aux coutumes juives. Pour lui, l’Eglise est le nouvel Israël, né dans le judaïsme mais débordant maintenant les frontières d’Israël pour répondre à la mission que le Ressuscité a donnée à ses disciples (cf. Mt 28, 19).
Les textes proposés voudraient donner un aperçu de la richesse de cet Évangile et faire découvrir quelques caractéristiques qu’il a imprimées au message de Jésus. Mais rien ne remplacera la lecture de l’Evangile tout entier.
Mt 11, 2-11 : Troisième Dimanche de l’Avent
Chaque année la liturgie de l’Avent nous fait rencontrer Jean-Baptiste, le Précurseur. Dans l’Evangile de ce dimanche, nous trouvons deux tableaux déjà réunis dans la tradition évangélique : la question de Jean-Baptiste à Jésus et la parole de Jésus sur Jean-Baptiste.
1) Comment comprenez-vous la question de Jean-Baptiste (v. 3) ? Qu’attend-il de Jésus ?
2) Expliquez la réponse de Jésus : à quels textes fait-il allusion ? La réponse est-elle convaincante ?
3) Qui est Jean-Baptiste d’après les v. 7-11 ? Comment Jésus le présente-t-il ? A qui le compare-t-il ?
Question 1
• Remarquer la place de cette question en Mt (voir la note TOB sur 11, 1).
• Cf. aussi la note BJ sur Mt 11, 3 + : Celui qui doit venir = le Messie; voir encore Dt 18, 15 et la note TOB).
• Relire Mt 3, 10-12 où Jean-Baptiste exprime ce qu’il attendait du Messie qu’il annonce : un plus fort que lui (Mt 3, 11 et Is 40, 10), qui fait le tri entre les justes et les pécheurs; cf. l’image de la séparation entre le grain et la bale.
• Jean-Baptiste est en prison (cf. Mt 4, 12 et 14, 3ss); il a entendu parler des oeuvres du Christ (=Messie), mais ce que fait Jésus, n’entre pas totalement dans l’image qu’il se faisait du Messie.
Question 2
• Noter que Jésus ne répond pas directement à la question qui lui est posée. En rappelant ce qu’il a fait et en renvoyant à l’AT, il invite Jean-Baptiste à répondre lui-même.
• Lire les textes d’Isaïe auxquels nous renvoie la réponse de Jésus.
• Remarquer le sommet de la réponse de Jésus (fin du v. 5); cf. la note de BJ. En Is 61, 1, on trouve aussi parmi les actions annoncées la libération des prisonniers !
• La réponse de Jésus n’est pas une démonstration, mais un appel à croire en lui, (cf. v. 6). Pour Mt, les oeuvres de Jésus sont bien celles du Messie; Jésus invite discrètement Jean-Baptiste à envisager le rôle du Messie autrement qu’il l’a fait jusque-là.
Question 3
• Remarquer la gradation dans la réponse de Jésus : Jean-Baptiste n’est pas un roseau qui va dans la direction du vent : cf. sa prédication courageuse (Mt 3, 7ss; 14, 4).
• Il n’est pas quelqu’un qui recherche le profit et le confort, comme les faux prophètes, mais sa vie est austère (cf. Mt 3, 4 et la note TOB).
• Jean-Baptiste est un prophète (cf. la référence marginale de Mt 16, 14 +) et même un prophète de la taille d’Elie : v. 10 ; cf. Mt 3, 1.
• Voir encore 11, 14 et la note TOB sur 11, 13. Il appartient encore à l’Ancien Testament, mais il est le plus grand, celui qui précède immédiatement le Messie.
Pour poursuivre la réflexion : comparer la difficulté de Jean-Baptiste avec celle de Pierre après sa “confession de Césarée”; il est, lui aussi, scandalisé par la perspective que Jésus lui révèle (Mt 16, 22-23). On se fait toujours “son” idée du Messie !
Mt 1, 1-15 : Quatrième Dimanche de l’Avent
Ce texte de Mt nous paraît assez étrange (surtout dans sa première partie : la généalogie). C’est pourtant ainsi que les premiers chrétiens ont médité sur le mystère du Christ. Essayons de le faire avec eux. Mt 1, 1-15 est repris dans la liturgie de Noël (messe du soir).
1) Comment comprendre Mt 1, 17 ? Quel est le but de l’Evangéliste en citant ces personnages ? A quels événements de l’histoire biblique, le texte fait-il allusion ? Que nous apprend ce texte de Jésus ?
2) D’après Mt 1, 18-25, quel est le rôle de Joseph dans le plan de Dieu ? Comment est-il amené à l’assumer ?
3) Que dit l’Ange du Seigneur au sujet de Jésus ? Comment cela complète-t-il la généalogie ?
Question 1
• Cf. Mt 1, 1 + (bien lire cette note de BJ; voir aussi celle donnée en TOB sur Lc 3, 23.
• Remarquer comment est répartie cette liste des ancêtres : d’Abraham jusqu’à David; de David à l’Exil; de l’Exil à Jésus.
• Il y a trois fois 14 générations (d’après 1, 17) : comptez-les ! Comparez cette généalogie avec celle donnée par Lc en 3, 23-38.
• Relever ce qui est dit de Jésus : il est le Christ, fils de David, fils d’Abraham (1, 1); cf. les références données en marge : Mt 9, 27 +; il est né de Marie (1, 16).
• Quelques femmes sont mentionnées dans cette généalogie : pouvez-vous les identifier ? pourquoi sont-elles citées (voir la note TOB sur Mt 1, 2).
Question 2
• Mt 1, 18-25 est une “note explicative” pour le v. 16 : comment Jésus, né de Marie, peut-il être “fils de David” ?
• Quel est le projet de Joseph (v. 19 ) ? Pourquoi ? Par qui ce projet est-il modifié ? Sur l‘Ange du Seigneur, voir les notes BJ et TOB sur le v. 20.
• Dans les paroles de l’Ange, remarquez le rôle de Marie (elle ) et celui de Joseph (tu ) : v. 21 ; cf. v. 25.
• Comparer l’interpellation de l’Ange à Joseph en 1, 20 avec Mt 2, 13 et 2, 19 : quelle différence ? Pourquoi ? C’est parce que Joseph est lui-même fils de David qu’il peut faire de Jésus, légalement, le fils de David.
• Mt 1, 24 : la réponse de Joseph à la parole de l’Ange; comment est-elle exprimée ?
Question 3
• Par Mt 1, 1-17, Jésus nous est présenté comme celui qui vient au terme de l’histoire commencée avec Abraham (cf. 1, 1).
• La vocation de Joseph, reçue du Seigneur, consiste à insérer Jésus, né de Marie (v. 16) et de l’Esprit (v. 20), dans le peuple de Dieu.
• L’Ange révèle le nom de l’enfant : Jésus : 1, 21 +.
• Jésus est l’Emmanuel (v. 23); il accomplit Is 7, 14 ( cf. la note BJ sur 1, 22 +).
Pour poursuivre la réflexion : comparer l’attitude de Joseph dans ce texte avec celle d’Abraham en Gn 12, 4. Joseph n’est pas simplement un fils d’Abraham par le sang; il l’est aussi par sa foi et son obéissance.
Mt 2, 1-12 : L’ Épiphanie
Malgré les apparences et l’habitude que nous avons d’appeler Mt 1-2 l’Evangile de l’Enfance de Jésus, ce texte est bien davantage : c’est une présentation théologique de sa personne. Essayons de lire ce texte avec des yeux neufs.
1) Qu’est-ce que texte m’apprend sur les Mages ? Qui sont-ils ? Pourquoi viennent-ils ?
2) A qui les Mages sont-ils opposés dans ce récit de Mt ? Quels sont les autres personnages du récit ? Comment réagissent-ils ?
3) Quel est le message de ce texte de Mt ? Que représentent les Mages ? Que représentent ici Hérode et Jérusalem ?
Question 1
• Négativement : rien n’est dit de leur nombre, de leur nom, de leur couleur; il n’est pas dit qu’ils sont rois, comme le veut la tradition populaire.
• Positivement : ce son des mages (le même mot est traduit par magicien en Ac 13, 6.8); cf. note TOB sur 2, 1 . Ils viennent d’Orient (voir la note BJ sur 2, 1).
• Ils sont à la recherche du “roi des Juifs pour lui rendre hommage”; ailleurs dans l’Evangile, Jésus ne reçoit ce titre que lors de sa Passion (Mt 27, 11. 29. 37).
• Ils se réjouissent de le trouver (v. 10; ils le reconnaissent dans l’enfant de Marie et lui offrent leurs présents ( 2, 11 et notes BJ et TOB).
• Ils ont reçu une consigne d’Hérode (v. 7-8), mais ils obéissent à l’avertissement qui leur est donné en songe (v. 12) et rentrent chez eux par un autre chemin.
Question 2
• La nouvelle apportée par les Mages trouble Hérode et tout Jérusalem avec lui .
• Hérode se fait préciser ce qu’ils savent de cet enfant; il se renseigne aussi auprès des grands prêtres et des scribes, mais il ne se rend pas à Bethléem. Cf. aussi sa réaction en Mt 2, 16.
• les grands-prêtres et les scribes connaissent les Écritures, mais ils ne montrent aucune attente particulière par rapport à cette venue du Messie.
• comparer Mt 2, 6 avec Mi 5, 1 et 2 S 5, 2 (cf. note TOB sur Mt 2, 6). Pour Mt, Jésus est bien le fils de David dont on espérait la venue.
Question 3
• le fait de la naissance de Jésus à Bethléem, au temps d’Hérode : voir note TOB ou celle de BJ sur Mt 2, 1.
• les Mages représentent les païens attirés par l’Evangile : noter la répétition du mot “se prosterner” ( en BJ : rendre hommage) aux v. 3. 8. 11.
• remarquer l’opposition entre le trouble d’Hérode et de Jérusalem (v. 3) et la joie des Mages (v. 10).
• Hérode et les grands-prêtres représentent les Juifs : connaissant les Écritures, ils auraient dû reconnaître le Messie, mais ils en ont peur et cherchent à l’éliminer.
• sur le thème de la venue des païens à la foi : voir les références marginales de BJ sur Mt 2, 11.
Pour poursuivre la réflexion : on pourrait lire Rm 9-11 où Paul nous donne sa méditation sur ce mystère : pourquoi les Juifs, préparés par tout l’AT, n’ont-ils pas reconnu le Messie alors que les païens entrent dans l’Eglise ?
Mt 4, 12 – 23 : Troisième Dimanche Ordinaire
Le texte de ce Dimanche entre le début du ministère de Jésus (Baptême et tentation : Mt 3, 13 à 4, 11) et le Sermon sur la montagne (Mt 5 à 7) : pour Mt, c’est le texte-programme où il veut présenter Jésus et sa mission. Lire aussi les v. 24-25 (omis dans la lecture liturgique).
1) Relever dans ce texte toutes les indications des déplacements de Jésus : quelle image de Jésus, Mt nous donne-t-il ?
2) Expliquer Mt 4, 12-17 : d’où vient Jésus ? Pourquoi, selon Mt, Jésus choisit-il la Galilée pour commencer sa mission ?
3) Comment Mt montre-t-il l’efficacité de la mission de Jésus en 4, 18-25 ? Relever les expressions qui vous frappent.
Question 1
• Jésus se retire en Galilée (v. 12); il quitte Nazareth pour Capharnaüm (v. 13); il marche au bord de la mer ( v. 18 cf. v. 21); il parcourt toute la Galilée (v. 23).
• Cf. également les notations sur ceux qui le suivent : 4, 20. 22. 25.
• Voir sur une carte les régions touchées par cette première mission de Jésus : 4, 12-14. 23. 24. 25.
• Jésus nous est présenté en perpétuel déplacement et sa parole met des hommes en mouvement : il les appelle à le suivre ( sur ce mot, voir la note TOB sur Mt 4, 20).
Question 2
• Dans les scènes précédentes, Jésus était en Judée : pour le baptême ( Mt 3, 13; cf. 3, 1) et pour la tentation (Mt 4, 1). Maintenant il se retire en Galilée : voir note TOB sur 4, 12)
• Sur le choix de Jésus, voir notes TOB sur Mt 4, 15 et 16. On peut encore comparer Mt 4, 12-14 avec Mt 2, 22-23 : pour Mt, la Judée est la région qui rejette Jésus.
• L’Evangéliste cite (librement) Is 8, 23 – 9, 1 (qui est la première lecture de Dimanche) : lire ce texte d’Isaïe et la note sur Is 8, 23.
• Comparer la prédication de Jésus en Mt 4, 17 avec celle du Baptiste (Mt 3,2 et note BJ) : ainsi Mt insiste sur la continuité entre Jean-Baptiste et Jésus (cf. aussi 4, 12 et 17). Mais il marque également la nouveauté de Jésus par rapport au Baptiste : cf. 3, 11. 17.
Question 3
• Le premier effet de la parole de Jésus est de rassembler des disciples autour de lui (Mt 4, 18-22). Noter que Mt – comme Mc – nous donne ici deux récits parallèles de vocation (v. 18-20 et 21-22) qui se complètent (en train de jeter les filets – v. 18- ; en train d’arranger leurs filets – v. 21-)
• Comparer cet appel des disciples avec 1 R 19, 9ss : le texte n’insiste pas sur les sentiment de l’appelé, mais sur l’autorité de celui qui appelle.
• En Mt 4, 23ss, remarquer le lien entre proclamer la Bonne Nouvelle et guérir : cf. 4, 23 et les notes TOB et BJ. Remarquer encore la répétition du mot “toute “dans les v. 23-24; c’est le retentissement du ministère de Jésus.
Pour poursuivre la réflexion : Mt nous présente le ministère de Jésus au milieu de la Galilée des nations = des païens) : quelle signification cela peut-il avoir pour nous ?
Mt 5, 38 – 48 : Septième Dimanche Ordinaire
La loi avait été donnée au peuple d’Israël sur la montagne du Sinaï; c’est aussi sur une montagne que Mt situe le discours inaugural de Jésus “qui n’est pas venu abroger la Loi, mais l’accomplir “ (cf. Mt 5, 17). L’Evangile de ce Dimanche nous offre deux exemples de cet accomplissement de la Loi de Moïse.
1) Travailler sur Mt 5, 38-42 : qu’est-ce que la Loi demandait ? Qu’est-ce que demande Jésus ?
2) Quel est le sens de Mt 5, 43-44 ? Une telle attitude est-elle possible ?
3) Comparer Mt 5, 45-48 avec 5, 20 : quels liens voyez-vous entre ces deux passages ?
Question 1
• La loi du talion était une limitation de la vengeance : voir Ex 21, 24 + ; lire la note et comparer avec Gn 4, 23-24 , qui est cité dans cette note.
• Mais Jésus ne se contente pas de limiter la vengeance; il demande d’y renoncer totalement : cf. 5, 39 et les notes de BJ et TOB.
• Les trois exemples donnés (v. 39b-41) veulent indiquer quel doit être l’esprit du disciple de Jésus. Comparer avec Rm 12, 19. 21 (cité en marge).
Question 2
• Sur l’amour du prochain, voir le texte cité du Lv 19, 18 ( lire Lv 19, 11-18); pour la Loi, le prochain était le compatriote, celui qui appartient au même pays, à la même religion.
• Sur la deuxième partie du v. 43, voir la note BJ : cependant c’est bien ainsi que la Loi était interprétée par certains groupes juifs : voir note TOB sur Mt 5, 43.
• La BJ donne en marge la référence à Lc 23, 34 et à Ac 7, 60 : l’exemple de Jésus et celui d’Etienne, qui mettent en pratique jusque dans la mort cette parole du Sermon sur la montagne.
Question 3
• Mt 5, 20 est le début de la série des antithèses (vous avez appris qu’il a été dit… moi je vous dis…); ce verset exprime le thème de tout le développement qui suit.
• Pour appartenir au Royaume, Jésus invite ses disciples à dépasser la “justice” des Pharisiens et des scribes : sur le mot justice , voir la note TOB sur 5, 20.
• En Mt 5, 45-48, Jésus nous indique le modèle du comportement du disciple : c’est le Père céleste et sa miséricorde, cf. 1 P 1, 16 (cité en marge).
Pour poursuive la réflexion : l’amour du prochain demandé en Lv 19 – la première lecture de ce Dimanche – ne se contente pas de bons sentiments; il s’agit d’une vraie solidarité. Mais Jésus va plus loin encore. Où nous situons-nous ?
Mt 26, 14 à 27, 66 : La Passion selon s. Matthieu
L’Eglise aurait pu être tentée d’annoncer la Résurrection et d’oublier les événements si déroutants qui l’avaient précédée : l’échec de la mission de Jésus et sa mort en croix. Les Évangiles montrent qu’il n’en est rien : dans chacun des Évangiles, le récit de la Passion tient une place importante.
Il ne peut être question d’étudier tout le récit de Mt, mais il serait bon de lire en entier, comme un récit suivi.
Nous nous proposons d’étudier deux des épisodes de la Passion de Mt, avec les parallèles de Mc, pour mieux approfondir les perspectives propres à chacun des Évangélistes (questions 1 et 2), puis à découvrir l’insistance de Mt sur l’accomplissement des Écritures.
1) Comparer Mt 27, 11-26 avec Mc 15, 2-15 : Jésus devant Pilate. relever ce qui est propres à Mt : qui intervient dans ce récit ? Comment ?
2) Dans le récit de la mort de Jésus, comparer Mt 27, 39-56 avec Mc 15, 29-41 : quelles différences peut-on relever ? Comment les expliquer ?
3) Dans son récit, Mt fait davantage appel aux Écritures : relever quelques références de l’AT qui lui sont propres ? Quelles significations ?
Question 1
• Parmi les épisodes propres à Mt, intervention de la femme de Pilate (v. 19), le geste de Pilate et la réponse du peuple (v. 24-25).
• Noter comment Mt souligne le choix fait par les Juifs entre Jésus et Barabbas (v. 17 et 21).
• Alors que la femme de Pilate, une païenne, intervient en faveur de Jésus (v. 19), les grands-prêtres et les anciens pressent la foule de le rejeter.
• Sur le geste de Pilate et la réponse du peuple, voir les notes de BJ et TOB.
• Ainsi pour Mt, cette scène devient le rejet solennel du Messie par le peuple juif.
Question 2
• Noter les manifestations extraordinaires qui marquent en Mt la mort de Jésus : ténèbres (v. 45), le voile du Temple (v. 51) comme chez Mc. Mais en plus : séisme et ouverture des tombeaux (v. 51-53).
• Sur ces manifestations, voir les notes de BJ et TOB. “Mt a orchestré de façon grandiose les répercussions de la mort de Jésus” (Vanhoye) ; il met ainsi en évidence la portée eschatologique de l’événement.
• La mort de Jésus marque la fin de l’ère ancienne (rideau du Temple déchiré) et ouvre l’ère nouvelle (ouverture des tombeaux).
• Noter aussi la confession de foi du centurion, étendue à ses compagnons (v. 54); en contraste avec le rejet total du peuple juif (cf. 27, 39. 41. 44), Mt souligne l’accueil fait par les païens.
Question 3
• Plus que les autres, Mt est soucieux d’éclairer la Passion par les Écritures. Il veut montrer à ses lecteurs (chrétiens d’origine juive) comment Jésus accomplit les Écritures.
• Peut-être a-t-il ressenti la nécessité d’apaiser le trouble causé par sa mort infamante cf. Dt 31, 23, que Paul citera aussi en Ga 3, 13.
• Les principales références ou allusions bibliques du récit de Mt , parallèles à celles de Mc, sont Mt 26, 38 (et notes BJ et TOB); 27, 29-31 (et note TOB); 27, 35-39; 27, 46-48; 27, 51.
• Les références propres à Mt : 26, 54. 56; 27, 9. 10, cf. 26, 15 et notes BJ et TOB; 27, 24-25; 27, 34 (fiel : notes BJ et TOB); 27, 43; 27, 51b-54.
Pour prolonger la réflexion : “Un récit destiné à une assemblée de croyants” (X. Léon-Dufour) : comment comprenez-vous cette phrase ?
Mt 28, 1 – 10 : La Nuit pascale
Les trois synoptiques nous rapportent la découverte du tombeau vide, mais le récit de Mt est particulièrement riche, au point de vue théologique, et il fait partie d’un ensemble plus vaste (27, 62 à 28, 15) qu’il est seul à relater.
1) Comparez le texte de Mt avec le récit parallèle de Mc et noter ce que vous trouvez de semblable et de différent : quelles questions cela vous pose–t-il ?
2) Qui est l’Ange du Seigneur ? Que signifie son intervention ici ?
3) Que contient le message de l’Ange ? Pourquoi le rendez-vous en Galilée ?
Question 1
• Ce qui est semblable : les femmes au tombeau, le premier jour de la semaine, la rencontre avec un messager céleste, l’annonce de la Résurrection, l’envoi des femmes vers les apôtres.
• Ce qui est propre à Mt : l’intervention de l’Ange du Seigneur, avec le tremblement de terre (28, 2), la présence des gardes au tombeau (28, 4; cf. 27, 62-66 et 28, 11-15).
• Autres différences : les femmes viennent pour voir le tombeau (28, 1 et note) et non pour oindre le corps; il y a deux femmes, au lieu des trois (chez Mc); la réaction des femmes: comparer Mt 28, 8 avec Mc 16, 8. Cf. aussi l’heure de la visite au tombeau : voir note TOB sur 28, 1.
Question 2
• Voir Mt 1, 20 + (cité en marge, et qui nous renvoie à Gn 16, 7 +.
• C’est donc Dieu lui-même qui intervient dans la Résurrection de Jésus; cf. aussi le tremblement de terre : voir Ex 19, 18; 1 R 19, 18; Ps 114, 7.
• La BJ donne en marge Mt 27, 51 + : la mort et la Résurrection de Jésus marquent l’ouverture des temps nouveaux : c’est “le Jour du Seigneur ”.
• Noter l’opposition entre la démarche des Juifs (sceller le tombeau et le garder : Mt 27, 62. 66) et celle de l’Ange : il descend du ciel, roule la pierre, s’assit dessus . Le tombeau est ouvert et il le reste !
Question 3
• Noter le caractère hiératique de toute la scène, la solennité du récit.
• “ne craignez pas, vous…”: la parole de l’Ange aux femmes, par opposition aux gardes qui veulent maintenir le tombeau scellé. Comparer avec Ez 37, 7 et 12.
• L’Ange du Seigneur domine complètement la situation : je sais… (v. 5)
• Jésus, le crucifié est ressuscité, comme il l’a dit : c’est le kérygme que proclame l’Eglise
• vite, allez dire… : la Résurrection bouleverse les projets des femmes et les lance dans la vie.
• En Galilée : cf. Mt 28, 16 et déjà Mt 4, 12-17 : la Galilée des nations où Jésus avait commencé son ministère.
Pour poursuivre la réflexion : lire Ex 14, 15-31 (un des textes de la vigile pascale). Le Seigneur qui autrefois a ouvert la mer pour sauver son peuple est aussi celui qui ouvre maintenant pour nous le tombeau de Jésus.
Mt 28, 16 – 20 : Fête de l’Ascension
Ce petit texte est une des clés de l’Evangile selon s. Matthieu. Dans ce dernier tableau, l’Evangéliste nous fait découvrir qui est Jésus pour lui (et pour ses lecteurs) et quelle est son Église.
1) Relever ce qui vous paraît le plus significatif dans ce passage (personnages, lieux, actions).
2) Sur quelle image de Jésus, Mt met-il le point final à son Évangile ?
3) Quels éléments de la vie de l’Eglise au premier siècle pouvons-nous découvrir dans ce texte de Mt ?
Question 1
• Les disciples obéissent à l’ordre reçu de Jésus : lire Mt 28, 7 et 10; ils se prosternent devant lui (geste de vénération religieuse, liturgique).
• Sur la montagne : cf. Mt 5, 1; 15, 29-31 . C’est moins un lieu géographique que théologique; la montagne est, pour Mt, l’endroit typique de la révélation de Dieu, comme déjà dans l’AT.
• C’est Galilée, là où Jésus avait commencé son ministère, que le Ressuscité précède maintenant les disciples.
• Le discours de Jésus : remarquer la solennité du ton et sa longueur (plus de la moitié de notre texte); noter aussi l’insistance sur le “tout “ (3 fois).
Question 2
• C’est Jésus qui a convoqué ses disciples à cet endroit.
• C’est lui qui s’approche d’eux : lui seul peut désormais surmonter la distance en allant vers eux.
• Sur Mt 28, 18b, voir les notes de BJ ou de TOB : Jésus est maintenant le Seigneur.
• Faire des disciples (28, 19); comparer avec Mc 16, 15-16; Lc 24, 47. Pour Mt, il ne s’agit pas simplement de communiquer un message, mais d’amener des hommes à une relation étroite et personnelle avec le Christ Ressuscité; et cela concerne “toutes les nations ”(cf. note TOB sur Mt 28, 19).
• Jésus est l’Emmanuel (Dieu -avec-nous) : note TOB sur Mt 28, 20.
• Question 3
• L’Eglise est la communauté des disciples de Jésus.
• Cette communauté se constitue par le baptême; noter la formule trinitaire, la plus élaborée que nous trouvions dans le NT. Cf. aussi la note TOB sur Mt 28, 19.
• L’Eglise doit enseigner et garder tout ce que Jésus a prescrit.
• Elle est assurée de la présence de son Seigneur tout au long des siècles : 28, 20 et note TOB.
Pour continuer la réflexion : L’Eglise de Matthieu est une communauté de disciples envoyés à toutes les nations : quelle est notre préoccupation missionnaire ?
Mt 9, 9 – 13 : Dixième Dimanche Ordinaire
Le texte de ce Dimanche appartient à la section où l’Evangéliste a rassemblé dix miracles de Jésus (Mt 8-9). Ainsi pour Mt, Jésus n’est pas seulement le maître qui enseigne (Mt 5 – 7 : le Sermon sur la montagne); il est aussi le Messie de l’action : cf. Mt 4, 23 et 9, 35.
1) Qu’est-ce qui vous frappe dans l’appel de Matthieu ? Connaissez-vous d’autres appels semblables ? Quelle différence avec d’autres appels ?
2) Que reproche-t-on à Jésus au v. 11 ? Comment peut-on comprendre ce reproche ?
3) Comment Mt nous présente-t-il Jésus dans cette scène évangélique ? Comment est-il désigné ? Comment se désigne-t-il lui-même ?
Question 1
• Comparer notre texte avec Mt 4, 18ss : nous avons le même schéma que pour l’appel des 4 premiers disciples, mais il s’agit ici d’un “homme assis à la douane “, d’un publicain : cf. Mt 5, 46 +.
• Sur cet appel : voir la note TOB donnée en Mt 4, 20. C’est Jésus lui-même qui choisit ses disciples et non pas les disciples qui le choisissent comme maître.
• Dans ces appels, on trouve le même schéma : un homme est à son travail; Jésus passe, le voit, l’appelle, et l’homme se lève et le suit. Le schéma souligne à la fois l’autorité de Jésus et l’obéissance des appelés.
• En appelant Matthieu, Jésus invite un publicain, un exclu (pour les juifs pieux) à devenir l’un des Douze (voir note TOB sur Mt 5, 46).
Question 2
• Fréquenter les pécheurs et les publicains, c’était contracter leur impureté ; est impur, tout ce qui rend inapte à la participation au culte; cf. BJ Mt 9, 10 +.
• A plus forte raison, il était, pour un juif, interdit de manger avec quelqu’un d’impur : voir la note TOB sur Mt 9, 11.
• Jésus a frappé ses contemporains par sa liberté à ce sujet, comme en témoignent plusieurs passages des Évangiles : ainsi Lc 15, 1-2; 19, 1-10 (cités en marge de note texte par BJ).
• Contrairement au texte parallèle de Lc, chez Mt on pourrait comprendre que le repas a lieu dans la maison de Jésus : dans l’Eglise, en effet, loin de mépriser les pécheurs, Jésus les accueille à sa table ; cf. Mt 8, 11ss.
Question 3
• Jésus est un maître, même les Pharisiens le reconnaissent (v. 11); il enseigne : allez apprendre… (v. 13) par sa parole et par ses actions; comparer avec Mt 23, 3 (les reproches que Jésus fait aux Pharisiens)
• Il est aussi le médecin qui apporte la guérison à tous ceux qui en ont besoin : cf. le contexte (Mt 8-9 et aussi Mt 9, 35.
• Il accomplit parfaitement la volonté de Dieu, telle qu’elle était déjà manifestée dans l’AT : cf. la citation d’Os 6, 6 (que l’on retrouvera dans la bouche de Jésus en Mt 12, 7). Voir note TOB sur Mt 9, 13.
• Sur la mission de Jésus : je suis venu pour… (v. 13b); cf. 1 Tm 1, 15 (cité en marge par BJ).
Pour poursuivre la réflexion : la première lecture de ce Dimanche nous donne le texte d’Os 6, 3-6 : plutôt que les sacrifices, Osée invite le peuple à la fidélité, à l’attachement sincère à Dieu. Pour Jésus aussi, c’est d’abord par la miséricorde que nous devons traduire notre attachement à Dieu.
Mt 11, 25 – 30 : Quatorzième Dimanche Ordinaire
Trois paroles de Jésus composent l’Evangile de ce Dimanche : v. 25-26; v. 27; v. 28-30. Les deux premières se rencontrent aussi dans l’Evangile de Lc; la troisième est propre à Mt. ces trois paroles se trouvent au coeur de la section narrative consacrée au mystère du Royaume (Mt 11 – 12). Alors que certains ne peuvent accueillir le message du Royaume, à d’autres, il est donné (cf. Mt 11, 25 +).
1) Comment comprendre la première parole (v. 25-26) ? A qui s’adresse ici Jésus ? Quelle est la cause de sa louange ?
2) Chercher à formuler avec vos mots le contenu du v. 27. Expliquer ce v. 27 en vous aidant des références marginales de BJ, spécialement celles qui renvoient à Mt.
3) Comment comprendre l’appel des v. 28-30 ? A qui s’adresse-t-il ? Que propose-t-il ?
Question 1
• Noter l’appellation “Père” dans les v. 25-26 . Cette invocation est inconnue des prières juives et elle traduit la familiarité inouïe de Jésus à l’égard de Dieu : voir la note de BJ sur Mc 14, 36 ou en TOB celle sur Rm 8, 15.
• Celui que Jésus nomme “Père” est en même temps le “Seigneur du ciel et de la terre”.
• Jésus ne loue pas le Père pour l’échec de sa Parole auprès des sages, mais pour l’accueil qui lui est fait par les “petits” : c’est là le signe de la faveur, de la bienveillance de Dieu pour eux. Le fait que les sages ne la découvrent pas, montre qu’elle dépasse les forces humaines : la révélation ne peut être accueillie que comme une grâce.
Question 2
• Au centre de l’affirmation de Jésus, la connaissance mutuelle du Père et du Fils : sur le mot “connaître”, voir Jn 10, 14 +.
• Seul le Père connaît le Fils / seul le Fils connaît le Père : tout ce que Jésus a ou est, vient du Père. Cette connaissance du Père et du Fils ne peut atteindre l’homme que par la révélation donnée par le Fils.
• Voir la note de BJ sur Mt 4, 3 + : ce que les disciples ont pu comprendre avant Pâque et ce qu’ils ont découvert après la Résurrection de Jésus et le don de l’Esprit. Voir aussi la réponse de Jésus à Pierre en Mt 16, 17.
Question 3
• Voir Mt 11, 28 + : la note de BJ nous renvoie à 23, 4 et à 5, 17 +.
• Sur l’image du joug, voir les notes de BJ ou TOB sur le v. 30.
• Remarquer la place que Jésus prend dans ces versets : venez à moi, moi, je vous soulagerai… mon joug, mon école, mon fardeau…
• Voir aussi Mt 11, 29 et la note BJ.
Pour poursuivre la réflexion : la première lecture de ce Dimanche est tirée de Za 9, 9-10. Le prophète annonce que l’envoyé de Dieu, le Messie, sera un roi humble mais juste et victorieux. Comment Jésus a-t-il accompli cette annonce de Zacharie ?
Mt 13, 24 – 43 : Seizième Dimanche Ordinaire
Matthieu consacre tout le chapitre 13 au discours en paraboles. Parmi ces paraboles, certaines se lisent aussi chez les autres Évangélistes, mais d’autres sont propres à Mt : ainsi celle de l’ivraie.
1) Comment comprendre la parabole de l’ivraie ? Que veulent faire les serviteurs ? Pourquoi le refus du maître ? Quel enseignement ?
2) Qu’est-ce qui vous frappe dans l’explication de la parabole ? Est-ce vraiment l’explication de la parabole ou seulement d’une partie de celle-ci ?
3) Expliquer les v. 31-34 : quelle leçon peut-on dégager de ces deux petites paraboles ?
Question 1
• Noter la construction de ce récit : les v. 24-26 donnent la situation de départ; les v. 27-30 sont un dialogue entre le maître et les serviteurs.
• Les serviteurs proposent de faire le tri immédiatement; le maître veut attendre le temps de la moisson; cf. les références marginales à Mt 3, 12 et la note TOB sur ce verset.
• Sur la signification pour Jésus du mélange actuel du blé et de l’ivraie : voir sa réponse à la question de Jean-Baptiste en Mt 11, 3 (et les notes BJ et TOB).
Question 2
• Elle est réservée aux disciples (v. 36); cf. déjà Mt 13, 10ss.
• L’explication se compose de deux parties : les v. 37-39 donnent un petit lexique des correspondances expliquant certains mots de la parabole (cf. aussi les références marginales); les v. 40-43 expliquent seulement la fin du v. 30 : le sort de l’ivraie.
• La leçon de la parabole devait porter sur le temps intermédiaire entre les semailles et la moisson (l’attente jusqu’à la moisson); l’explication, au contraire, est centrée sur le sort de l’ivraie (des impies). Aux v. 40-42, pour adoucir un peu le tableau, il y a l’évocation de la gloire des justes (v. 43).
• Ainsi l’explication de la parabole est un appel adressé aux chrétiens à demeurer dans la fidélité.
Question 3
• La parabole du grain de sénevé oppose la petitesse du grain semé à la grandeur de la plante après sa croissance.
• De même pour la parabole du levain : le peu de levain enfoui dans la pâte fait lever le tout.
• Ces deux paraboles sont adressées aux auditeurs frappés par la petitesse de la présence de Jésus, de son ministère : le résultat, dit Jésus, dépassera de beaucoup ce qui est aujourd’hui visible.
• A la parabole de l’ivraie, qui demande d’attendre, ces deux paraboles ajoutent une note de confiance : la certitude de l’efficacité malgré les débuts modestes du Royaume.
• Mais cette révélation ne peut être comprise que par les disciples, c’est-à-dire par ceux qui écoutent Jésus (v. 34-36); cf. aussi 13, 13 +.
Pour poursuivre la réflexion : La Sagesse au ch. 12 (première lecture de ce Dimanche) nous rappelle la modération de Dieu face à ses ennemis dans l’histoire d’Israël. C’est ce Dieu-là que Jésus vient révéler en plénitude.
Mt 16, 13 – 20 : Vingt-et-unième Dimanche Ordinaire
La question que Jésus pose aux Douze et la réponse que donne Pierre forment la conclusion de la première partie du ministère de Jésus. Désormais Jésus peut commencer à révéler aux siens quel Messie il doit être pour accomplir le dessein de Dieu.
1) Comment comprendre les deux questions posées par Jésus ? Quelle différence trouvez-vous entre les deux ?
2) Expliquer les trois paroles de la réponse de Jésus à Pierre (v. 17. 18. 19).
3) Comparer le texte de Mt avec le parallèle de Mc : quelles questions vous pose cette comparaison ? Quelles conclusions doit-on en tirer ?
Question 1
• Sur le titre “Fils de l’Homme”, voir en BJ la note sur Mt 8, 20 (cité en marge).
• La première question est une enquête d’information : d’où la réponse; pour les gens, Jésus appartient à la lignée des grands personnages religieux qui ont marqué l’histoire d’Israël. Noter les noms donnés : Jésus est un homme envoyé de Dieu; sur le titre de prophète, voir la note de BJ.
• La seconde question (v. 15) appelle une confession et Pierre, au nom des Douze (cf note BJ sur 14, 28 +, cité en marge), reconnaît en Jésus le Messie. Cf. infra question 3.
Question 2
• Le v. 17 est une” béatitude” pour Pierre. La réponse que Pierre a donnée vient d’une révélation du Père et non de l’homme seul (cf. 16, 17 et notes BJ et TOB; ces notes nous renvoient à Mt 11, 25-27.
• V.18, la réponse de Jésus est parallèle à celle de Pierre : tu es le Christ / tu es Pierre.
• Sur le mot “Pierre” voir les notes de BJ et TOB; dans la Bible, la pierre (le roc) est une métaphore pour désigner Dieu, cf. Ps 18, 3 +.
• sur le mot “Église” : voir note BJ; pour la compréhension oecuménique de ce verset, voir la note TOB sur le mot “Église”.
• Les portes de l’Hadès : voir notes BJ et TOB. Jésus est le Fils du Dieu Vivant, aussi les portes de l’Hadès (de la mort) ne peuvent rien contre son Église.
• Le v. 19 donne l’image des clés : cf. Is 22, 22 (voir la note BJ sur ce texte); sur l’expression, “lier / délier, voir les notes BJ et TOB.
Question 3
• Comparer avec Mc 8, 27-30 : même question posée par Jésus; la réponse de Pierre est “Tu es le Messie” et Jésus demande aux Douze de garder le secret sur ce point (cf. Mt 16, 20).
• La confession de Pierre ne porte que sur la messianité ; les trois paroles rapportées par Mt, ne se lisent pas en Mc : voir Mt 16, 16 +, qui nous renvoie à Mt 4, 3 + (lire la fin de cette note). Mais Mt a mis ici dans la bouche de Pierre la confession de foi chrétienne à laquelle les apôtres n’ont pu parvenir qu’après Pâques. Mais les Évangiles ne sont pas un reportage pris sur le vif !
Pour poursuivre la réflexion : par l’investiture d’Elyakim (première lecture de ce Dimanche), Dieu annonce bonheur et sécurité pour Sion. De même, Jésus confie à Pierre – et à ses successeurs – la charge et le pouvoir de veiller sur son Église.
Mt 18, 21 – 35 : Vingt-quatrième Dimanche Ordinaire
L’Evangile de ce Dimanche forme la conclusion du Discours ecclésiastique que l’on appelle “la Règle de vie communautaire” (Mt 18). Le texte de l’Evangile contient deux éléments : la question de Pierre à Jésus (v. 21-22) et la parabole du Débiteur impitoyable (v. 23-35), propre à Mt.
1) Comment comprendre cette question de Pierre ? Et la réponse de Jésus ? Y voyez-vous des allusions à un passage de la Bible ?
2) En Mt 18, 23-35, la parabole met en opposition deux scènes : relever les éléments qui vous paraissent importants.
3) Quelle est la faute du “débiteur impitoyable” ? Quelle obligation avait-il de remettre la dette de son compagnon ?
Question 1
• Il s’agit ici des péchés commis directement contre le “frère” et non d’une faute en général, comme en Mt 18, 15ss.
• Pierre propose généreusement de pardonner 7 fois : sept est un chiffre parfait de plénitude.
• La réponse de Jésus va encore plus loin : elle inverse le Chant de vengeance de Lamek (cf. Gn 4, 24, cité en marge) : de même que Lamek se vantait d’une vengeance illimitée, Jésus demande une volonté illimitée de pardon.
Question 2
• La première scène (v. 23-27) représente le roi et un serviteur lui devant une somme si énorme (cf. les notes de BJ et TOB), qu’il est à jamais insolvable. Selon l’historien juif Flavius Josèphe, les impôts de la Galilée et de la Pérée réunis ne représentaient pas le cinquantième de cette somme. Aussi la demande de ce serviteur (v. 26) est totalement irréaliste.
• Noter le renversement de situation : le maître donnait l’ordre de le vendre (v. 25), puis il lui remet tout (v. 27); la cause de ce renversement n’est pas l’espoir de retrouver son argent, mais la pitié (litt. il est pris aux entrailles : même verbe utilisé pour Jésus en Mt 14, 14 ; 15, 32).
• La deuxième scène (v. 28-30) décrit la rencontre des deux serviteurs. Noter le parallélisme du récit entre 18, 26 et 18, 29.
• Comparée à la première, la dette du serviteur (v. 28) est insignifiante et elle serait remboursable, mais le délai ne lui est pas accordé (v. 30).
Question 3
• Noter qu’en stricte justice, le “débiteur impitoyable” ne serait pas tenu de remettre à son créancier: mais Jésus vient précisément annoncer une autre justice (cf. Mt 5, 20).
• Le roi de la parabole ne juge pas ses serviteurs sur la stricte justice mais sur la miséricorde qu’ils ont les uns pour les autres.
• Voir encore Mt 18, 35 et Mt 6, 12 (en marge); cf. aussi Mt 5, 7.
Pour poursuivre la réflexion : dans le texte du Siracide (première lecture de ce Dimanche), l’auteur, un sage du 2ème siècle avant J.-C. exprime déjà que la conscience de sa propre faiblesse devrait amener l’homme à pardonner à son semblable.
Mt 22, 1 – 14 : Vingt-huitième Dimanche Ordinaire
Dans le ministère de Jésus à Jérusalem, juste avant sa Passion, Mt nous donne trois parabole de Jésus (21, 28ss; 21, 33ss; 22, 1ss) qui témoignent de l’amour et de la patience de Jésus envers ceux qui continuent à refuser son message. La troisième parabole est le texte de l’Evangile de ce Dimanche.
1) Lc 14, 16-24 est un récit parallèle du texte de cette parabole. Comparer le texte de Lc avec celui de Mt : quelles ressemblances et quelles différences ?
2) Quel est la signification de Mt 22, 1-10. Prêtez attention aux particularités du texte de Mt (mises en valeur par la comparaison avec le texte de Lc).
3) Que nous apportent en plus les v. 11-14 de Mt : pourquoi le vêtement de noces ? Est-ce bien juste de l’exiger de cet homme ?
Question 1
• Chez Mt comme chez Lc, il est question d’une invitation à un (grand) repas et du refus de tous ceux qui avaient été invités, alors que “tout est prêt”.
• Dans les deux, le maître tient absolument à remplir sa maison, d’où les différents envois des serviteurs pour inviter (3 fois).
• Comme différences, on remarquera que le récit de Lc n’est parallèle qu’aux 10 premiers versets de Mt; de même, on ne trouve pas de parallèle en Lc pour Mt 22, 6-7.
• Chez Lc, on remarque l’insistance sur les excuses, qui empêchent les invités de répondre à l’invitation.
Question 2
• D’abord le contexte de la parabole en Mt (cf. ci-dessus, introduction).
• Sur la signification du repas : voir Mt 8, 11 + (cité en marge).
• Noter en Mt l’insistance sur le refus des invités (v. 3) : ils ne voulaient pas venir ; v. 5 : le dédain et v. 6 : les mauvais traitements infligés aux serviteurs.
• Remarquer que l’on pourrait enlever les v. 6-6 de Mt sans nuire à la parabole : voir sur ce point la note TOB sur Mt 22, 7.
• Chez Mt, les deux premiers envois (v. 3-4) s’adressent à ceux qui avaient été invités ( = le peuple juif); la troisième invitation est faite à ceux qui sont “au départ des chemin” ( = les païens).
Question 3
• Sur le vêtement de noces, voir Ap 19, 8 (cité en marge).
• Mt 22, 11-13 forme une nouvelle parabole de Jésus. Elle a probablement été ajoutée ici par Mt pour rappeler aux chrétiens (les auditeurs actuels de la parabole) que l’invitation de Dieu est gratuite mais exigeante : voir note TOB sur le v. 11.
• Pour les images utilisées au v. 13 : voir Mt 8, 12 +.
• Le v. 14 de Mt est une (autre) parole de Jésus, qui devient ici un avertissement général : cf. BJ 22, 14 + ainsi que la note de TOB sur ce verset.
Pour poursuivre la réflexion : la première lecture de ce Dimanche (Is 25) présente le bonheur des temps messianiques sous l’image d’un grand festin, préparé par le Seigneur à Jérusalem. Noter les perspectives universalistes contenues déjà en Is 25 (tous les peuples, toutes les nations, tous les visages) ; cf. Is 25, 6 +.
Mt 25, 31 – 46 : Fête du Christ, Roi de l’univers
L’Evangile de cette fête est la conclusion du dernier grand discours de Jésus en Mt. La place, choisie par l’Evangéliste, est significative de l’importance qu’il lui reconnaît. (Cf. les Béatitudes, qui ouvraient le premier des 5 discours).
1) Expliquer les v. 31-33 : que nous apporte la référence à Ez 34, 17, donnée en marge par la BJ ?
2) Comment se fait le jugement en Mt 25, 34ss. ?
3) Quelles différences trouvez-vous entre les demandes de l’AT (auxquelles Jésus fait ici allusion) et le message de Mt 25 ?
Question 1
• Sur le mot “Fils de l’Homme “, voir en BJ la note sur Mt 8, 20 +.
• Les v. 31-33 forment une petite parabole du berger qui sépare les brebis des chèvres : c’est ainsi que le Fils de l’Homme séparera les hommes lors de sa venue dans la gloire.
• Sur l’image du berger, lire la note de BJ sur Ez 34, 1 + . C’est un titre royal : lire Ez 34, 17-22 et voir comment se fait le jugement.
• En Mt 25, le jugement concerne toutes les nations.
Question 2
• Voir la note BJ sur Mt 25, 36 + et lire les textes qui y sont indiqués, comme Is 58, 6-7 (cf. la note sur Is 58, 1 +); Jb 22, 6 (et la note qui nous renvoie à Jb 29, 11-17 et Jb 31, 16ss); Si 7, 35ss.
• Voir également la note TOB sur Mt 25, 36.
• Sur Mt 7, 22 (cité dans la note de BJ sur Mt 25, 36 +), noter que ce passage se trouve à la fin du premier discours de Jésus en Mt et qu’il insiste sur le faire / ne pas faire , comme dans notre texte.
Question 3
• Remarquer comment les oeuvres de miséricorde atteignent directement le Roi : j’ai eu faim… vous m’avez donné à manger…
• Voir Ac 9, 5 (cité en marge) également Mt 10, 40 et 18, 5.
• Noter que le Roi s’identifie aux plus petits : v. 40. 45 : ces plus petits qui sont mes frères . Chez Mt , le terme “petit” désigne toujours un chrétien, presque toujours un disciple (A Duprez).
• Mt 25 – comme les Évangiles, d’ailleurs – est écrit pour des chrétiens : d’où l’appel à savoir reconnaître le Seigneur et le servir dans les petits de la communauté, qui vivent la situation des Béatitudes; spécialement les disciples envoyés en mission : Mt 10, 17; 23, 34 (voir la note).
Pour poursuivre la réflexion : Ez 34 nous présente le Messie comme le vrai berger, qui prend soin de ses brebis, surtout des plus faibles. Dans l’Evangile, Jésus demande à chacun de le reconnaître dans ceux qui souffrent et de faire pour eux ce que nous voudrions faire pour lui.
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